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L’Assemblée Solidaire du 13 juin issue des échanges du Kolektif Konversasyon Solider a obtenu l’aval des autorités policières pour tenir sa manifestation pacifique à Port-Louis samedi, le 11 juillet, à midi. Ce collectif invite ceux qui s’interrogent la crise sociale ou qui ont à faire face à la crise du chômage à se joindre à leur marche, estimant que « l’excuse Covid-19 a été utilisée, pendant le couvre-feu sanitaire, pour infliger des mesures barbares que sont la Covid-19 Act, la Quarantine Act et le Budget 2020 ».
Pour les organisateurs de cette marche pacifique, le gouvernement et quelques gros milliardaires qui financent tous les gouvernements avant les élections, ont pris le pays et le peuple « en otage ». Cette coalition du pouvoir politique et de l’oligarchie économique a favorisé des mesures qui produisait « la crise que la Covid-19 n’a fait qu’accélérer ».
Les mesures prises par le gouvernement ont eu des incidences directes sur les droits du Travail, impactant notamment les sauvegardes fondamentales et les salaires des employés. Le collectif relève, parmi les droits enlevés aux travailleurs, que cette législation Covid-19 Act :
- facilite le licenciement dans plusieurs secteurs, et permet aux patrons de payer des salaires plus bas ;
- permet aux patrons d’enlever 15 jours de congé payés aux travailleurs pour les 18 prochains mois ;
- ne protège plus les conditions d’emploi quand une compagnie change de main ;
- abolit la “Night Shift Allowance” ;
- attaque les droits aux négociations collectives des travailleurs des services essentiels.
Dans le secteur public, généralement perçu comme un secteur protégé et favorisé par le pouvoir politique, des contrats de travail sont attaqués à travers le renvoi du PRB, et les congés payés ne sont plus remboursés. Il est aussi question du prétexte de la Covid-19 pour démanteler le droit à la pension universelle de vieillesse à l’âge de 60 ans, rompant du même coup la promesse électorale d’une pension de vieillesse à Rs 13 500. Le National Pension Scheme ainsi aboli, le Fonds de pension CSG, qui n’a jamais été au programme gouvernemental, est alors mis en place de façon unilatérale.
Au-delà, les leaders de ce collectif font ressortir, en outre, une véritable crise sociale et politique qui se greffe en corollaire de la situation subie par les travailleurs. Pour eux, la Covid-19 Act a été votée pour installer une forme de dictature sous prétexte de l’éventualité d’une nouvelle pandémie de Coronavirus. Dans la foulée, les réserves de la Banque centrale ont été prises d’assaut « pour subventionner par milliards des patrons de grosses entreprises qui ne consentent à aucun sacrifice ». Et, pendant que s’opère cette dilapidation des fonds publics, la roupie fait l’objet d’une dépréciation, entraînant une augmentation des prix affectant davantage ceux pour qui la vie est déjà trop chère. Entre-temps, le pays est ébranlé par des scandales politico-financiers, exposant de gros corrupteurs sans que cela n’inquiète de grands corrompus.
Le Kolektif Konversasyon Solidèr a engagé de profondes discussions avec divers mouvements de la société civile sur de nombreuses problématiques sécuritaires, de santé publique et de modes de production économique en vue de nouvelles orientations sociales et politiques au sortir de la crise sanitaire. Beaucoup s’attendaient à ce que le gouvernement s’inscrive dans ces assises citoyennes nationales pour en discuter. « Malheureusement, le gouvernement, l’État et les gros capitalistes ont imposé leur diktat et ont empêché toute réflexion alternative d’émerger », constatent les responsables.
L’appel est donc lancé : « Apportez votre amour pour la vie et la liberté. Notre avenir est en péril ». Pour le collectif, cette marche pacifique est l’occasion de faire comprendre à cette coalition du monde politique et de l’oligarchie économique que les plus vulnérables en ont assez de cette situation abusive faite de scandales en escalade et de l’anéantissement de toutes les initiatives économiques et politiques alternatives.