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Crimes de guerre : 36 journalistes morts à ce jour
La presse est dans l’incapacité de rendre compte de ce qui se passe à Gaza. D’abord, parce qu’il y a de moins en moins de journalistes sur place, parce que l’accès à Gaza leur est interdit par Israël. Mais aussi parce que les morts parmi les journalistes se comptent en dizaines déjà, 36 au 4 novembre selon le Committee to Protect Journalists (CPJ). Reporters Sans Frontières (RSF) a, pour sa part, déposé une plainte pour crimes de guerre auprès du bureau du procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) le 31 octobre 2023. Celle-ci détaille les cas de 9 des journalistes tués depuis le 7 octobre dernier, et de deux blessés dans l’exercice de leurs fonctions. Elle mentionne également la destruction intentionnelle, totale ou partielle, des locaux de plus de 50 médias à Gaza.
La guerre entre Israël et Gaza a fait de nombreuses victimes parmi les journalistes depuis que le Hamas a lancé son attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre et qu’Israël a déclaré la guerre au groupe militant palestinien, lançant des frappes sur la bande de Gaza sous blocus. Près d’un mois après les massacres perpétrés à la frontière israélienne, une autre sale guerre se joue actuellement : celle de l’information.
Le CPJ enquête sur tous les rapports faisant état de journalistes et de professionnels des médias tués, blessés ou portés disparus pendant la guerre, y compris ceux blessés lors de la propagation des hostilités au Liban voisin. Au 4 novembre, les enquêtes préliminaires du CPJ ont montré qu’au moins 36 journalistes et professionnels des médias figuraient parmi les 10 000 personnes tuées depuis le début de la guerre le 7 octobre, avec plus de 9 400 morts palestiniens à Gaza et en Cisjordanie et 1 400 morts en Israël.
Plainte pour crime de guerre
Cette plainte de RSF auprès de la CPI concerne 8 journalistes palestiniens, tués dans des bombardements de zones civiles à Gaza par Israël, et un journaliste israélien, tué le 7 octobre alors qu’il couvrait l’attaque de son kibboutz par le Hamas.
Selon RSF, les attaques dont ont été victimes les journalistes palestiniens à Gaza correspondent à la définition donnée par le droit international humanitaire d’une attaque indiscriminée, et relèvent donc de crimes de guerre au sens de l’article 8.2.b. du statut de Rome. Même si ces journalistes auraient été victimes d’attaques visant des cibles militaires légitimes, comme le prétendent les autorités israéliennes, ces attaques ont néanmoins causé des dommages manifestement excessifs et disproportionnés sur les civils, et relèvent toujours d’un crime de guerre au sens du même article.
La mort du journaliste israelien relève de l’homicide intentionnel d’une personne protégée par les conventions de Genève, un crime de guerre au sens de l’article 8.2.a. du statut de Rome de la CPI.
Il reviendra au procureur de la CPI de qualifier ces crimes et de retenir éventuellement au terme de son enquête, d’autres qualifications applicables.
Le massacre des journalistes Palestiniens
La liste publiée ici comprend des noms basés sur des informations obtenues auprès des sources du CPJ dans la région et des médias. Il inclut tous les journalistes impliqués dans des activités de collecte d’informations. Il n’est pas clair si tous ces journalistes couvraient le conflit au moment de leur mort, mais le CPJ les a inclus dans le décompte alors qu’il enquête sur les circonstances. La liste est mise à jour régulièrement.
Le CPJ enquête également sur de multiples agressions, menaces, cyberattaques, censure et meurtres de membres de la famille. Le CPJ travaille aussi sur de nombreuses informations non-confirmées faisant état d’autres journalistes tués, disparus, détenus, blessés ou menacés, ainsi que de dommages causés aux bureaux des médias et aux maisons des journalistes.
Dans sa plainte, RSF appelle aussi le procureur à enquêter sur l’ensemble des journalistes tués depuis le 7 octobre. L’organisation a, dans sa plainte, détaillé les cas de journalistes victimes dans l’exercice de leur activité professionnelle. D’autres cas sont en cours d’investigation avant d’être référés à la CPI. Par ailleurs, plusieurs reporters ont été tués ou blessés au Liban, qui n’est pas un État partie à la CPI à la différence de la Palestine. RSF étudie les possibilités de porter ces cas devant d’autres juridictions compétentes.
Troisième plainte de RSF auprès de la CPI
La plainte de RSF est la troisième que l’ONG dépose auprès du procureur de la CPI au sujet des crimes de guerre commis sur des journalistes palestiniens depuis 2018 à Gaza. Une première plainte a été déposée en mai 2018 pour les journalistes tués ou blessés dans le cadre de la « Marche du grand retour » à Gaza. La deuxième plainte a été déposée en mai 2021 suite aux bombardements d’une vingtaine de médias dans la bande de Gaza par les forces israéliennes. RSF a, par ailleurs, accompagné la plainte déposée par Al Jazeera concernant l’assassinat de la journaliste palestinienne Shirin Abu Akleh en Cisjordanie le 11 mai 2022.
Les journalistes de Gaza sont confrontés à des risques particulièrement élevés lorsqu’ils tentent de couvrir le conflit face à une attaque terrestre israélienne sur la ville de Gaza, des frappes aériennes israéliennes dévastatrices, des communications interrompues et des pannes de courant importantes.
Aux agences de presse Reuters et Agence France Presse, qui ont demandé l’assurance que leurs journalistes ne seraient pas visés par les frappes israéliennes, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont déclaré qu’elles ne pouvaient pas garantir la sécurité de leurs journalistes opérant dans la bande de Gaza.
« Le CPJ souligne que les journalistes sont des civils qui accomplissent un travail important en temps de crise et ne doivent pas être la cible des parties belligérantes », a déclaré Sherif Mansour, coordinateur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du CPJ. « Les journalistes de toute la région font de grands sacrifices pour couvrir ce conflit déchirant. Ceux de Gaza, en particulier, ont payé et continuent de payer un tribut sans précédent et sont confrontés à des menaces exponentielles. Beaucoup ont perdu leurs collègues, leurs familles et leurs installations médiatiques, et ont fui en quête de sécurité alors qu’il n’y avait ni refuge ni issue ».
De toute évidence, l’armée israélienne fait tout son possible pour verrouiller l’accès à Internet dans la bande de Gaza et dans la Cisjordanie. Dans un article paru ce jour, TeknoZil, la toute récente publication mauricienne dédiée aux technologies, donne un aperçu du verrouillage numérique de Gaza orchestré par Meta, l’entreprise de Mark Zuckerberg qui contrôle Facebook et Instagram.
L’Etat sioniste veut éliminer tous les journalistes qui exposent ses crimes a Gaza. Voilà la liberté d’expression menacée par un État voyou avec le soutien de l’Occident. Tuer les messagers de la vérité est la politique du sionisme depuis 75 ans.