AstraZeneca présente des données périmées à l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses

Vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager. Merci d'en faire profiter à d'autres.

Temps de lecture : 4 minutes
Après les accrocs en Europe, AstraZeneca en remet une dose aux Etats-Unis

AstraZeneca Plc a déclaré qu’elle publiera les résultats mis à jour de l’essai final de son vaccin Covid dans les 48 heures, en réponse aux critiques d’une agence scientifique américaine qui avait déclaré que son analyse de l’efficacité du vaccin comprenait des informations périmées ( « outdated »). AstraZeneca avait déclaré lundi que le vaccin s’était révélé efficace à 79 % pour prévenir la covid-19 dans un essai clinique américain sur plus de 30 000 volontaires. A Maurice, comme l’a révélé Indocile il y a deux jours, un premier contingent de 50 000 personnes s’est fait inoculer avec ce vaccin sans que le gouvernement ne les informe du fait que les doses provenaient d’un lot réceptionné au stade de tests incomplets.

AstraZeneca s’est engagé à partager « immédiatement » son analyse sur l’efficacité de son vaccin avec les dernières données avec le panel indépendant chargé de surveiller l’essai. Les résultats publiés lundi étaient basés sur une analyse provisoire des données jusqu’au 17 février, a reconu AstraZeneca dans un communiqué. Cette divulgation marque encore un accroc pour AstraZeneca. Le projet vaccinal, développé avec l’Université d’Oxford et considéré comme un précurseur pour aider à freiner la pandémie, a été assailli par de nombreuses complications.

Dr. Anthony Fauci, ici recadrant Donald Trump en direct à la Maison Blanche

Dans une brève déclaration hier soir, l’Institut national (USA) des allergies et des maladies infectieuses a déclaré que le conseil de surveillance chargé d’assurer l’innocuité et l’exactitude de l’essai vaccinal s’était dit préoccupé par le fait que les résultats comprenaient des informations périmées.

Après que le vaccin ait été autorisé au Royaume-Uni et dans de nombreux autres pays, AstraZeneca se prépare à demander l’approbation de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis. Ce feu vert peut maintenant être retardé. L’institut, dirigé par Anthony Fauci[1], a exhorté AstraZeneca à travailler avec le conseil de surveillance des données et de l’innocuité pour « s’assurer que les données d’efficacité les plus précises et les plus récentes soient rendues publiques le plus rapidement possible ».

Embarras des scientifiques

L’énervement ne se cache plus chez de nombreux scientifiques et même chez ceux qui travaillent avec AstraZeneca. « C’est la dernière chose dont ce vaccin avait besoin. C’est d’autant plus préoccupant quand nous pensions que nous étions parvenus à ce point où nous en avions fini avec toutes les autres préoccupations », a laissé échapper Paul Griffin, professeur agrégé de médecine à l’Université du Queensland à Brisbane, qui mène des études cliniques en Australie sur quatre vaccins candidats Covid-19.

« Il s’agissait d’informations périmées, et il est un peu difficile d’imaginer comment des informations périmées puissent être incluses alors que ces vaccins sont tous assez nouveaux », a déclaré Griffin, médecin et microbiologiste en maladies infectieuses. « J’avais eu l’impression qu’ils faisaient allusion à quelque chose de très important ».

Le Data and Safety Monitoring Board, un groupe d’experts indépendants, a également fait part de ses préoccupations au sujet des résultats des essais aux États-Unis du fabricant d’AstraZeneca et à la Biomedical Advanced Research and Development Authority, une agence américaine qui a partiellement financé le développement de ce programme vaccinal.

Vocation détournée

Le taux d’efficacité dans l’essai américain a été plus élevé que le chiffre de 70 % rapporté par AstraZeneca dans une étude antérieure. Mais ces données étaient une moyenne de lectures différentes – 62% et 90% – à partir de deux séries d’essais. En raison d’une erreur de fabrication, un groupe de participants avait reçu une première dose plus faible, ce qui a produit la lecture plus élevée, comparativement à ceux qui recevaient deux doses standard. D’autres analyses laissaient entendre que c’était l’écart de dosage plus important que la norme qui avait créé la différence.

David Sauvage, de Rezistans ek Alternativ, déplore le détournement du programme vaccinal de l’université d’Oxford de sa vocation essentiellement thérapeutique en projet financier

A Maurice, c’est David Sauvage, de Rezistans ek Alternativ, qui se désole que l’enjeu thérapeutique véritable de la vaccination ait été réduit qu’à une question d’argent. Il note qu’en avril 2020, alors que la pandémie faisait rage, l’Oxford University annonçait son intention de donner les droits de leur vaccin à tous les fabricants de vaccin, afin de contribuer de manière responsable à la pandémie. « Une position qui avait le potentiel de révolutionner le monde médical. Mais quelques semaines plus tard, Oxford University faisait marche arrière pour signer l’exclusivité avec un géant de biotechnologie AstraZeneca, suite à une rencontre avec la Bill et Melinda Gates Foundation », déplore-t-il.

L’action d’AstraZeneca s’échangeait en baisse de 1,1% aujourd’hui (mardi 23 mars) à Londres. Ce laboratoire demeure au centre d’une confrontation avec l’Union européenne, quelques jours seulement après que les inquiétudes concernant les caillots sanguins ont incité une douzaine de pays de l’UE à suspendre leurs vaccinations.

Le gouvernement mauricien poursuit sa campagne de vaccination avec le Covaxin de Bharat Biotech cette fois. Un vaccin qui n’a toujours pas obtenu l’agrément de l’OMS…


[1] Le Dr. Anthony Fauci est celui-là même qui s’était opposé à Donald Trump quant à la gestion de la pandémie Covid-19 aux Etats-Unis. Avec l’administration Biden, il se retrove à la tête de l’Institut national (USA) des allergies et des maladies infectieuses.


Vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager. Merci d'en faire profiter à d'autres.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.