Courses hippiques : Quand Beekharry fait l’âne… Padayachy est tourné en bourrique !

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Le président du MTC devient l’homme à abattre pendant que l’Etat crache sur une cagnotte annuelle de Rs. 106 millions !

Pendant que Jean-Michel Giraud fait face à Dev Beekharry de la GRA et Sudhamo Lal de la MRA, la loi du budget de Renganaden Padayachy prive les caisses de l'Etat de plus d'une centaine de millions de roupies à l'année.
Pendant que Jean-Michel Giraud fait face à Dev Beekharry de la GRA et Sudhamo Lal de la MRA, Renganaden Padayachy a refait des lois qui font perdre plus d’une centaine de millions de roupies à l’année aux caisses de l’Etat.

D’un côté, les propriétaires de chevaux engagent une action juridique alléguant que le Mauritius Turf Club (MTC) leur fait perdre de l’argent. De l’autre, la Gambling Regulatory Authority (GRA) n’accorde toujours pas son Public Management License (PML) à Jean-Michel Giraud, réélu à la présidence du MTC, pour qu’il puisse diriger le MTCSL Ltd., la compagnie de gestion que le MTC a dû constituer conformément aux règles de la GRA. Le CCID avait initié une enquête à l’encontre du nouveau président et s’en est finalement remis à la décision du directeur des poursuites publiques. Et le tout dernier élément en date, c’est le courriel reçu il y a deux semaines de la MRA l’informant de l’intention de l’institution de procéder à une « assessment », une évaluation de ses biens. Curieux qu’autant d’éléments se liguent soudainement contre un seul homme…

Dev Beekharry, le plus vocal des directeurs de la Gambling Regulatory Authority (GRA), réclame à cors et à cris le lancement de la saison des courses hippiques. L’institution régulatrice des jeux de pari fait pression sur le MTC pour que le club opère sous des conditions défiant les règles basiques du management des affaires. Le MTC, concepteur historique des courses hippiques à Maurice, propriétaire des lieux et aussi l’organisateur des épreuves a enregistré des pertes de Rs. 6 millions en 2019 et Rs. 15 millions pour la saison 2020.

Le club ne consent plus à opérer à perte et, dès lors, pas besoin d’être grand clerc pour comprendre le vote massif en faveur de Giraud ; l’homme a déjà la réputation d’un patron qui rendait son entreprise prospère et qui savait intéresser les employés au profit. Mais il y a d’autres raisons plus profondes qui explique ce vote à plus de 50%, alors que Giraud n’est pas à sa première présidence…

Le MTC perçoit seulement 4,5% des recettes provenant des paris auprès des bookmakers. La Mauritius Revenue Authority (MRA) perçoit, pour le compte de l’Etat, 12% de ces revenus. Le MTC a beau être l’organisateur des courses, il n’a aucun accès aux chiffres de la MRA qui lui verse donc le montant non-vérifié qui devrait correspondre à son pourcentage. Pour les services de l’Etat, la culture de transparence ne se conçoit que dans l’opacité. Aussi, quand la GRA réclame des chiffres au MTC, Giraud coupe court à cette farce dont on voudrait qu’il soit le dindon et renvoie le régulateur à la source. Si la MRA ne peut pas être limpide, lui sait être très clair.  

Après le rapport Parry sur les courses, les initiés du Champ de Mars ont très bien compris que Jean-Michel Giraud, loin d’être une grande gueule, est plutôt apte à se faire entendre et certainement bien déterminé à se faire comprendre. Comme le révélait l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam à Indocile, Jean-Michel Giraud est bien l’homme qui l’a incité à faire instituer une commission d’enquête sur les combines qui ont lieu dans le milieu des courses. Aussi, que les mafieux gravitant dans l’orbite des jeux de paris éprouvent des malaises quand Giraud retourne aux affaires, cela se conçoit bien. Ce qui dépasse l’entendement, cependant, c’est quand les institutions de l’Etat se joignent à la mêlée alors que c’est le Trésor public qui souffre le plus de l’incurie de la GRA.   

Souvenons-nous : la GRA avait décidé que des bookmakers off-course devaient s’installer au Champ de Mars pour y mener leurs activités. S’estimant lésés, huit bookmakers décident d’avoir recours à la justice pour contester les mesures de la GRA à leur encontre. Le 27 mars 2019, la Cour Suprême émet un jugement invalidant la décision de la GRA considérant que celle-ci était irrégulière, irrationnelle et déraisonnable.

Enquête du CCID, mis en incapacité directoriale sans PML, action juridique des propriétaires de chevaux, évaluation de la MRA: Jean-Michel Giraud, le président en exercice du MTC, est devenu l’homme à abattre. La mafia des paris peut se frotter les mains.

Les huit bookmakers obtenant gain de cause, on comprend qui est hors-la-loi. Mais quand l’instance régulatrice ne peut se conformer à la loi, elle en fait édicter pour parvenir à ses fins. Et c’est ainsi que d’un trait de la plume du ministre Renganaden Padayachy dans son budget 2020-2021, ces bookmakers off-course vont être mis hors-jeu.

Ces huit bookmakers représentent un marché d’un peu plus de Rs. 888 millions. Pour le MTC, l’activité de ces bookmakers représentait un apport de Rs. 40 millions. En d’autres termes, les comptes du club n’auraient pas dû afficher des pertes si le ministre Padayachy s’en était tenu au jugement de la Cour Suprême.

Mais, il n’y a pas que le MTC qui se retrouve avec un manque à gagner dans l’affaire. C’est aussi, et surtout, la MRA qui crache, au minimum, sur un montant de plus de Rs. 106 millions qui aurait dû, chaque année, rentrer dans les caisses de l’Etat. Car, alors que le MTC, organisateur qui peut se réclamer ipso facto de la propriété intellectuelle et organisationnelle des courses, perçoit seulement 4,5% des recettes, l’Etat s’octroie 12% des revenus des bookmakers. Le pourcentage était de 10%, mais l’appétit vient en mangeant dit-on.

Avec un tel pourcentage, on aurait pensé que l’Etat serait sinon plus soucieux de son appétit, au moins plus scrupuleux de l’argent qui devrait alimenter ses caisses. Mais les faits n’ont pas fini de nous surprendre : plutôt que de permettre à ces huit bookmakers de lui rapporter Rs. 106 millions à l’année, la MRA préfère chercher des poux dans la tête de Jean-Michel Giraud qui est bien plus chauve qu’il n’est chevelu. Mais ce n’est pas tout, nous font ressortir nos sources. Il y a aussi les licences des bookmakers, soit un montant de Rs. 3,5 millions par bookmaker, ce qui équivaut à Rs. 28 millions pour les huit bookmakers. Mais, Padayachy n’en a que faire.

Ainsi, du prétendu « miracle économique » de l’ère Anerood Jugnauth, succède le « mirage hippique » de la période Pravind Jugnauth. Beekharry tient salon. Mieux que Wilkinson, qui désormais rase les murs, Padayachy, lui, rase gratis. Toujours aux frais des contribuables qui se font tondre ras.


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