Presse : Jeune Afrique perd son fondateur Béchir Ben Yahmed

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Béchir Ben Yahmed, le patriarche de la presse panafricaine

Béchir Ben Yahmed, le fondateur de Jeune Afrique, s’est éteint aujourd’hui (3 mai 2021) à Paris à l’âge de 93 ans, le jour même de la Journée Internationale consacrée à la Liberté de la Presse. A la tête du groupe Jeune Afrique depuis sa création en 1963, Béchir Ben Yahmed est légitimement considéré comme le patriarche de la presse panafricaine. Durant toutes ces décennies, de Paris, Béchir Ben Yahmed a livré son point de vue dans son éditorial « Ce que je crois », ouverture d’un journal devenu l’oracle des élites de l’Afrique francophone.

Ministre éphémère du premier gouvernement de Habib Bourguiba, en 1953, alors qu’il est à peine âgé de 28 ans, Béchir traverse la Méditerranée, quittant Tunis pour Rome en 1962 avant de rejoindre Paris. En 1956, il lance l’Action et finit par lancer Jeune Afrique quatre ans plus tard.

Initialement, l’objectif de Jeune Afrique, était d’accompagner les quelques mouvements d’émancipation des peuples car, à l’époque, de nombreuses nations accédaient à l’indépendance. Dans les années 70-80, le média s’oppose aux partis uniques, avant de prôner pour la décennie suivante l’indépendance économique. Le média fera ensuite, à partir du nouveau millénaire et pour deux décennies consécutives, la promotion de l’Afrique dans la mondialisation. Jeune Afrique aura ainsi pris une part active dans tous les combats qui ont rythmé l’histoire du continent.

Véritable école pour nombre de journalistes africains, Jeune Afrique a eu un correspondant Mauricien durant les années 80, en la personne de Joseph Raumiah, un journaliste émérite dont la discrétion s’expliquait autant par ses valeurs personnelles que par le caractère sensible de ses révélations, toutes confirmées par le témoin-vedette Raffick Peerbaccus et validées par l’ancien chef-juge Sir Maurice Rault qui présidait la première commission d’enquête sur la drogue.

Jeune Afrique est le média qui aura marqué des générations de lecteurs francophones d’Afrique. Son influence lui a même valu d’être qualifié de « 55e État d’Afrique ». C’est aussi le journal où sont passés certaines plumes exceptionnelles : Frantz Fanon, Kateb Yacine et, plus récemment, les prix Goncourt Amin Maalouf et Leïla Slimani. La plupart des grands dirigeants politiques qui ont connu des difficultés durant leur temps dans l’opposition sont passés par la rédaction de Jeune Afrique à Paris pour obtenir la présence médiatique qu’ils n’auraient pu autrement obtenir au plan international.

À la fin de la décennie 2000, Béchir Ben Yahmed avait passé les rênes du groupe à ses fils, Amir et Marwane, ainsi qu’au directeur de la rédaction, François Soudan. Son épouse Danielle, qui a joué un rôle essentiel à son côté tout au long de l’histoire du journal, avait notamment lancé la maison d’édition du groupe.


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