L’Ignorance des DROITS de la Femme !

Vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager. Merci d'en faire profiter à d'autres.

Temps de lecture : 4 minutes

C’est hallucinant ! Hier, 8 mars, c’était la Journée Internationale des Droits de la Femme. Oui, cette journée est consacrée aux DROITS des femmes et ce sont bien ces droits que des entreprises mauriciennes de renom ont trouvé moyen de passer à la trappe !

Depuis trois jours, Facebook assène une flopée de pubs dans lesquelles on voit défiler des femmes vantant les entreprises qui les emploient. Ici, une femme qui est contente de l’autonomie financière dont elle dispose grâce à son emploi. Là-bas une DRH qui nous sort sa thèse sur la diversité. Et tout le discours cul-cul-les-pralines des femmes savantes et celui de la femme destinée à la corvée nous passent, en réalité, le message subliminal de l’entreprise bienveillante.

• Mais ne s’agit-il pas essentiellement des boîtes profitables ?

– Médisance mon cher !

• Et, toutes ces études sur la sociologie, l’économie et le droit du travail ?

– Médisance, vous dis-je !

Voilà ! Regardez les vidéos, et vous verrez des « collaboratrices » qui oeuvrent au sein de « sociétés de bienfaisance » !

C’est très bien trouvé la formule : une petite femme, celle provenant de la masse corvéable que procure l’école publique, qui va témoigner de tous les bienfaits que lui procure son entreprise. Alors, le pitch est approuvé et le chèque vient pour démarrer la prod. L’agence de création s’active : éclairage, prises de son et prises de vue. Ça fait candide, mais ça fait un tantinet crédible, mais très « authentique ». L’équipe technique peut lécher les images, harmoniser le son. Le conseil de direction trouve que « C’est plein de fraîcheur ! ». On célèbre chez l’agence de création : « Well done ! ».

Oui, et c’est bien cette petite femme qui s’échine, et si elle n’avait pas été employée ici, elle l’aurait fait pour une autre entreprise parce qu’elle a besoin de nourrir sa famille. Elle ne vient pas bosser comme si elle allait à une garderie pour adultes en manque d’occupation. Et la formation ? Laquelle ? Il y a bien des entreprises qui engagent des ONG pour faire de l’alphabétisation fonctionnelle dans les villages où elles sont situées. Le comble, c’est que celles-là restent dans l’esprit de la responsabilité sociale des entreprises et s’abstiennent de la vulgarité de l’ostentation.

Et c’est ainsi, par le biais des équipes marketing et celui des publicitaires, que la Journée Internationale des DROITS de la Femme a été vidée de sa substance !

La formation en entreprise ne se conçoit pas comme ce que Mme Aruna Pulton d’En Avant Moris propose aux femmes dans le cadre d’un programme d’autonomisation. Ce n’est électoralement pas profitable, l’admet le Leader de son parti, mais c’est un travail de fond qui portera ses fruits dans dix ou quinze ans. Pour Patrick Belcourt, la politique doit pouvoir s’envisager sur le long terme et pas seulement avec les échéances électorales. A la bonne heure. Pour une fois que le milieu politique nous sort des sentiers battus de la partisanerie, nous n’allons pas bouder notre plaisir.

Bref, voilà notre employée qui se retrouve en formation ; pas pour avoir un diplôme qui lui servirait de faire-valoir pour la mobilité vers une autre boîte. Pas du tout. D’ailleurs, dans les vidéos, elles sont toutes à se réjouir de leurs longues années de service. Il n’y a pas lieu de faire les grandes écoles pour trouver la similitude avec la culture qui produit la fidélité au mari tyrannique !

Mais, bien sûr que cette formation profite à l’entreprise. Pourquoi injecter du pognon dans le « capital humain » si ce n’est pour des dividendes ? Et l’entreprise emploie des communiquants qui invitent une presse dépendante de son budget publicitaire. Ainsi est publié le narratif sur « l’épanouissement des bénéficiaires » de ladite formation. Et comme ça tout le monde est content. D’ailleurs, quelle est la dernière fois que vous avez vu un journal publier un entretien sur la place de la femme dans la violence systémique propre au monde du travail ? Il faudrait d’abord qu’un/e chercheur/se entreprenne ce type d’étude. Avec quel financement ? Et on comprend comment un serpent se mord la queue et que tout le discours sur le bien-être de la femme en entreprise relève de la propagande. Ou, pour être plus précis, de la désinformation.

Non, nos lecteurs devraient se garder d’engager aussitôt le procès du patronat mauricien. Car, il faut convenir que dans ce pays, les gens sont réfractaires aux droits. Au point tel que l’on s’aperçoit que tout le monde est à la recherche de faveurs. Mais ne seraient-ce pas justement ces faveurs érigées en système qui favorisent le fait que certaines femmes soient contraintes de coucher pour une promotion, qu’elle ait ou non la compétence pour la fonction convoitée ? N’est-ce pas à cette violence que beaucoup sont confrontés dans le monde du travail ?

Eh bien, non ! Ce n’était pas la fête des mères hier. Ce n’était pas la fête des femmes. Car, quand il est question de droits, ce n’est généralement pas la fête !

Mais, la vraie violence durable est celle commise par des femmes mieux scolarisées à l’encontre de celles qui se retrouvent en déficit scolaire. Ces vidéos que nous venons de voir relèvent de processus de production dans laquelle participent des femmes enchantées de leur statut au sein d’une bourgeoisie intermédiaire. Et c’est ainsi, par le biais des équipes marketing et celui des publicitaires, que la Journée Internationale des DROITS de la Femme a été vidée de sa substance !

Eh bien, non ! Ce n’était pas la fête des mères hier. Ce n’était pas la fête des femmes. Car, quand il est question de droits, ce n’est généralement pas la fête ! Il faut être complètement bouché, n’avoir jamais été éveillé aux réalités du monde, pour se montrer si peu apte à tenir compte de telles évidences.

Non, ce n’était certainement pas une journée pour utiliser les femmes-employées de l’entreprise pour en faire sa promotion. Voir ce défilé de femmes incapables de réaliser qu’elles se prêtaient à une exploitation éhontée de leur image était d’une tristesse infinie. Mais, à force de s’asseoir sur la notion d’éthique, elle trouve son sens dans le rectum plutôt que dans le cervelet qui contribue aux fonctions cognitives et à la socialisation. Loin de promouvoir l’image de ces entreprises, celles-ci ont démontré des conceptions plutôt appauvries du sens de l’éthique, voire même l’incapacité d’un tant soit peu la concevoir. Les entreprises qui se sont adonnées à ce petit jeu pervers se sont, en réalité, engagées dans une démarche tout à fait dégradante.

Faire le choix d’ignorer des droits est souvent l’attitude de ceux résolus à les bafouer de toute manière. Ceux-là se condamnent à voir leurs travers exposés. Car, ce qui relève des droits se traite au plan juridique et non par des artifices cosmétiques. Ainsi il importe de dire que l’expression de l’ignorance de ces entités commerciales était indigeste du fait d’un mauvais goût manifeste !

Joël TOUSSAINT


Vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager. Merci d'en faire profiter à d'autres.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.