Tourisme : un capitalisme rapace ?

Vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager. Merci d'en faire profiter à d'autres.

Temps de lecture : 3 minutes
Tourisme pour qui? Tourisme pourquoi?

Les prix affichés par les hôtels 5 étoiles pour la quarantaine payante (14 jours) imposée aux Mauriciens qui retournent au pays, ou les touristes qui y séjournent, sont une illustration du type de capitalisme qui sévit dans l’industrie touristique.

Les prix varient de Rs 133 000 (suite tropique) à Rs 282 000 (suite de luxe) pour les mauriciens et de Rs 160,000 (suite tropique) à Rs 295 500 (suite de luxe) pour les touristes. Faisons un petit calcul de la conversion en devises étrangères (dollar américain et dollar canadien). La somme de Rs 295 500 pour 14 jours équivaut à US$ 7 388 ( au taux de change de Rs 40) et CAN$ 9 850 (au taux de change de Rs 30). Sur une base journalière, la quarantaine coûte Rs 21 107, soit US$ 528 et CAN$ 704. Ces tarifs excluent le billet d’avion.

COUT DE LA QUARANTAINE EN HOTEL 5*

Rs US$ CAN$

14 jours 295,500 7,388 9,850

1 jour 21,107 528 704

Taux de change Rs 40 Rs 30

L’argument offert par les hôteliers pour justifier ces tarifs élevés est que la quarantaine n’est pas synonyme de vacances. Un séjour en quarantaine inclurait apparemment les tests PCR pour les touristes. Pourquoi un touriste qui compte passer une ou deux semaines à Maurice payerait-il autant d’argent pour rester confiné dans une chambre tout au long de son séjour ? Si le touriste atterrit sur le sol mauricien avec un certificat attestant de sa bonne santé (absence d’infection), pourquoi devrait-il s’astreindre à la mise en quarantaine ?

Qu’on s’en rende compte : des vacances de 7 jours tout inclus (billet d’avion et hôtel) en Jamaïque coûtent en ce moment une moyenne de CAN$ 2 000 par personne pour un résident de Toronto.

Il va de soi que ces tarifs élevés n’attireront pas les touristes en grand nombre chez nous, jusqu’à preuve du contraire. Ils ont des choix alternatifs. Les touristes européens peuvent aller dans les pays des Caraïbes, qui offrent les mêmes loisirs (la mer, la plage, le soleil) à moindre frais. Qu’on s’en rende compte : des vacances de 7 jours tout inclus (billet d’avion et hôtel) en Jamaïque coûtent en ce moment une moyenne de CAN$ 2 000 par personne pour un résident de Toronto. Un séjour de 14 jours coûterait CAN$ 4 000 au maximum, ce qui représente 40% du tarif de CAN$ 9 850 dans un hôtel 5 étoiles à Maurice.

Les membres de la diaspora mauricienne en Amérique du Nord se demandent si cela vaut la peine de payer, pour une quarantaine à Maurice, un excédent de 146% sur le prix normal d’un séjour de 14 jours dans l’île. Et c’est sans compter le prix du billet d’avion à destination de Maurice (CAN$ 2 000 au minimum). On a beau dire que la quarantaine ne constitue pas des vacances, mais le touriste lui voyage pour passer des vacances. Pourquoi viendrait-il si le droit aux vacances lui est refusé ?

La question évidente est celle-ci : les hôtels 5 étoiles pratiquent-ils des tarifs exorbitants avec une marge de profit exagérée ? Le capitalisme du tourisme est-il rapace au point de vouloir tondre ses clients ? Les hôteliers se trompent s’ils croient que tous les touristes sont des millionnaires en dollars ou euros. Beaucoup de touristes sont de la classe moyenne et ils cherchent des offres abordables pour pouvoir passer des vacances dans d’autres pays. Une fois tondus, ils ne reviennent pas. Chat échaudé craint l’eau froide, dit-on.


Vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager. Merci d'en faire profiter à d'autres.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.