Covid-19: l’ANC embourbé dans la corruption des contrats de matériel médical

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Le président Ramaphosa n’a plus de contrôle pour endiguer la corruption au sein de son parti.

Le contrôle ténu du président sud-africain Cyril Ramaphosa sur l’ANC, le parti au pouvoir, a été mis à jour récemment lorsque les dirigeants de ce parti ont rejeté sa proposition d’enquêter sur des contrats d’Etat de matériel de santé prétendument entachés de corruption. Au lieu de cela, ils ont accepté la suggestion du secrétaire général du parti, Ace Magashule, que la commission de l’intégrité de l’ANC s’occupe de la question. Or, les deux fils de Magashule ont eux aussi obtenu des contrats de matériel de santé alors que leur père fait l’objet d’une enquête depuis l’année dernière… pour corruption !

Cyril Ramaphosa, le président sud-africain et celui de l’ANC doit se battre contre des responsables de son parti pour engager la lutte contre la corruption dans son pays.

Ramaphosa a chargé neuf agences gouvernementales d’enquêter sur d’éventuelles irrégularités autour des contrats Covid-19. Il a aussi appelé un panel dirigé par l’ancien président Kgalema Motlanthe du Congrès national africain (ANC) à examiner les contrats obtenus par des responsables du parti. Mais l’appel a été rejeté lors d’une réunion du Comité exécutif national du parti.

Le Daily Maverick rapportait le 31 juillet dernier que deux des fils de Magashule ont également remporté des contrats d’une valeur de 2,7 millions de rands pour la fourniture de biens et de services liés au virus dans la province centrale de l’État libre d’Orange. Magashule, un ancien premier ministre de la région, a déclaré qu’il n’avait aucune influence sur les appels d’offres…

13 November 2020 Ace Magshule apprearing at the Magistrates court in Bloemfontein. Picture: Thapelo Morebudi/The Sunday Times

Les allégations selon lesquelles des fonctionnaires auraient abusé de leurs positions se sont poursuivies sous l’administration de Ramaphosa. Même des personnes proches du président sont concvernés par le scandale. Khusela Diko, porte-parole de Ramaphosa, et Bandile Masuku, chef politique du département de la santé dans la province centrale de Gauteng, ont tous deux été contraints de quitter leur poste après des révélations à l’effet qu’ils devaient bénéficier de contrats pour fournir à l’État du matériel pour protéger les travailleurs de la santé contre le Covid-19.

Alors que Ramaphosa s’est engagé à sévir contre la corruption endémique dans son pays, ses efforts ont été entravés par le manque de soutien de son parti ainsi qu’un manque de capacité au sein des forces de l’ordre. A titre d’exemple, aucun homme politique de haut niveau n’a été condamné pour le vol de plus de 500 milliards de Rands (29 milliards de dollars) au détriment de l’État sous le régime de Zuma, et l’ANC n’a expulsé aucun des membres impliqués.

Pour rappel, Ramaphosa, 67 ans, a remplacé Jacob Zuma à la tête de l’ANC en décembre 2017, après avoir remporté de justesse une élection contre Nkosazana Dlamini-Zuma, l’ex-femme de Zuma et aussi son successeur privilégié. Les membres d’une faction du parti qui étaient alliés à Zuma se sont alors alliés à Ace Magashule et ont remporté plusieurs autres postes de haut niveau au conseil exécutif de l’ANC. L’ANC, profondément divisé, s’est vu contraint de forcer Zuma à quitter son poste de président en février 2018. Le mandat de neuf ans du président corrompu était tellement entaché de scandales que cela a provoqué une hémorragie de ses soutiens populaires.

Alors que Magashule dirigeait l’Etat libre d’Orange, les Guptas, une famille d’affaires proche de l’ancien président Zuma, auraient pillé des fonds locaux, y compris de l’argent pour un projet laitier de l’État pour aider les agriculteurs pauvres.

Dans sa lettre hebdomadaire à la nation, le président sud-africain a déjà comparé ceux qui ont volé des colis alimentaires, des allocations de chômage et d’autres aides liées à Covid à des hyènes et a déclaré qu’ils seraient traités de manière décisive.

Le mandat de Ramaphosa à la tête de l’ANC s’étend jusqu’en 2022 et comme président jusqu’en 2024. Il pourrait éventuellement briguer à nouveau les deux postes. Ou jeter l’éponge face à cette corruption qui a complètement défiguré le parti de Mandela.


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