Triste Bordel…

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Il est heureux que Xavier-Luc Duval ait pu convaincre ce système de santé qu’il était essentiel de renouer avec une part d’humanité. Notre service de santé est depuis longtemps en rupture de sa vocation de soins pour avoir laissé ses responsables s’assujettir aux différents titulaires du portefeuille de la Santé. Kailesh Jagutpal nous livre désormais le plus macabre des bilans de ce ministère : nous n’avons pas fini de compter les morts au sein de la communauté des dialysés de l’hôpital de Souillac. 

La maigre victoire du Leader de l’Opposition est importante: la faveur qu’on lui fait vaut à de nombreuses familles, avec les contraintes inévitables découlant de la pandémie, de pouvoir au moins faire leurs adieux à leurs proches décédés plutôt que de les sortir comme autrefois on enlevait les corps des chambres à gaz… Pour ces personnes éplorées, c’est une consolation, et pour notre société, un retour à notre part d’humanité. Une humanité renvoyée au rebut pour avoir permis à l’âne rude, dégoté par Bérenger à l’époque, d’enlever la moralité de nos tablettes au motif que celle-ci « pa rempli vant ».  

Mise en danger de la vie d’autrui

Il fallait bien que l’on atteigne ce seuil où l’on cesse de se voiler la face. Il fallait bien que l’on atteigne ce moment où les événements viennent démontrer que nous n’avions pas tort chez Indocile de nous en tenir à ce qui est véridique et de refuser d’ânonner avec d’autres ces mantras de « Covid-Free » ou « Covid-Safe ». Indocile n’a eu de cesse d’évoquer les nombreuses failles du système de santé. Nous en avions pour preuve les vulnérabilités auxquelles le personnel navigant d’Air Mauritius et leurs familles demeurent toujours exposés. Jusqu’ici, dans l’indifférence générale! 

Oui, nous avons dénoncé la mise en danger de la vie d’autrui, sans que l’on ne nous prête d’attention. Parce que dans ce pays s’est développé une culture des gens de presse de ne pas reprendre les nouvelles de leurs confrères pour pas qu’ils aient à les citer. Parce que dans ce pays, la conception de la démocratie est désormais limité aux cultes narcissiques des leaders politiques que nul critique ne devrait entamer.

Il faut dire ces vérités aux gens qui nous lisent. Même quand l’exercice consiste à crever les mythes comme autant de baudruches Tant mieux si cela heurte quelquefois, il faudra bien que les uns et les autres s’en remettent: la rupture d’avec les vues complaisantes, celles qui confortent les esprits faibles, vaut mieux que d’endurer la servitude que nous impose les médiocres que cette population se choisit contre toute raison. 

C’est qu’à Maurice, on est religieux et on se targue même d’être multi-religieux tant il est possible de morceler une population en catégories multiples pour célébrer les divinités toutes aussi multiples. On s’adonne aux cultes avec force ministres et notables, les uns aussi pieux que les autres pour solliciter la prospérité à laquelle certains accèdent plus rapidement par moult rapines. 

Oui, on est religieux à Maurice. Au point de s’attendre à ce que les divinités protègent les siens et laissent crever les autres! Jusqu’à ce qu’un minuscule virus mette la plus grosse frayeur à tous ceux qui croyaient sincèrement qu’ils avaient fait leurs réservations pour le paradis. Eh bien non! Il faudra, de son vivant, passer par la case Enfer. Puisque c’en est devenu un à force de toujours choisir les plus aptes à foutre le bordel.  

On a la foi à Maurice, celle de ses religions comme celle de ses superstitions où, à force rituels syncrétiques l’on met les divinités en compétition de réaliser des miracles. Ceux-ci ne pouvant se produire sans le sacrifice humain, le fruit du labeur des femmes et des hommes devient alors offrande à la gloire des politiques érigés en objets d’adoration. Même le fameux « miracle économique » était autant une escroquerie intellectuelle qu’une fiction politique, parce que la goujaterie qui tient lieu de culture à cette engeance peine à attribuer le mérite à ces femmes et ces hommes de conditions modestes qui se sont échinés pour racheter un pays dont les gouvernants avaient accumulé les dettes. 

Ainsi, dans ce pays, on vit d’espoir et de bondieuseries plutôt que de planifier et de s’appliquer à mettre en oeuvre tout ce qui demande à être corrigé. Oublié l’adage que c’est par beau temps que l’on répare son toit, alors que les cyclones avaient bien façonné ces ancêtres dont les uns et les autres se réclament et, par là-même s’en révèlent bien indignes. Tout le monde s’étant bien gargarisé du « Covid-free » que quand survint la deuxième vague les cigales s’en trouvèrent fort démunies… 

Le parti du soleil, brillant uniquement pour ses proches et partisans, aura réussi l’éclipse de la raison. Jugnauth, père et fils, sont bien parvenus à s’introduire au club des dirigeants capables d’obtenir une majorité disposée à récuser les rigueurs scientifiques pour les facilités de l’obscurantisme. Les Jugnauth, à ce chapitre, n’ont rien à envier aux Trump, Bolsonaro, Duerte et Modi. Ils ont média et courtisans pour chanter leurs louanges auprès d’une population passé par l’école que pour être formée aux labeurs.  

Au parlement, ils ont bien pu installer ceux qui distillaient de l’infotainment et les lieux communs. Après Bablee et Mayotte, il ne leur reste plus qu’à embarquer Mamie Clown. Entendez-vous la boboquerie sonner la charge pour nous asséner la réplique à un soi-disant mépris de classe? Sauf que votre serviteur incarne bien le fait que, même venant des milieux populaires, on peut préférer sa vache maigre que de se compromettre sur un angus douteux!

Les gouvernants, surtout quand ils sont dépourvus d’une réelle vision politique, sont davantage portés à écouter les intrigants qu’à se fier aux gens utiles. Le problème de Pravind Jugnauth c’est qu’il croit pouvoir régner tel un monarque. Par mandarins interposés. Des individus en total déphasage avec la population. Alors que celle-ci continue de montrer ses bonnes dispositions pour une citoyenneté solidaire, les membres du gouvernement et leurs couteux conseillers s’illustrent, pour leur part, par la gestion calamiteuse de leurs ministères; la plupart exerçant la solidarité dans la seule sphère de leurs partisans, les plus véreux s’en tirant à meilleur compte. Ainsi se retrouvent-ils embourbés dans le cloaque de cette mafia politico-financière qui a fini par gangréner les institutions du pays. Et ils réalisent que dehors il y en a de plus en plus qui leur lardent déjà le derrière. Ainsi, alors que, face aux défis qui se posent à la nation la population s’apprête à nouveau à se serrer les coudes, Pravind Jugnauth et ses ministres sont eux à se serrer les fesses! 

Il restera néanmoins à cette population de trouver tôt ou tard celui ou celle qui serait le plus apte à succéder à Pravind Jugnauth. Au point où ce pays est rendu, il lui faudrait trouver l’équivalent de Madame Claude… Au moins celle-là savait tenir un bordel ! 

Joël TOUSSAINT


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