Génocide Palestinien : Francesca Albanese, la femme à abattre !

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Massimiliano Calì, économiste spécialiste des pays fragiles, a conseillé le ministre des Finances de Ramalah avant d’être embauché à la Banque Mondiale en 2012 comme spécialiste des économies vulnérables. Francesca Albanese aurait dû déclarer cette mission de son époux, ce qui l’aurait disqualifié de sa nomination de rapporteure spéciales de Nations Unies pour les territoires occupées de la Palestine, selon Israël.

Alors que Francesca Albanese, la rapporteure spéciale des Nations unies pour les Territoires palestiniens, a soumis, mardi 26 mars – un rapport faisant état d’« actes de génocide » par Israël dans la bande de Gaza – la diplomatie française a émis de sérieux doutes sur la crédibilité de son auteure. Lors de la présentation de son rapport à la presse, la rapporteure spéciale de l’ONU a déclaré qu’il existe « des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant que des actes de génocide » commis « contre les Palestiniens à Gaza a été atteint ». Paris vient ainsi rejoindre Washington pour le soutien à Israël en adoptant la rhétorique de l’antisémitisme pour toute critique contre l’Etat sionniste.

Pour tenter de discréditer le rapport, la France et les Etats-Unis reprennent les allégations de conflit d’intérêts formulées par Israël qui fait valoir que l’époux de Francesca Albanese, l’économiste Massimiliano Calì, avait conseillé l’Etat palestinien une dizaine d’années plus tôt. En effet, avant son entrée à la Banque mondiale en 2012, Massimiliano Calì a occupé les postes de conseiller économique auprès du ministre palestinien de l’Économie nationale à Ramallah, de chercheur auprès de l’Overseas Development Institute (basé à Londres, Genève et Jérusalem) et d’économiste pour l’ambassade italienne de Bolivie à La Paz. Ces fonctions l’ont amené à formuler des recommandations stratégiques économiques à un certain nombre de ministres dans les pays en développement, à des organisations internationales et des ONG.

Massimiliano Calì est un économiste, spécialiste des questions liées au commerce. Il travaille au sein du département Commerce et Compétitivité de la Banque mondiale, se consacrant depuis quelques années au commerce des pays fragiles, à la relation entre économie et conflit, et à l’urbanisation. Pour Israël, Mme Albanese aurait omis de déclarer les affectations précédentes de son mari, ce qui aurait dû la disqualifier de son contrat de rapporteure péciale des Nations unies pour les Territoires palestiniens.

La rapporteur, mandatée par le Conseil des droits de l’Homme, mais qui ne s’exprime pas au nom de l’organisation, a présenté son rapport devant cette enceinte onusienne à Genève le 26 mars dernier. Intitulé « Anatomie d’un génocide », le rapport relève qu’« un ensemble de crimes de guerre sans précédent » est commis par Israël à Gaza. « La nature et l’ampleur écrasante de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu’il a causées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe », indique Francesca Albanese.

Dans ses conclusions, Mme Albanese liste ainsi trois actes de génocide : « meurtre de membres du groupe ; atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; et soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ». Il s’agit là de trois des cinq actes qui qualifient le crime de génocide qui figurent dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.

Dans ses recommandations, la rapporteure estime qu’un embargo sur les armes contre Israël est indispensable. Elle a également recommandé la mise en place d’une présence protectrice et internationale – c’est-à-dire des personnes qui ne sont ni Israéliennes ni Palestiniennes et qui sont en dehors de la dynamique du conflit – puisse s’interposer entre les Palestiniens d’une part et l’armée et les colons israéliens, d’autre part. « Je recommande, depuis longtemps maintenant, la mise en place d’une présence protectrice », a-t-elle ajouté. Car, l’une des conclusions majeures du rapport d’Albanese est qu’Israël a « intentionnellement déformé » le droit humanitaire international « dans une tentative de légitimer la violence génocidaire contre le peuple palestinien ».

Situation humanitaire à Gaza

Depuis octobre 2023, l’armée israélienne pilonne la bande de Gaza et, selon les derniers bilans communiqués par le ministère de la Santé de Gaza, a tué plus de 32 400 Palestinienset en a blessé plus de 74 800 autres, dont une majorité sont des femmes et des enfants. Cette offensive a provoqué d’énormes destructions des infrastructures, dont des hôpitaux et des écoles. Il en résulte une catastrophe humanitaire et sanitaire majeure puisque, selon les organisations onusiennes, la famine ravage désormais de nombreuses régions de l’enclave palestinienne.

Les bombardements israéliens indiscriminés ont également causé des destructions massives et des pénuries de produits de première nécessité. Ces attaques ont poussé 85 % de la population de l’enclave palestinienne à se déplacer à l’intérieur du pays, notamment vers la ville de Rafah, au sud du territoire, elle-même menacée d’une attaque de grande ampleur par le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.

Pour la première fois depuis sa fondation en 1948, l’État d’Israël est poursuivi pour crime de génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, pour son offensive meurtrière contre la Bande de Gaza. Un arrêt rendu en janvier par la CIJ a ordonné à Tel-Aviv de prévenir la réalisation d’actes susceptibles d’être considérés comme génocidaires et de prendre des mesures pour garantir l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils de Gaza.

Critique d’Israël et antisémitisme

La rapporteure spéciale de l’ONU est régulièrement accusée d’antisémitisme par les autorités israéliennes. D’ailleurs, celles-ci lui interdisent d’entrer sur le territoire depuis qu’en février déjà, elle avait déclaré, sur le réseau social X, que « les victimes du 7 octobre n’ont pas été tuées à cause de leur judaïsme, mais en réaction de l’oppression d’Israël ».

Plutôt que de réfuter le contenu du rapport, la diplomatie française s’est joint à la cohorte qui entend pousser l’ONU à se défaire de sa rapporteure. Le Quai d’Orsay a, en effet, déclaré mardi, en réponse à la question d’un journaliste, que le Président français, Emmanuel Macron, a récemment rappelé à Tel Aviv ses exigences en matière de droit international humanitaire. « Nous avons eu l’occasion par le passé de nous inquiéter de certaines de ses prises de positions publiques problématiques et de sa contestation du caractère antisémite des attaques terroristes du 7 octobre dernier », a ajouté le porte-parole de la diplomatie française, au sujet de Francesca Albanese.

La représentation israélienne auprès des Nations Unies à Genève a « totalement rejeté le rapport » et affirmé dans un communiqué qu’il fait partie « d’une campagne visant à saper l’établissement même de l’État juif ».

« La guerre d’Israël est contre le Hamas, pas contre les civils palestiniens », a-t-elle ajouté.

Les États-Unis ont également réagi au rapport de Francesca Albanese en affirmant n’avoir « aucune raison de croire qu’Israël ait commis des actes de génocide à Gaza ». « Nous réitérons notre opposition de longue date au mandat de cette rapporteuse spéciale, qui a un parti pris contre Israël », a déclaré un responsable américain à l’AFP, sous couvert de l’anonymat.

Propos « antisémites »

Le 12 février Israël avait annoncé avoir interdit l’entrée sur son territoire de Mme Albanese après des propos sur l’attaque du 7 octobre jugés « antisémites » par les autorités israéliennes.

Dans son rapport, Mme Albanese affirme que « les schémas de civils tués qui avaient évacués vers le sud [de Gaza], combinés aux déclarations de certains hauts responsables israéliens déclarant leur intention de déplacer de force les Palestiniens hors de Gaza et de les remplacer par des colons israéliens, conduisent raisonnablement à déduire que les ordres d’évacuation et les zones de sécurité ont été utilisés comme outils génocidaires pour parvenir à un nettoyage ethnique ».

Mme Albanese estime que « le génocide israélien contre les Palestiniens à Gaza est une étape supplémentaire dans un long processus d’effacement par les colons ». « Les actes génocidaires ont été approuvés et mis en œuvre à la suite de déclarations d’intention génocidaire émanant de hauts responsables militaires et gouvernementaux », affirme le rapport. Le rapport accuse également Israël d’avoir de facto traité « un groupe entier » et son infrastructure comme étant « terroriste » ou « soutenant le terrorisme », « transformant ainsi tout et tout le monde en cible ou en dommages collatéraux ».


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