Agaléga : Un crime contre l’humanité, au-delà de toute partisanerie !

Vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager. Merci d'en faire profiter à d'autres.

Temps de lecture : 4 minutes

Les inconséquences des politiciens sans scrupules élus par un peuple ignorant…

Même si Sushma Swaraj ne peut plus d’outre-tombe témoigner de la probité de ses interlocuteurs, cela fait plus de dix ans que le projet indien sur Agaléga est en gestation.

Seuls les ignorants peuvent aborder la question des installations indiennes à Agaléga comme s’il pouvait s’agir effectivement d’une question bipartisane. Elle ne l’est pas. Elle ne l’a jamais été et ne pourra pas l’être. Et, puisqu’il en est ainsi, force est de constater que le personnel politique pousse l’abjection jusqu’à l’exploitation éhontée de cette ignorance populaire. Car, à bien voir, les installations indiennes à Agaléga ne sont pas qu’un énième furoncle qui prive Pravind Jugnauth d’une assise confortable dans le fauteuil de Premier ministre. En réalité, l’invasion indienne du territoire des Agaléens procure l’inconfort des hémorroïdes aux divers gouvernements qui l’ont précédé.

L’enjeu partisan est désamorcé d’emblée si l’on tient compte déjà de l’histoire récente. Souvenons-nous : en octobre 2010, Arvind Boolell réagissait à la publication d’un article du journal indien Financial Express au sujet d’une « négociation entre New Delhi et Port-Louis sur la cession d’Agaléga à la Grande péninsule ». L’Express reprenait l’article du journaliste Rajat Guha qui expliquait qu’il pourrait s’agir d’une « cession permanente ».

Les discussions auraient porté sur le développement d’Agaléga comme destination touristique. Mais au-delà, « Les deux îles pourraient également servir de base stratégique pour l’Inde déjà très présente dans l’océan Indien. En effet, elle contrôle les îles Andaman et Nicobar de même que les îles de Pamban et de Lakshadweep ».

« “We are not aware.” C’est la déclaration laconique du ministre des Affaires étrangères, Arvin Boolell, à Radio One ce jeudi après-midi » : publiait L’Express. (Cela peut surprendre les lecteurs de la presse mauricienne : il y a dix ans, ce journal respectait encore le code de déontologie qui veut que l’on attribue la source d’une nouvelle publiée ou diffusée en primeur par un confrère… ) Quoi qu’il en soit, L’Express ne manquait pas de faire ressortir un élément important de l’article de Rahul Guha : les discussions « entamées cinq ans plus tôt[1] » avaient cessé « par manque de soutien politique » à Maurice.

Mais les choses n’allaient pas en rester là : deux ans plus tard, le journal Economic Times titrait : « Mauritius offers India 2 islands in effort to preserve tax treaty ». Citant le ministre mauricien des Affaires Etrangères : « “There is no problem on the issue,” minister Boolell said when asked if the islands could be handed over to India as part of an economic package ».

Le journal révélait encore : « Pressed further, Boolell said, « We want investment to flow into Mauritius. India can use Mauritius as a springboard for investment (to Africa) and locally. Now we want India to respond positively and take advantage – and it is true for other friendly countries – of the tremendous potential of the Blue Economy, which is the ocean economy. » ».

« How far will a country go to secure a favourable deal for itself? Pretty far, it seems »: déjà en 2012, le Economic Times ironisait sur l’indignité de l’Etat mauricien au sujet de l’offre d’Agaléga.

Effectivement, le contexte de l’époque faisait poindre la menace d’un tarissement des investissements indiens compte tenu de la nécessité d’appliquer le General Anti-Avoidance Rules (GAAR) pour le secteur financier. L’obligation d’être plus précis sur l’origine des fonds placés dans l’offshore mauricien. On réalise aussitôt que cela fait bien une bonne dizaine d’années que la juridiction mauricienne traîne les pieds pour se conformer aux règles de la transparence des fonds qui y transitent.

Arvin Boolell va nier cette information. Mieux encore, il va la contester officiellement au point où les journaux indiens feront part d’un communiqué du ministère indien des Affaires étrangères indiquant que le ministre mauricien ne s’est jamais aventuré à tenir de tels propos !

Pour les Mauriciens, la version d’Arvin Boolell aura été aussi crédible que la version que Pravind Jugnauth sert aujourd’hui au parlement mauricien. Le Premier ministre du jour s’évertue à faire croire qu’il n’y a, entre Maurice et l’Inde, aucun « agreement for a military base » à Agaléga. Mais après un peu plus d’un demi-siècle de coucheries entre leaders des principales formations qui ont monopolisé le parlement, faut-il s’étonner que l’Assemblée législative se retrouve animée aujourd’hui par une députation dégénérée qui fonctionne avec la mémoire amputée caractéristique des dirigeants des Etats génocidaires ?

Foin de ces gesticulations des parlementaires qui font comme les manipulateurs qui escamotent des dès sous des verres opaques. C’est essentiellement du tort fait aux peuples qui se retrouvent dans la nouvelle tutelle coloniale de l’Etat mauricien dont il devrait être question. Il importe, plus que jamais d’exposer ce marché des dupes où les parlementaires, tous bords confondus, jouent à escamoter la responsabilité de l’Etat envers les peuples originaires des îles devenues dépendantes depuis 1967 tandis qu’ils focalisent l’attention sur une souveraineté territoriale dont l’Etat métropolitain entend jouir à sa guise.

Ce dont les Mauriciens aiment à être dupes, c’est justement cette responsabilité qu’ils partagent avec leurs dirigeants dans ce qui est essentiellement un crime contre l’humanité. Car, il n’y a pas que le sort demeuré incertain des Chagossiens exilés. Les Mauriciens sont parvenus à s’accommoder de la conscience coupable qui leur permet de revendiquer une souveraineté territoriale sans se soucier du fait que les Agaléens et les Rodriguais se retrouvent, chez eux, en territoire occupé. Mais, est-ce que tous les Mauriciens seraient, comme leurs représentants, dépourvus d’honneur au point de consentir à être complices de l’éradication de ces peuples ? Car, c’est bien ce processus qui est engagé et cela depuis plusieurs décennies. Et, dans ce journal, nous entendons dévoiler ce processus criminel qui engage les principales formations qui animent l’Assemblée législative, non seulement depuis 1967, mais déjà depuis 1959.


Dans notre prochain article, nous révèlerons les conditions honteuses convenues entre les dirigeants mauriciens et l’administration coloniale britannique pour l’indépendance de l’île Maurice. Ce sont les conditions qui valent aux Agaléens, aux Chagossiens et aux Rodriguais d’être soumis à l’Etat métropolitain de l’île Maurice.


[1] Des discussions entamées alors que Paul Bérenger était Premier ministre ou après l’accession de Navin Ramgoolam au poste de Premier ministre après les législatives de juillet 2005 ? Le journal indien Economic Times se réfère pour sa part au Times of India (TOI) qui, en novembre 2006, a publié en primeur un article faisant état des discussions sur le sujet entre les deux pays.


Vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager. Merci d'en faire profiter à d'autres.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.