Hippisme – Jérôme Tuckmansing, le nouveau CEO de MTCSL : « Comment opérer à perte ? »

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Elaboration d’une campagne sectaire au moment même où le MTC rompt avec les règles non-écrites des préjugés ethniques.

Jérôme Tuckmansing, le CEO par interim de MTCSL

Fraîchement nommé CEO par interim de MTC Sports and Leisure Ltd. (MTCSL), la compagnie de gestion du Mauritius Turf Club (MTC), Jérôme Tuckmansing apprécie les félicitations qui lui sont adressées et appréhende en même temps les obstacles qui rendent sa mission plus difficile. Alors que tous les intéressés des courses hippiques souhaitent la reprise des épreuves au Champ de Mars sans tenir compte des tenants et aboutissants, le tout nouveau patron du MTCSL considère les deux trous financiers dans la coque du navire qu’il est appelé à barrer.

« Je ne vois pas pourquoi il faudrait solliciter des compétences à l’étranger quand on en dispose à Maurice » : Jean-Michel Giraud, de retour à la présidence du MTC, explique en peu de mots la décision du conseil d’administration de nommer Jérôme Tuckmansing pour assurer l’intérim à la tête de MTCSL, la compagnie de gestion du club. La philosophie de l’ancien patron de UBP en matière de valorisation de la personne humaine est connue de la place car, cette dimension humaine et sociale qu’il prône dans l’administration des entreprises lui vaut de passer pour un « patron socialiste ». A 71 ans, il n’en a cure. Il s’enorgueillit de n’être même pas rétribué par le MTC et, dit-il, à part ses obligations envers les membres du club, il ne doit rien à personne.

Pour Giraud et son conseil d’administration, Jérôme Tuckmansing, le directeur financier depuis décembre 2015, est l’homme de la situation. Après deux années financières qui s’achèvent en mode négatif, les responsables du MTC réalisent que les pertes auraient été plus conséquentes si Tuckmansing n’avait pas écopé l’esquif fragilisé par les agitations de la GRA et démâté au dernier budget par le cyclone Padayachy…

Pertes et manque-à-gagner

Le Sud-africain Mike Rishworth, embauché par le précédent président, Kamal Thapooseea, avait exprimé son souhait de se retirer en juin. Le conseil d’administration a obtenu qu’il parte plus tôt ; c’est en mai qu’il mettra les voiles. Un mois qui équivaut à une économie d’environ Rs. 400 000, auquel s’ajoute l’économie réalisé sur le salaire d’un mauricien plutôt que celui d’un expatrié : chaque sou compte désormais pour les responsables du club qui se réjouissent que leur directeur financier consente à la mission de gérer la compagnie publique MTCSL.

Le MTC a enregistré des pertes de Rs. 6 millions pour l’exercice budgétaire de 2019. Les comptes de 2020 étaient déficitaires de Rs. 15 millions. Les pertes constituent le premier trou, bien visible puisqu’au-dessus de la surface. Mais l’autre trou l’est moins puisque sous la ligne de flottaison. Il s’agit du manque à gagner depuis que le budget 2019 du ministre des Finances a écarté huit bookmakers qui opéraient hors du périmètre du Champ de Mars. Leur apport, en termes de redevances annuelles, s’élevait à Rs. 40 millions. Le MTC ne peut plus compter sur cette source de revenus désormais. De ces opérateurs, le club n’a pu recueillir que Rs. 13 millions en 2019 avant que le couperet ne tombe.

Désormais, Jérôme Tuckmansing va devoir s’engager dans les pourparlers avec les représentants de l’Etat. Sa nomination à la tête de MTCSL a aussi valeur de symbole. En 208 ans d’histoire, le MTC rompt avec les préjugés de couleur, ces règles non-écrits qui ont la vie plus dure que s’ils avaient été explicitement énoncés. Ici, il ne s’agit plus de la présidence du club où la représentativité est élective au sein d’une assemblée désormais bariolée. Là, il est question de l’élévation d’un employé n’appartenant ni à la coterie de la blanchitude locale, ni à celle de la bourgeoisie se réclamant de la coolitude.

Les préjugés ont la vie dure et les détracteurs du MTC n’avaient pas prévu que le nouveau CEO de MTCSL serait issu de la minorité des “Key Positions in MTC”

Jérôme Tuckmansing ne veut pas être réduit à ces clichés du sectarisme local. « J’espère que ce sont mes compétences et mon expérience qui ont guidé le choix du conseil d’administration », dit-il. Et d’ajouter qu’il pense que « le conseil d’administration a su apprécier ma contribution durant les cinq années où j’ai été aux finances. Je pense que c’est ce qui a été déterminant dans la prise de décision ».

C’est important, en effet, pour le nouveau titulaire de ne pas devoir sa nomination pour d’autres raisons que ses mérites. Ce qu’il ne pouvait savoir, en revanche, et avec lui ceux qui ont fait le choix de déroger à ces pratiques coutumières, c’est que des détracteurs du MTC étaient à l’œuvre pour une campagne basée sur une forme d’interprétation sectaire des représentations sociologiques au sein du MTC. Indocile a fini par obtenir quelques camemberts figurant dans cette campagne indigeste.   


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