Air Mauritius – Delhi : les PNC hébergés dans un établissement accueillant des animaux

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Rupture d’accord : le syndicat écarté de la décision

Krešimir Kučko, le DG d’Air Mauritius, hérite d’un énième problème issu du management toxique envers les PNC. Le syndicat a été écarté du choix de l’hôtel à Delhi. Résultat : le Vivanta de Delhi accueille des animaux de compagnie pouvant compromettre le temps de repos réglementaire de l’équipage.

Depuis le début du mois d’août, les équipages d’Air Mauritius opérant le vol de Delhi sont logés au Vivanta, un établissement cinq étoiles qui est « pet friendly ». Si l’accueil des animaux est très pratique pour les touristes qui séjournent avec leurs animaux de compagnie, cette facilité présente, cependant, quelques inconvénients pour un équipage qui devrait avoir environ dix heures de repos réglementaire avant d’entreprendre un vol. Au-delà, c’est surtout la méthode utilisée par la direction d’Air Mauritius qui est décriée : le syndicat a tout bonnement été écartée de la décision, contrairement aux accords de procédure. Plus que de la mesquinerie, ce type de fonctionnement est indicateur du relationnel toxique de certains managers envers les PNC, dont le syndicat est le seul à réclamer que la direction adhère aux lois du pays et aux réglementations de leur secteur d’activités.

Il est convenu, dans le cadre du choix d’un établissement pour l’hébergement de l’équipage en escale, que l’AMCCA, le syndicat du personnel navigant cabine (PNC) soit partie prenante de l’exercice de sélection. Cette manière de procéder émane d’un vieil accord entre la direction et le personnel et fait partie des « bonnes pratiques » qui n’ont jusqu’ici jamais été remises en cause. Jamais, jusqu’à ce 3 juin 2023 quand Mme D. Parapen et M. JH Young Lan Sun s’envolent pour Delhi pour effectuer une visite des établissements hôteliers de la capitale indienne. Cette fois l’AMCCA n’est même pas avisé de cette « visite HOTAC », comme il est désigné dans le jargon des professionnels du tourisme.

Non seulement ces managers ne sont pas accompagnés d’un membre de l’AMCCA mais, en outre, un PNC, qui figurait sur la rotation publiée initialement, a été enlevé de ce vol MK 744. Pas n’importe lequel des PNC : il s’agit de Steve Antoine qui est le trésorier de l’AMCCA ! Cela signifie que MK aurait obtenu un avantage en gain de temps puisque ce PNC avait été initialement pressenti pour opérer le vol vers cette destination (un gain de temps important puisque la compagnie est à court de PNC). La compagnie allait aussi réaliser une économie puisque n’ayant pas à engager de frais supplémentaires, le déplacement et l’hébergement du membre de l’AMCCA étant déjà pris en charge dans le cadre de sa mission.

De source concordante, nous apprennons qu’il était initialement prévu que la visite HOTAC se déroule avec un membre de l’AMCCA. D’autres sources indiquent même que JH Young, désormais le manager responsable des opérations des équipages-cabine, aurait indiqué à un autre PNC qu’il ne pouvait opérer ce vol puisqu’il était convenu qu’un membre de l’AMCCA soit en service dans la perspective de cette visite HOTAC. Qui sont donc ceux qui auraient décidé que le représentant de l’AMCCA devait être écarté de cet exercice ?

Cherchez le chien ! Il est bien à l’intérieur d’une des chambres apparemment insonorisées du Vivanta.

Le Vivanta jouit d’une très bonne réputation à Delhi. Le personnel de ce cinq-étoiles contribue concrètement à l’excellence du service hôtelier indien dans cette catégorie. Mais le Vivanta Dwarka a la particularité d’accueillir des visiteurs qui y séjournent avec leurs animaux de compagnie. Si les animaux admis ne sont pas spécifiquement mentionnés, l’accueil qui leur est réservé est sujet à la discrétion de la direction qui pose néanmoins quelques conditions telles que leur taille et leur poids (pas plus de 45 kilos), ainsi que la nécessité qu’ils soient « housebroken ». Ce terme d’origine américaine signifie généralement que l’animal serait obéissant à son maître et serait apte à se contrôler pour ses besoins naturels.

Toutefois, le « Pet Policy » de l’etablissement demeure silencieux en ce qu’il s’agit des bruits que peuvent faire ces animaux de compagnie. Le Vivanta se vante d’avoir des chambres insonorisées, mais les chiens, par exemple, semblent être en mesure de faire davantage de bruits que les ébats bruyants des couples auxquels l’établissement voudrait assurer autant la meilleure intimité que les moindres incovénients à leurs voisins. En outre, les chiens peuvent se montrer bien disposés à faire la conversation aux congénères qui vocalisent avec eux dans l’établissement. De même, ils sont prêts à augmenter les décibels si les cloisons font obstacle à la transmission des données canines.

Ces considérations ne semblent pas avoir suscité les soucis scrupuleux de Mme Parapen et de M. Young. A moins qu’ils n’évoquent quelque astreinte ou subordination, ou encore qu’ils invoquent que leur rapport aurait été ignoré. Dans les faits néanmoins, comme on peut s’en rendre compte avec l’extrait vidéo, les chambres insonorisées de Vivanta ne le sont pas suffisamment pour rendre les aboiements inaudibles.

L’équipage d’Air Mauritius séjourne dans un autre établissement « pet friendly », dans la capitale française notamment. La différence c’est que les chambres sont effectivement insonorisées et, d’autre part, les responsables s’assurent très efficacement que les animaux admis sont véritablement « housebroken ». Pas seulement au niveau de l’hygiène, mais aussi au plan comportemental, plus particulièrement par rapport aux aboiements.

Selon nos informations, le secrétaire de l’AMCCA a interpellé Krešimir Kučko, le DG d’Air Mauritius, par voie de courrier au sujet de ce mépris de l’accord entre la direction et l’AMCCA. En tout état de cause, même si une vaste majorité de voyageurs estiment que les PNC seraient à bord pour assurer des prestations commerciales, (telles que les services repas, les boissons et autres conforts), dans les faits, leur mission relève avant tout du domaine sécuritaire. Cela engage le respect des normes convenues avec l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI), ainsi qu’avec les avionneurs, qui prescrivent des exigences rigoureuses pour la sécurité des appareils. Et les temps de repos de l’équipage, dont le repos effectif « in bed », fait partie des protocoles qui doivent être observées scrupuleusement.


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