Frappes aériennes en Irak : les Etats-Unis s’embourbent dans leurs contradictions

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Contrairement à ce qu’avait affirmé la Maison Blanche, les Etats-Unis n’ont pas informé le gouvernement irakien avant de mener des frappes aériennes dans ce pays le 2 février dernier. Bagdad a dénoncé une « agression américaine » qui a tué des dizaines de civils et proteste contre l’utilisation de son territoire pour des démonstrations de force entre pays rivaux.

Lors d’un point de presse vendredi (2 février 2024), le porte-parole de la sécurité nationale de la Maison Blanche, l’amiral à la retraite John Kirby, avait déclaré « Nous avons informé le gouvernement irakien avant les frappes ». Et pourtant, le lundi suivant, un porte-parole du Conseil national de sécurité reconnaissait que : « Pour des raisons de sécurité opérationnelle, nous n’avons fourni aucune sorte de notification préalable officielle contenant des détails spécifiques sur ces frappes ».

Lors de la conférence de presse du Département d’État de lundi, le porte-parole Vedant Patel a également reconnu que les Irakiens n’avaient pas reçu d’avertissement. Le Département d’État avait entretemps renvoyé les questions de The Intercept à la Maison Blanche. Ainsi, lundi, en réponse aux questions de The Intercept, la Maison Blanche a reconnu que les Irakiens n’avaient pas été prévenus à l’avance des frappes.

Entretemps, samedi, le ministère irakien des Affaires étrangères avait remis une note officielle de protestation au chargé d’affaires de l’ambassade américaine à Bagdad, dénonçant une « agression américaine ». Le gouvernement irakien a affirmé que les frappes avaient tué plus d’une dizaine de civils et a nié que les États-Unis avaient fourni un avertissement quelconque.

« L’Irak a également souligné son refus d’être un terrain de règlement de comptes entre pays rivaux, car notre pays n’est pas un lieu où l’on envoie des messages et où l’on fait des démonstrations de force entre adversaires », indique un compte rendu de la réunion. Les autorités irakiennes estiment que la présence sur leur sol d’une coalition internationale antijihadistes menée par Washington était « devenue une menace pour la sécurité » du pays.

À Damas, l’armée syrienne, qui a fait état d’un nombre indéterminé de « morts civils et militaires » dans les frappes, a jugé que « l’occupation de certaines parties du territoire syrien par les forces américaines ne peut plus durer ».

Les frappes aériennes américaines sont intervenues en réponse aux attaques de groupes militants locaux en Irak et en Syrie. Les groupes soutenus par l’Iran ont intensifié leurs attaques contre des cibles américaines dans la région depuis le début de la guerre israélienne contre la bande de Gaza.

Les États-Unis maintiennent une force d’environ 2 500 soldats en Irak, un allié nominal1 des États-Unis ayant des liens étroits avec l’Iran voisin. Cette présence américaine, à l’invitation de l’Irak selon Washington, fait partie d’un effort visant à tenir à distance les restes de l’État islamique. L’armée US dispose aussi d’un contingent de 900 militaires en territoire syrien.

Le mois dernier, une coalition de milices soutenues par l’Iran a assumé la responsabilité d’une attaque de drone contre une base américaine en Jordanie qui a entraîné la mort de trois militaires américains, une frappe qui, selon elles, était motivée par le soutien américain à Israël, comme l’a rapporté The Intercept.

Les représailles américaines de la semaine dernière se sont concentrées sur 85 cibles, ce qui constitue la plus grande attaque contre des milices soutenues par l’Iran depuis le début de la guerre israélienne contre Gaza.

Malgré les tensions croissantes dans la région, l’administration Biden a eu du mal à affirmer que ses frappes ne faisaient pas partie de la guerre israélienne contre Gaza.

« Je ne suis absolument pas d’accord avec votre description d’un « même conflit plus vaste » », a déclaré Kirby en réponse à une question sur les combats régionaux. Bien qu’il n’ait pas été interrogé sur la guerre menée par Israël, Kirby a ajouté : « Il y a un conflit en cours entre Israël et le Hamas ».


1  Une alliance qui n’existe que par le nom car, dans les faits, il s’agit d’une alliance imposée par Washington et que subit Bagdad.


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