Duralex chute, mais la verrerie est ultrarésistante

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Duralex n’a pas bénéficié du prêt garanti par l’État français. Placée depuis la semaine dernière en redressement judiciaire, le sort des 248 salariés de l’entreprise d’Orléans est désormais entre les mains des juges. La célèbre verrerie, mondialement connue pour ses verres ultra-résistants et néanmoins bon marché, joue son avenir devant le tribunal de commerce. Mais l’entreprise intéresse déjà des repreneurs.

La trésorerie de Duralex est désormais à sec. La célèbre verrerie installée à La Chapelle-Saint-Mesmin, dans l’agglomération d’Orléans, souffre de problèmes financiers. « Les dettes de la société au jour de l’ouverture de la procédure sont gelées. (…) À l’issue du recensement de l’ensemble des créances par les mandataires judiciaires, l’entreprise sera en mesure de proposer un plan de redressement par continuation », a expliqué le président de l’entreprise, Antoine Ioannidès, cité par l’AFP.

Les verres gigognes ont énormément contribué au succès de la marque.

En attendant, les salariés se montrent plutôt sereins. « On est en attente d’un repreneur, et on a la chance qu’il y ait du monde qui s’intéresse à l’entreprise », selon un représentant syndical à l’AFP. Dans un courrier adressé au personnel, la direction de l’entreprise précise que les 248 salariés ne sont pas touchés dans l’immédiat. « Ils continuent de travailler et d’être payés », a assuré Antoine Ioannidès, cité par l’AFP.

Les verres Duralex sont disponibles partout à travers le monde et si les modèles sont copiés, la copie n’est jamais aussi résistante.

L’entreprise qui a construit sa notoriété à partir de ses désormais célèbres petits verres de cantine, n’a toutefois pas dit son dernier mot. Le président de la région François Bonneau va alerter Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher à Bercy pour trouver « une solution rapide et sûre ».

Dans une déclaration transmise à l’AFP, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l’Industrie, a affirmé que « Duralex est une marque de renommée internationale » et « nous sommes tous convaincus qu’il existe un bel avenir » pour cette entreprise. « Le gouvernement sera très attentif au suivi de la procédure collective et sera mobilisé aux côtés de la Région pour faire émerger des projets de reprise afin de pérenniser l’activité industrielle et les emplois sur le site », a-t-elle ajouté.

« L’ouverture d’une procédure collective va permettre de rendre visibles des projets de reprise qui existent aujourd’hui », indique Agnès Pannier-Runacher. Selon la ministre, le site « est en difficulté depuis plusieurs années et doit faire face à un niveau d’endettement qui n’est pas soutenable à long terme ». Elle a rappelé que l’État suit de près le dossier depuis 2017 et avait notamment apporté 2 millions d’euros d’avances remboursables.

La vaisselle Duralex — reconnue « entreprise du patrimoine vivant » — est fabriquée depuis 75 ans dans une usine de 70 000 m2 située à la Chapelle Saint-Mesmin (Loiret). Le site, de l’extérieur, présente d’énormes silos qui abritent le mélange de sable et de calcaire qui est acheminé jusqu’au cœur de l’usine. A l’intérieur, seules les flammes des brûleurs illuminent les lieux. Dans cet immense four « qui fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 à une température de plus de 1 200 degrés » et qui pollue moins qu’une voiture diesel », selon Manuel Mota, en charge de son fonctionnement. Ainsi, la température sur le site de travail dépasse les 40 degrés, la chaleur est suffocante, le bruit assourdissant. En 24 heures, trois équipes de 10 ouvriers (l’entreprise compte 253 salariés) se relaient pour fabriquer et emballer 45 000 assiettes et 100 000 bols.

L’entreprise, aussi solide que les verres qu’elle commercialise, a déjà montré par le passé qu’elle savait résister à l’adversité. En 2008, elle avait été acculée à la faillite par un homme d’affaires turc après avoir été cédée trois fois en dix ans. Sauvée par les dirigeants actuels, un incident lié au remplacement du four en 2017, a obligé Duralex à réduire drastiquement sa production. En outre, la crise sanitaire n’a pas arrangé les choses : « Nous exportons 80 % de notre production, alors imaginez les conséquences, nos expéditions se sont retrouvées bloquées et nous perdons 60 % de notre chiffre d’affaires », indique le patron Antoine Ionannidès à la presse.

Le patron assure que plusieurs repreneurs potentiels se sont déjà manifestés. «Avec le concours (…) du tribunal de commerce d’Orléans, nous allons poursuivre les négociations avec les différents repreneurs», indique-t-il. L’équipe patronale, qui avait elle même repris l’entreprise à la barre du tribunal de commerce, espère, cette fois encore, dessiner un nouvel avenir… sans trop de casse.

Source : AFP, Le Figaro, Le Monde


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