En Avant Moris rétablit Maurice Curé dans son honneur

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Une plaque commémorative posée là où le tribun avait tenu son dernier meeting en août 1967

Anne Robert et Patrick Belcourt d’En Avant Moris avec M. Subash Babooram (au centre) lors du dévoilement de la plaque commémorative sur les lieux où le Dr Maurice Curé tint son dernier discours lors de la campagne pour les législatives d’août 1967

S’exprimant au nom de la « nation reconnaissante », les dirigeants d’En Avant Moris ont rendu hommage à l’engagement politique du Dr Maurice Curé en posant une plaque commémorative sur la façade de la boutique Babooram, le lieu où le fondateur du Parti Travailliste tenait son dernier meeting. Tout en faisant ressortir que la population mauricienne avait obtenu le suffrage universel grâce aux réclamations du Dr Curé, Patrick Belcourt a rappelé les lourds tributs endurés jusqu’à l’outrage quand il fut tout simplement écarté de la célébration de l’indépendance le 12 mars 1968.

En Avant Moris (EAM) a choisi de marquer l’anniversaire de l’accession de Maurice à l’indépendance en rendant hommage au Dr Maurice Curé. Le fondateur du Parti Travailliste avait, en effet, clôturé sa campagne pour les législatives d’août 1967 en tenant son dernier meeting sur le parvis de la boutique appartenant à la famille Babooram à la rue Abbé de Lacaille, à Curepipe. La raison, ou le prétexte, de cette expression d’EAM ne manquait pas de pertinence : Maurice Curé est celui qui, dès 1936, avait commencé à réclamer le suffrage universel. Il fut rejoint à ce chapître par Emmanuel Anquetil et l’ensemble de l’exécutif du PTR à l’époque, à savoir : Jean Prosper, Mamode Assenjee (le premier trésorier du PTR), Hassenjee Jeetoo, Barthelemy Ohsan, Samuel Barbe, Emmanuel Anquetil, Godefroy Moutia and Dajee Rama (mieux connu comme Pandit Sahadeo). Le comble, c’est que lorsque le suffrage universel fut finalement introduit, le Dr Curé n’avait même pas les moyens financiers pour se porter candidat aux élections de 1947.

L’événement respirait une certaine fraîcheur compte tenu des protagonistes, présentés encore comme des « novices » en politique par les factions bérengistes du MMM. Mais, au-delà d’une rivalité qui trouve toute son âpreté dans la confrontation des deux leaders au No. 19, dans la réalité, force est de constater que la jeune formation initiée par Patrick Belcourt est celle qui manie le plus efficacement les symboles qui créent les passerelles entre les différentes générations. Et cette efficacité s’est traduit par le consentement de la famille Babooram à acueillir cette plaque commémorative sur la façade de leur établissement.

Mais tout s’explique : le Leader d’EAM faisait part de son refus du fanatisme en politique. C’est ce qui a tué le débat politique à Maurice, avance-t-il. Sa collègue Anne Robert condamne l’acharnement de certains dirigeants politiques contre leurs opposants. « Les querelles et les différences d’opinions sont normales en politique, mais ce n’est pas normal que cela empêche de reconnaître les mérites de notre adversaire », dit-elle. C’est ainsi qu’elle a déploré l’absence de Paul Bérenger aux funérailles d’Eric Guimbeau alors que de nombreux dirigeants politiques, dont certains de ses adversaires, étaient venus lui rendre hommage.

Belcourt lui n’en revient pas que cet acharnement ait pu être jusqu’au point où le Dr Curé aura été littéralement appauvri au point de faire faillite et de devoir fermer son journal. L’histoire est véridique : Curé a dû fermer son journal « Le Peuple Mauricien » et, s’est retrouvé à quémander de l’argent pour se payer son ticket d’autobus pour rentrer chez lui.

L’acharnement contre Curé aura démarré au sein même du parti qu’il a crée avec ses camarades. Alors que ceux-ci s’étaient mis ensemble pour assurer la défense des travailleurs, d’autres s’y sont joints pour leurs intérêts propres et ont très vite mis le tribun et ses proches collaborateurs en minorité. C’est ainsi que Maurice Curé quittait le PTR en 1941. Le gouverneur Bede Clifford, qui avait tout mis en oeuvre pour mater cet opposant de l’oligarchie de l’époque, ne s’attendait pas à trouver des alliés aussi zélés que ceux qui avaient pris les commandes du PTR.

L’approche de Belcourt et d’Anne Robert aura été comprise puisque la famille Babooram, connue pour ses fidélités au PTR, a consenti à cette commémoration au fronton de leur établissement. Subash Babooram était un jeune adolescent au moment où le Dr Curé tenait son dernier meeting, et il se dit très touché que des jeunes engagés en politique honorent ainsi le tribun. « C’est quelqu’un dont on ne peut ignorer les contributions au pays et au PTR. Il nous faut montrer notre reconnaissance au Dr Curé et notre famille lui a permis de faire son meeting chez nous. Nous sommes aujourd’hui très honorés d’avoir cette plaque commémorative chez nous pour que sa mémoire soit préservée », dit-il.

Preuve, s’il en faut, que le fanatisme partisan peut encore être enrayé malgré des décennies de pratiques par les dirigeants des partis conservateurs.

Pour Anne Robert, présentée comme « le fer de lance » d’EAM à Curepipe-Midlands, les enseignements du Dr Maurice Curé sont toujours d’actualité. Ainsi, elle rappelle les propos du tribun qui mettait en garde contre la constitution des commissions en remplacement des conseils municipaux dûment élus. Cette perspective, qu’il présentait comme un « crime de lèse-démocratie », fut réalisée peu après par le gouvernement travailliste en 1973. Et, fait ressortir Anne Robert, c’est la même chose qu’a fait le gouvernement MSM quand Anwar Husnoo a renvoyé les élections municipales sine die. Elle a ainsi raconté comment elle s’est rendue à une réunion du conseil municipal qui a été renvoyé faute de quorum. « Il n’y avait que sept conseillers sur la vingtaine qui était attendue. La réunion a dû être renvoyée alors que le conseil a des décisions à prendre au sujet de ses dépôts dans une banque qui bat de l’aile. Les conseillers se contentent de toucher leurs allocations et c’est tout. C’est inadmissible », dit-elle.


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