De l’indignation hypocrite à la responsabilité

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Si, aujourd’hui, le brigandage politique et économique vit chez nous ses jours de gloire et que la haute pègre n’a même plus besoin de la tutelle de l’obscurité pour infiltrer les plus hautes sphères de décision, arrêtons de chercher qui a fauté et faisons plutôt notre mea-culpa.

La naïveté a ses limites. Reconnaissons une fois pour toutes que nous sommes des pleutres, des dupes et des irresponsables. L’ignorance ne peut plus, et ne doit plus, nous servir de prétexte. Nous pactisons en notre âme et conscience avec le diable. Nous tolérons depuis des années des sangsues qui dilapident aussi bien notre patrimoine que celui de nos enfants.

Le grand déballage de corruption, vol, meurtre, copinage, chantages et tutti quanti de ces dernières semaines donne froid dans le dos. Toute cette félonie tourne autour d’un axe central : les marchés publics, lieu des délices de politiciens et fonctionnaires pourris. Dans certains pays, des dirigeants corrompus sont jugés et éloignés du regard de leurs béni-oui-oui pour affronter celui des mâtons. En Corée du Sud, pas moins de quatre ex-présidents croupissent actuellement en prison. À Maurice, nos dirigeants sont, malgré de sérieux soupçons de malversations, craints et vénérés jusqu’à la mort. Et même après.

Nos institutions sont, à vue d’œil, assujetties. Notre justice, pouvant être si expéditive envers un voleur de letchis, semble se décarcasser pour s’assouplir l’échine devant les puissants du jour.  Quant à nos fameuses commissions d’enquête, elles ne sont que de la poudre de perlimpinpin. Une ribambelle de palabre destinée aux oubliettes. 

Dans notre parlement, la flibuste a supplanté l’auguste. Il est devenu un repaire de maquereaux politiques et de gugusses enivrés de pouvoir et d’argent. Le tenancier de cette Babel, sous ses faux airs de Shrek, n’est que le féal serviteur d’une majorité unie par les intérêts. Rien que le mépris que reçoit les rapports du directeur de l’audit en dit long sur le respect qu’ont nos décideurs de l’argent des contribuables.

À Maurice, nos dirigeants sont, malgré de sérieux soupçons de malversations, craints et vénérés jusqu’à la mort. Et même après.

Sauf quelques rares exceptions, nos intellectuels ne nous sont pas plus salutaires.  Au sein des rédactions, au sommet des entreprises, au barreau, dans le domaine de l’éducation, au sommet de la fonction publique, ils ont bazardé leur conscience par peur de représailles ou pour une quelconque rétribution. Ils s’assimilent vilement aux pilleurs et aux voyous, que ce soit par leur silence ou leur comportement.

D’autres peuples ont envahi la rue pour conjurer leur mauvais destin, mais ici, nous sommes toujours béats devant nos oppresseurs. Nous avons honteusement remis la clef de notre avenir entre leurs sales mains et nous avons le toupet de nous plaindre.


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