Gaza : L’hôpital Al-Shifa « zone de mort », selon l’OMS

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Des frappes dans le sud de Gaza où les Palestiniens ont reçu l’ordre de se déplacer

Dernière Heure (23/11/2023 -12:00) : Muhammad Abu Salmiya, le directeur de l’hôpital al-Shifa, a été arrêté par l’armée israélienne avec plusieurs autres cadres de ce complexe hospitalier, a déclaré jeudi Khalid Abu Samra, chef de service à l’hôpital, à l’agence de presse AFP.

Le personnel médical égyptien s’apprêtant à recueillir les 31 bébés prématurés évacués de l’hôpital Al-Shifa

Des centaines de personnes qui avaient trouvé refuge dans l’hôpital Al-Shifa, le plus grand de Gaza, ont quitté les lieux samedi après en avoir reçu l’ordre de l’armée israélienne, selon le directeur de l’établissement et un journaliste de l’AFP sur place. L’armée a nié avoir ordonné l’évacuation, assurant seulement avoir répondu à une requête du directeur de l’hôpital Al-Shifa. L’hôpital Al-Shifa, est devenu une « zone de mort », avait dénoncé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a demandé son évacuation, au moment où l’armée israélienne étend ses opérations dans le territoire assiégé. L’armée israélienne étend ses frappes sur des camps de réfugiés au nord comme au sud de Gaza.

L’OMS considère l’hôpital Al-Shifa comme « zone de mort » car, suite à une mission d’une durée d’une heure samedi, la situation était considérée « désespérée » en raison du manque d’eau, d’électricité, de médicaments, de nourriture et de matériel médical.

Selon des témoignages de personnes qui ont pris la fuite, les haut-parleurs ont résonné à huit heures du matin et un soldat israélien a ordonné l’évacuation de l’hôpital dans une heure, sous peine d’être pris dans les bombardements. C’est ainsi que l’on a pu voir des images d’une cohorte de Palestiniens, dont des personnes blessées ou handicapées, avancant lentement sur la route Salaheddine qui traverse le territoire du nord au sud.

L’OMS a révélé que l’immense complexe hospitalier hébergeait encore samedi 25 soignants et 291 patients, dont 32 bébés dans un état critique, 22 patients sous dialyse et deux aux soins intensifs. De nombreux blessés souffrent d’infections graves en raison du manque d’antibiotiques et des mauvaises conditions d’hygiène, a rapporté l’organisation. Celle-ci a annoncé qu’elle élaborait, en urgence avec ses partenaires, des plans pour l’évacuation immédiate des patients restants, du personnel et de leurs familles vers d’autres hôpitaux de Gaza.

Selon l’armée israélienne, qui a lancé mercredi matin1 un raid sur l’hôpital, ce dernier abrite un repaire du Hamas installé notamment dans un réseau de tunnels. Le Hamas continue de démentir cette version. Mais l’inattendu est venu de la BBC, qui a aussi émis des doutes à ce sujet en montrant des manipulations grossières dans des vidéos transmises par la propagande israélienne.

Propagande de guerre: la BBC émet des réserves sur la véracité des documents vidéo de l’armée israélienne.

L’organisation Médecins sans frontières (MSF) a fait savoir qu’un membre de la famille d’un de ses employés avait été tué et un autre blessé lors de l’attaque d’un convoi qui évacuait 137 personnes d’Al-Shifa. MSF n’a pas précisé l’origine des tirs.

Jabaliya : des frappes sur le camp des réfugiés

Le mouvement palestinien du Hamas, élu au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, a affirmé samedi que des frappes israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabaliya2, avaient fait plus de 80 morts, dont au moins 50 dans une école qui héberge des déplacés.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux et authentifiées par l’AFP montrent des corps, certains couverts de sang, à l’école al-Fakhoura, visée par une frappe selon le ministère de la Santé du Hamas; des matelas avaient été installés sous des tables de l’école située dans le camp de Jabaliya.

Interrogée à propos de cette frappe, l’armée israélienne a indiqué à l’AFP avoir reçu des rapports sur un incident dans la région de Jabaliya, ajoutant qu’il était en cours d’examen. Elle a finalement indiqué avoir mené samedi des opérations dans les zones de Jabaliya et de Zaytoun, dans le nord du territoire.

Une seconde frappe, qui a touché une maison de Jabaliya, a tué 32 membres d’une même famille, dont 19 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas. « Nous recevons des images effroyables de nombreux morts et blessés encore une fois dans une école de l’UNRWA [agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens] qui abritait des milliers de déplacés », a déclaré à l’AFP Philippe Lazzarini, directeur de cette agence de l’ONU.

L’armée pilonne sans relâche divers secteurs de Gaza depuis l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre dernier. Selon les autorités israéliennes, 1200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées, au cours de cette attaque. En représailles, Israël a juré d’anéantir le mouvement islamiste, qui a été élu au pouvoir à Gaza en 2007.

Samedi soir, le gouvernement du Hamas a annoncé que 12 300 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, dont plus de 5 000 enfants. Les bombardements de l’armée israélienne ont rasé de nombreux immeubles du petit territoire palestinien et Israël a ainsi lancé une opération terrestre le 27 octobre.

Des frappes dans le sud de Gaza

L’armée israélienne continue d’étendre ses opérations dans de nouveaux quartiers de la bande de Gaza, alors que la guerre rentre dans son 47e jour ce mercredi. Plus des deux tiers des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre, selon l’ONU. La plupart ont fui vers le sud en emportant le minimum et tentent de survivre dans le froid qui s’installe.

Destructions à Khan Younès, dans le sud de la bande Gaza. Israël a coupé les livraisons de nourriture, d’eau, de médicaments et d’énergie.

Des frappes ont également lieu dans le sud de la bande de Gaza. Dans la nuit de vendredi à samedi, un bombardement a ainsi fait 26 morts dans la ville de Khan Younès, d’après le directeur de l’hôpital Nasser. Depuis le 9 octobre, ce territoire est aussi soumis à un siège complet par Israël, qui a coupé les livraisons de nourriture, d’eau, d’électricité et de médicaments.

Selon l’UNRWA, 70 % de la population n’a pas accès à l’eau potable dans le sud du territoire, où les égouts ont commencé à se déverser dans les rues, les stations d’épuration ayant cessé de fonctionner, faute de carburant.


1  Mercredi 15 novembre 2023

2  Le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord du territoire, est géré par l’ONU.


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