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En Tunisie, le premier ministre Hichem Mechichi a limogé le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, en raison de la montée en flèche des cas dans le pays. Il a critiqué les performances du ministre, pointant du doigt le manque critique d’oxygène dans les hôpitaux tunisiens et la lenteur de la distribution des vaccins.
La Tunisie est confrontée à un nombre écrasant de cas de Covid-19 qui a fait plus de 17 000 morts sur une population d’environ 12 millions d’habitants. C’est le troisième taux de mortalité le plus élevé au monde.
Le limogeage de Mehdi est intervenu un jour après le début de l’ouverture temporaire des centres de vaccination aux personnes de plus de 18 ans. Cette séance de vaccination a été organisée le jour même de la fête musulmane de l’Aïd al-Adha, suscitant une plus grande affluence de la population. Mais, dans certains des 29 centres de vaccination, les stocks de vaccins se sont rapidement épuisés provoquant des bousculades.
M. Mechichi a qualifié le programme de « populiste » et de « criminel ». « Ni le chef du gouvernement, ni les gouverneurs, ni les services de sécurité n’étaient au courant » à l’avance, a-t-il déclaré.
Le gouvernement tunisien s’est enfoncé un peu plus dans la crise mercredi en raison de sa gestion de la pandémie de coronavirus. Moins de huit pour cent de la population est entièrement vaccinée. Les hôpitaux de ce pays d’Afrique du Nord sont confrontés à de graves pénuries d’oxygène, de personnel et de lits de soins intensifs. Le ministère de la santé avait lancé une alerte en mai sur une éventuelle pénurie d’oxygène. Les concentrateurs d’oxygène envoyés de France début juin ne sont pas encore totalement opérationnels en raison de retards bureaucratiques.
Les fusibles du cabinet
« Nous avons fait une évaluation de la direction à la tête du ministère il y a six mois. Aujourd’hui, il s’avère que cette décision était juste, preuve à l’appui. Nous avons patienté tenant compte de l’intérêt de l’Etat. Maintenant, ce n’est plus possible et ce sont les Tunisiens qui en font les frais. Il y a un dysfonctionnement extraordinaire à la tête du ministère. Je ne reconnais plus le département bien qu’il regorge de compétences scientifiques et managériales, mais les cafouillages enregistrés lors de la gestion quotidienne de la crise, ont fait que nous prenions cette décision », a déclaré Hichem Mechichi.
Cependant, ceux qui connaissent davantage la situation politique en Tunisie attirent notre attention sur le fait que Faouzi Mehdi avait été nommé par le président tunisien. Hichem Mechichi s’est vite rendu compte, après une série de bourdes, que ce médecin provenant de la direction de la santé militaire n’était pas le ministre qu’il lui fallait à la Santé.
Au-delà de la question des aptitudes du ministre limogé, notre source nous indique que Hichem Mechichi se sert de ses ministres comme autant de fusibles : il les fait sauter pour éviter d’être court-circuité politiquement. Depuis que Mehdi a été démis de ses fonctions, c’est le ministre des Affaires sociales Mohamed Trabelsi assure l’intérim à la tête du département de la Santé. Ainsi, le gouvernement Mechichi comprend désormais neuf ministres par intérim, qui sont: les ministres de l’Intérieur, de la Justice, de la Santé, des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, de l’Agriculture, de la Culture, des Sports, de l’Intégration professionnelle, et de l’Energie et des mines.
