Zimbabwe : une nouvelle ville « intelligente » à 60 milliards de dollars

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Zim City en passe de supplanter Harare

Emmerson Mnagagwa, le président zimbabwéen, procédant à la pose de la première pierre de Zim City

L’effondrement de Harare, la capitale du Zimbabwe, n’inquiète pas outre mesure les dirigeants politiques de ce pays. A Mount Hampden, à 26 km au nord-est de Harare, Shaji Ul Mulk, le milliardaire Indien a lancé les travaux de construction d’une nouvelle ville « intelligente » combinant « cybercité » et « smart city » ainsi que certains bâtiments administratifs et institutionnels. Le développement à Mount Hampden abrite déjà le site du parlement national. On y trouvera aussi le nouveau siège de la banque centrale, la Haute cour et la cour Suprême, des centres pour la vente aux enchères de minéraux, une bourse, le palais présidentiel et des villas de luxe.

La pancarte à l’entrée renseigne sur l’ambition des autorités zimbabwéennes et des promoteurs du projet : construire une ville futuriste, Zim City, présentée comme la nouvelle capitale du pays. « Mount Hampden est le nouveau Harare », déclarait Ul Mulk, le principal soutien de ce projet pharaonique. Il y a investi 500 millions de dollars pour démarrer ce projet qui, selon lui, coûtera finalement 60 milliards de dollars et ressemblera à Dubai, son lieu de résidence actuel.

En juillet dernier, alors qu’il donnait le premier coup de pioche de l’ouvrage, Emmerson Mnagagwa vantait la volontarisme de son administration à travers ce chantier de la démesure. Selon la brochure qui contient des citations et des photographies de Mnangagwa, le gouvernement zimbabwéen offre, en effet, à ceux qui investissent dans ce projet une suspension de cinq ans du paiement de l’impôt sur les sociétés, une réduction de l’impôt sur le revenu pour les travailleurs et une formule d’immigration accélérée pour le personnel étranger désirant s’y installer.

Cette brochure marketing dépeint des allées immaculées, des gratte-ciel et des centres commerciaux brillants – le tout à partager par une coterie multiraciale de résidents bien nantis. Les comptes d’actifs numériques seront autorisés et il y est question de l’utilisation de la technologie blockchain.Les plans prévoient également une centrale solaire, un attrait important pour un pays qui connaît actuellement des coupures de courant quotidiennes.

Shaji Ul Mulk, le promoteur du projet, en est aussi le principal investisseur avec 500 millions USD investis. LE gouvernement zimbabwéen a consenti à de nombreux avantages fiscaux aux investisseurs de ce mégaprojet.

A la presse venue assister à l’inauguration du parlement le 23 novembre dernier par Mnangagwa, Ul Mulk déclarait enthousiaste : « Le bâtiment du parlement y a déjà été construit et tous les ministères s’y installent ». C’est dire à quel point le projet avance vite.

C’est la Chine qui a construit le nouveau bâtiment du parlement à Mount Hampden pour un coût de 140 millions de dollars. En cadeau au Zimbabwe. Le nouveau développement a suscité l’intérêt de la Chine, dont les liens avec le Zimbabwe remontent à son soutien à la lutte de libération du pays africain dans laquelle Mnangagwa a combattu. Au lendemain de cette inauguration, Mthuli Ncube, le ministre des Finances, y a livré le budget national 2023.

« L’investissement des Émirats arabes unis dans le projet de ville intelligente est tout à fait instrumental du point de vue du développement économique. Nous nous attendons bien sûr à ce que les entreprises, les entreprises locales, bénéficient de cette création d’emplois et du développement d’une infrastructure de base. Je pense que nous constatons un énorme manque d’infrastructures au Zimbabwe et nous pensons que ce type d’investissements nous permettrait d’atteindre les objectifs de notre vision 2030, à savoir devenir une nation à revenu intermédiaire », expliquait Batanai Matsika, responsable de la recherche, Morgan & Co. à Africa News.

Ce projet tombe à pic pour l’économie du pays. Les flux d’investissements directs étrangers ont baissé à 194 millions de dollars en 2020, contre 745 millions de dollars en 2018, avant le début du COVID-19. Or, le projet ZIM City comprend aussi des villas somptueuses, des résidences urbaines luxueuses, des bureaux de haute technologie et, une tour commerciale de 15 étages. Selon Ul Mulk, au moins 12% des 250 villas de luxe à construire dans un premier temps ont déjà été achetées d’avance. Il a déclaré que le développement visait à fournir des résidences coûtant plus de 500 000 dollars l’unité.

« Cette cité intelligente sera un élément clé qui apportera une valeur ajoutée à notre nouvelle ville ici. Le développement, dans le courant de l’année, de la ville intelligente sur 15 500 arpents sera la ville la plus intelligente de notre région », s’enthousiasme le président zimbabwéen. C’est un monde très différent de Harare, qui en deux décennies est passée d’une ville bien entretenue à ce qu’elle est aujourd’hui : un étalement urbain criblé de nids de poule, où les ordures sont rarement ramassées, l’électricité est plus souvent coupée qu’elle n’alimente les foyers et les entreprises. De nombreuses banlieues n’ont pas eu d’eau courante fiable depuis des années. Les bâtiments commerciaux ne sont occupés qu’à 40 % et le centre-ville est envahi par les vendeurs de rue.


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