Chine – Un ancien ministre de la Justice condamné à mort pour corruption

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L’ancien ministre de la Justice, Fu Zheng Hua, condamné à mort, verra éventuellement sa peine commuée en prison à vie

Fu Zheng Hua, ancien ministre chinois de la Justice, a été condamné à mort pour corruption portant sur 16 millions de dollars par un tribunal en Chine. Cette peine de mort, selon la décision du tribunal, peut éventuellement être commuée en prison à vie après un sursis de deux ans.

Accusé d’avoir « abusé » de ses fonctions entre 2005 et 2021, Fu Zheng Hua, 67 ans, a été reconnu coupable par le tribunal populaire intermédiaire de Changchun1. Il aurait notamment accepté des pots-de-vin totalisant plus de 117 millions de yuans (environ 16,76 millions de dollars) et d’avoir « enfreint la loi pour des gains personnels ».

Selon la décision du tribunal, citée par le radiodiffuseur public chinois CGTN : « Après le sursis de deux ans pour sa peine de mort, la peine de Fu peut être commuée en prison à vie conformément à la loi, mais aucune autre réduction ou libération conditionnelle ne lui sera accordée ». Selon cette source chinoise, le tribunal a révoqué les droits politiques de Fu à vie et a confisqué tous ses biens personnels.

L’ex-ministre de la Justice, de mars 2018 à avril 2020, avait été auparavant expulsé du Parti communiste chinois et de la fonction publique. Cependant, considérant que Fu avait avoué ses crimes et fait preuve de repentance et qu’il avait coopéré en rendant ses gains illégaux, une peine plus clémente a été requise et accordée conformément à la loi. Toutefois, aucune autre réduction ou libération conditionnelle ne lui sera accordée, a fait ressortir le tribunal.

Fu Zeng Hua, “la main lourde” de l’anti-corruption, victime d’une purge des rivaux politiques de Xi Jinping?

C’est une enquête de la Commission centrale de contrôle de la discipline – un organisme anti-corruption – qui a mené à l’arrestation et à la condamnation de Fu Zheng Hua. Il devient ainsi la dernière victime de la lutte anti-corruption en Chine qui, selon la formule de la campagne anti-corruption en Chine, n’épargne « ni les tigres, ni les mouches », c’est-à-dire, ni les grands pontes du parti, ni le moindre petit fonctionnaire.

Pour le tribunal populaire intermédiaire de Changchun, il est établi que l’ancien chef adjoint du Comité des affaires sociales et juridiques du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, avait accepté des pots-de-vin. Le tribunal a également conclu que, lorsqu’il travaillait à la tête du Bureau municipal de la sécurité publique de Beijing de 2014 à 2015, Fu avait protégé son jeune frère, Fu Wei Hua, soupçonné de méfaits graves nécessitant des enquêtes et des poursuites. Selon le verdict, « Cette dissimulation a permis à Fu Wei Hua d’éviter les poursuites pendant longtemps ».

Longtemps choyé par les médias d’État, Fu Zheng Hua revendiquait, en tant que chef adjoint de la sécurité publique et ministre de la Justice, avoir « la main lourde » pour appliquer la loi. C’est lui d’ailleurs qui avait fait tomber Zhou Yongkang, le « tsar de la sécurité chinoise », arrêté en 2015 et condamné depuis à la prison à vie. Aujourd’hui, c’est lui-même qui est accusé de faire partie d’un « gang politique » déloyal vis-à-vis du parti.

Fu Zheng Hua, considéré jusque là comme une étoile montante au sein du parti communiste chinois, est le quatrième ex-chef adjoint de la Sécurité défait par la toute puissante Commission centrale de contrôle et de discipline.

Xi Jinping l’avait bien annoncé en 2020 : la police, les procureurs et les juges doivent être « absolument loyaux, absolument purs et absolument fiables ». Mais, à l’approche du 20e Congrès du Parti où l’on estime que Xi sera reconduit pour un troisième mandat, la commission centrale de contrôle et de discipline est perçue comme un organisme qui procède à la grande purge des rivaux de Xi Jinping.


1  Dans la province du Jilin, au nord-est de la Chine


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