Pays-Bas : Les liaisons dangereuses de Huawei

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La Haye évoque l’implication de Pékin dans des affaires d’espionnage industriel

Une enquête publiée par le journal néerlandais De Volkskrant samedi (le 17 avril 2021), est venu révéler que Huawei a pu écouter toutes les discussions du réseau mobile KPN.  Le groupe chinois aurait pu accéder aux données des 6,5 millions de clients de l’opérateur KPN et Huawei est désormais accusé d’espionnage aux Pays-Bas. Le MIVD, le service de sécurité et du renseignement militaire, dénonce aussi « les activités préoccupantes de la Chine et de la Russie en matière de cyber-espionnage ». Les entreprises ne sont pas épargnées : la presse a aussi révélé courant avril, des vols de formules de fabrication par d’anciens salariés chinois du groupe néerlandais ASML, le leader mondial de la fabrication de machines pour l’industrie des semi-conducteurs.

Emboîtant le pas à Washington, les Pays-Bas sont à leur tour sur le qui-vive vis-à-vis de la Chine. Espionnage industriel, cyber-espionnage, vol de technologies, plusieurs affaires récentes ont mis en évidence des activités suspectes des Chinois dans le royaume. Le parlement néerlandais n’a pas tardé à prendre des mesures suite à ces révélations en cascade. Pour l’heure, toute coopération avec Huawei pour équiper les Pays-Bas du réseau de téléphonie mobile 5G, est gelée.

Depuis 2009 l’opérateur KPN s’appuie sur l’équipement réseau développé par Huawei pour proposer ses services dans le pays. Selon le journal De Volkskrant, « Huawei a eu, depuis la Chine, un accès non autorisé au cœur du réseau mobile de KPN et pouvait écouter sans entraves des conversations téléphoniques ». Grâce à ces technologies exploitées par KPN, Huawei pouvait accéder aux réseaux et systèmes de l’opérateur téléphonique depuis la Chine. Concrètement, le groupe chinois était en mesure d’écouter à distance toutes les conversations des abonnés KPN « de manière illimitée, incontrôlée et non autorisée ».

Selon les consultants de Capgemini, Huawei a pu accéder au téléphone de Jan Pieter Balkenende, l’ancien Premier ministre des Pays-Bas

Selon le quotidien, qui s’est procuré les résultats d’une étude « secrète » menée en 2009 par la compagnie de consultants Capgemini pour KPN, l’entreprise chinoise a notamment pu accéder au téléphone du Premier ministre de l’époque, Jan Peter Balkenende, et aussi ceux de dissidents chinois. Le quotidien néerlandais précise que le géant chinois était également en mesure de consulter une base de données des lignes mises sur écoute par la police et les services de renseignement néerlandais.

En 2009, des techniciens chinois de Huawei disposaient de leur propre bureau au siège social de KPN, près de La Haye. Six Chinois entraient et sortaient aisément du bâtiment où ils géraient des équipements du réseau mobile. En agissant ainsi, explique le quotidien De Volkskrant, Huawei a violé la loi néerlandaise et des accords passés avec la compagnie de télécommunications KPN dans le cadre du déploiement de sa technologie aux Pays-Bas.

Espionnage industriel

Le dossier se corse avec un document de cent pages publié mercredi par le ministère des Affaires étrangères. Il s’agit d’un texte consacré à la stratégie des Pays-Bas en Chine dans lequel La Haye met en garde Pékin contre les atteintes à ses droits de propriété intellectuelle et à ses transferts de technologie. « En ce qui concerne les technologies essentielles et les matériaux de pointe, nous ne voulons pas être dépendants de la Chine », a insisté Stef Blok, le ministre des Affaires étrangères en présentant la politique du gouvernement néerlandais envers Pékin.

Cette mise en garde intervient alors que les indices s’accumulent pour dénoncer l’espionnage forcené des Chinois aux Pays-Bas. Le mois dernier, le MIVD a fait état dans son rapport annuel d’une menace chinoise contre la Défense néerlandaise résidant « dans le vol de connaissances technologiques pouvant être utilisées par l’armée et par la société civile ».

Les pertes de secret de fabrication et de données stratégiques ont coûté plusieurs centaines de millions d’euros à ASML révèle l’enquête. Même si « l’entreprise n’a découvert aucune preuve irréfutable d’implication du gouvernement chinois », comme l’a indiqué ASML, l’implication de Pékin dans cette affaire d’espionnage industriel ne fait guère de doute. Selon une enquête du Financieele Dagblad, ces ex-salariés d’ASML avaient des accointances indirectes avec le ministère chinois des Sciences et de la Technologie.


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