Casino : Triolet raffle la mise de Lee Shim

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Les élus du village de Triolet face aux forces vives de la localité qui veulent savoir à qui la GRA a accordé le permis sans consultation aucune.

Une folle semaine s’achève à Triolet où tout le monde se réjouit du dénouement du projet d’un deuxième casino dans la localité : le Premier ministre a donné la garantie au conseil de district qu’il n’en sera pas question. Certes, la mobilisation des habitants de Triolet a porté ses fruits, mais les menaces de troubles à l’ordre public ne sont pas pour autant dissipées. La population de cette localité s’inquiète de la proximité du point de distribution de méthadone aux toxicomanes avec la Medi-Clinic. Il importe de protéger les personnes à risque, plus particulièrement les femmes et les personnes âgées qui doivent se rendre régulièrement au centre de santé.

C’est par hasard que des conseillers vont découvrir l’existence de ce projet de casino. Prakash Manaroo, conseiller qui était arrivé en tête de liste dès sa première participation aux villageoises de 2012, a conservé l’habitude de sillonner le village dans tous ses recoins. C’est ainsi qu’il parvient à ce bâtiment où des ouvriers s’affairent et il apprend que les travaux doivent être complétés pour l’ouverture d’un casino dans une semaine.

De son côté, en feuilletant le journal, le conseiller Nitin Ramessur découvre des offres d’emplois à Triolet. Il se renseigne sur ce personnel de casino, puisqu’il y en a un à Triolet qui opère depuis une quinzaine d’années déjà. C’est là qu’il réalise qu’il est question d’un deuxième casino. Ils ne sont pas les seuls à être intrigués par l’affaire car, très vite la nouvelle se répand sur les réseaux sociaux et on commence à leur poser des questions dans la localité.

Poker menteur

Réguliers aux travaux du conseil, les deux conseillers sont certains qu’un tel dossier n’a jamais été soumis à examen. Ils interrogent Iqbal Aubeeluck, le président du conseil, qui n’est pas mieux renseigné. Celui-ci assure que cette question n’a jamais été abordé au conseil de district et que cette instance, de toute manière, n’approuve que les permis de construire. Les langues peu à peu se délient : le projet a obtenu l’aval de la Gambling Regulatory Authority (GRA). De son côté, le président du conseil de district se fend d’un post sur Facebook pour préciser qu’aucun dossier relatif à cette affaire n’a été déposé.

Aubeeluck entreprend alors des démarches pour obtenir une intervention du Premier ministre. De son côté Manaroo va au-devant des questions et renverse la vapeur sur les réseaux sociaux. Il demande qui sont ceux qui sont favorables au projet d’un deuxième casino à Triolet. Faisant ainsi preuve d’adresse, il commence à obtenir le soutien des habitants qui s’élèvent contre ce projet.

Personne ne mentionnera le nom de Jean-Michel Lee Shim comme promoteur de ce projet de casino lors d’une réunion réunissant les habitants et les conseillers de village vebndredi dernier. C’est désormais un secret de polichinelle. Et les habitants ont aussi le sens de la courtoisie puisqu’ils tiennent compte de la présence de l’avocat Al Assad Peeroo, sollicité par Aubeeluck. L’ancien rouge passé à l’orange aura droit à la parole, pour dire qu’il n’a pas eu à recourir aux juges pour obtenir une injonction. En même pas deux minutes, il avait noyé son poisson. Tout un art !

Reprendre la main

Mais les habitants présents au conseil de village, dont de nombreux responsables d’associations, savent vivre en bonne intelligence. « Isi nou pa get kominoté, politik tou sa là. Nou get nou landrwa. Nou ki viv isi, nou tou kontan nou vilaz. Nou pa pou lès ninport ki vinn amenn tout sort kalité malpropté kot nou zis parski li éna proteksyon gouvernma », nous dit l’un d’eux.

S’ils se réjouissent du dénouement de l’affaire, ils n’en ont pas fini pour autant. On pourrait même dire que c’est maintenant que tout commence : ils invitent le président à réclamer une clarification écrite de la GRA pour que l’instance régulatrice révèle pourquoi et comment le promoteur a pu bénéficier de son permis d’opérer sans qu’il n’y ait de consultations avec les habitants et leurs élus locaux. Ils estiment qu’ils sont aussi en droit de savoir à qui la GRA avait octroyé le permis d’opération de ce deuxième casino.

Les établissements de jeux ne constituent pas une nouveauté à Triolet. Outre des centres de paris, il y a aussi un casino qui opère à l’étage du supermarché Winner’s depuis une quinzaine d’années. « Pa dir nou pa koné ki problem éna ar sa. Sa enn-là mem tro boukou », commente un ancien conseiller pour qui le jeu est une addiction aussi néfaste que la toxicomanie. Au cours de cette réunion, Vinay Jaunky, un commerçant de la localité, évoque huit cas de suicides en trois mois, tous des jeunes fait-il ressortir. Plus que de l’inquiétude, la situation est traumatisante pour les habitants de la localité.

La réunion permet de libérer la parole. Il est question cette fois des risques que le point de distribution de méthadone pose pour les personnes vulnérables. « Nou konsyan bann toksikomann sé bann dimoun malade ek ki zot bizin swin. Mé fodé enn landrwa apropriyé », et la proximité avec le Medi-Clinic est loin de convenir. De nombreuses personnes s’y rendent et les jeudis, par exemple, est le jour des prises de sang pour les personnes diabétiques. Les femmes et les personnes âgées sont parfois importunées par des toxicomanes qui sollicitent de l’argent.

A Triolet, la parole se libère. Peeroo a posé son jeton de présence ; Lee Shim, comme un faux jeton, a préféré battre en retraite. En catimini. Les jeux sont faits : rien ne va plus.


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