Election de Trump: la stratégie de la poupée russe.

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Le Kremlin aurait souhaité que Poutine ait un ascendant sur son interlocuteur américain. Objectif atteint, avec en bonus les perturbations sociales envisagées: les Américains n’ont pas fini de se dépatouiller avec le crétin qu’ils avaient installé à la Maison Blanche.

Vladimir Poutine aurait personnellement ordonné une opération d’espionnage pour aider un Donald Trump « mentalement instable » à remporter les élections de 2016, selon des documents divulgués par The Guardian ce jeudi 15 juillet. Les documents seraient ceux du Kremlin, ce qui en fait un scoop journalistique d’une exceptionnelle rareté. Mais en même temps une fuite provenant de cette source suscite bien des interrogations quant aux intérêts de ceux qui l’ont organisé.

Ce qui est désormais avéré, c’est que l’homme fort russe avait effectivement tenu une réunion en janvier 2016 avec les chefs des divers services de renseignement et ses principaux ministres. Une réunion au cours de laquelle fut convenu l’idée de soutenir Trump aux élections de novembre 2016. Les objectifs de Moscou consistaient, selon ces documents, à semer une « perturbation sociale » aux États-Unis.

Selon The Guardian qui a publié deux extraits des documents de cette réunion, il en est sorti un décret portant la signature de Poutine ordonnant aux trois agences d’espionnage russes de trouver des moyens pratiques de soutenir le candidat républicain de l’époque. Le décret, figurant au rapport « No 32-04 vd », est classé « secret ». Il considère que Trump est le « candidat le plus prometteur ». Le mot russe utilisé est « perspektivny ».

Un des documents publiés par The Guardian

Selon ces documents provenant du Kremlin, le département d’experts de Poutine aurait, en effet, préparé un rapport recommandant qu’il utilise « toute la force possible » pour assurer la victoire de Trump aux élections de novembre de cette année-là. L’homme d’affaires américain était alors décrit par les services russes comme un « individu impulsif, mentalement instable et déséquilibré, qui souffre d’un complexe d’infériorité ».

Pulp Fiction

Les documents ayant trait à cette réunion du 22 janvier auraient été montrés à des agences d’espionnage occidentales qui, les ayant soigneusement examinés, les considèrent authentiques. Des experts indépendants affirment que le ton employé dans les documents est conforme au style du Kremlin. Le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, a toutefois rejeté les informations, affirmant qu’il s’agissait d’une « grande pulp fiction ».

La tenue de la réunion avec les membres du Conseil de sécurité ne fait l’objet d’aucun démenti. Un press release aurait même été émis avec des sujets différents à l’ordre du jour. Une photo officielle de l’occasion montre Poutine en tête de la table, assis sous un drapeau de la Fédération de Russie et un aigle royal à deux têtes. Le Premier ministre russe de l’époque, Dmitri Medvedev, était présent, en même temps que le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Sergei Shoigu, le ministre de la Défense en charge du GRU, l’agence de renseignement militaire russe, était également présent. De même Mikhail Fradkov, alors chef du service de renseignement extérieur russe SVR; et Alexander Bortnikov, le patron de l’agence d’espionnage FSB. Nikolai Patrushev, l’ancien directeur du FSB, était également présent en tant que secrétaire du Conseil de sécurité.

L’auteur du rapport semble être Vladimir Symonenko, le haut fonctionnaire en charge du département d’experts du Kremlin – qui fournit à Poutine du matériel analytique et des rapports, dont certains basés sur des renseignements étrangers. Les documents indiquent que le 14 janvier 2016, Symonenko a fait circuler un brief de trois pages des conclusions et recommandations de son équipe.

La photo officielle de la réunion du 22 janvier 2016 du Conseil de sécurité russe.

À l’époque, alors qu’il était un favori pour l’investiture républicaine, Trump était toujours considéré comme un outsider majeur pour la Maison Blanche par rapport à sa rivale Hillary Clinton. On se souviendra que la candidate des Démocrates fut victime d’un hacking parce qu’elle avait utilisé son mail personnel pour une partie de ses correspondances officielles. La fuite des mails de Clinton avait-elle été organisée dans le cadre de cette opération russe ? Il est trop tôt pour l’affirmer à coup sûr, même si les documents tendent vers ce type de spéculations.

Manipulation des masses, manipulation massive

Mais, ce qui est certain, c’est que nous sommes là dans une grande affaire de manipulation de l’opinion publique. Les documents font également allusion à des informations compromettantes – kompromat – que le Kremlin détiendrait sur Trump lors d’une de ses précédentes visites à Moscou. Les documents font référence à « certains événements » lors des voyages de la star de télé-réalité à Moscou.

A bien voir, il s’agit d’un processus entamé depuis 2016 et qui, tel celui des poupées russes, continue de se développer pour en révéler à chaque fois une nouvelle.  


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