Guerre en Ukraine: le décès d’Arman Soldin, vidéaste de l’AFP, relance la guerre des infos

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Arman Soldin dans un selfie avec un chat. Cette image, qui met une part d’humanité dans la monstruosité de la guerre, est celle qui a été la plus diffusée. Sa charge émotionnelle sert davantage à la réaction qu’à la réflexion, quelle que soit la propagande à laquelle les lecteurs seraient plus sensibles.

Au lendemain de l’annonce de la mort d’Arman Soldin, journaliste français de 32 ans qui travaillait en Ukraine pour l’AFP, la Russie a réagi et réclame que les « circonstances » de sa mort soient éclaircies. Alors que les premières réactions côté occidental incriminent un tir de roquette Grad russe dans une commune proche de Bakhmout, Moscou ne compte pas pour autant endosser sans broncher la responsabilité de la mort du journaliste. Le Kremlin se dit « peiné » par le décès du reporter.

Selon un décompte des ONG spécialisées RSF et CPJ1, Arman Soldin serait le onzième reporter, fixer ou chauffeur de journalistes à avoir été tué en Ukraine depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022. Et ce décès au sein de la presse donne lieu à un nouvel épisode de la guerre informationnelle.

Comme l’a rappporté l’Agence France Presse, Arman Soldin faisait partie d’une équipe de cinq reporters de l’AFP qui accompagnaient des soldats ukrainiens sur le front le plus actif de la guerre, dans les environs de Tchassiv Iar. Cette localité ukrainienne proche de Bakhmout est visée quotidiennement par les forces russes.

Le 9 mai dernier, une salve de roquettes Grad a été tirée vers 16 heures 30 locales (13h30 MRU), précise l’AFP. Arman Soldin a été touché alors qu’il s’était couché au sol pour tenter de se protéger. Le reste de l’équipe s’en est sorti indemne.

Peu après l’annonce de son décès, le ministère de la Défense ukrainien a présenté ses « sincères condoléances à sa famille et à ses collègues », ajoutant sur le même réseau social : « Il a consacré sa vie à rendre compte de la vérité au monde ».

Dans la foulée, les hommages et des vœux de condoléance se sont multipliés à travers le monde. D’Emmanuel Macron au président des États-Unis Joe Biden, de nombreuses voix se sont élevées pour rappeler l’importance du travail des journalistes en temps de conflit. « Le monde a une dette envers Arman » et envers « les dix autres reporters et employés de médias qui ont perdu la vie » en couvrant le conflit, a par exemple réagi Karine Jean-Pierre, la porte-parole de la Maison Blanche. « Le journalisme est l’un des fondements d’une société libre », ajoutait-elle.

Cependant, la présidence russe réclame que la lumière soit faite sur les circonstances de la mort d’Arman Soldin. « Il nous faut comprendre les circonstances de la mort de ce journaliste », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en appelant à ne pas « prendre pour argent comptant » les affirmations ukrainiennes désignant les Russes comme les auteurs de la frappe mortelle. « Nous ne pouvons qu’être peinés », a-t-il ajouté au sujet de la mort du coordinateur vidéo de l’AFP en Ukraine.


1  RSF : Reporters Sans Frontières. CPJ : Committee to Protect Journalists


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