Esclavage : Un crime contre l’humanité pour l’Union Européenne

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Younous Omarjee, 21 ans après, incarner la constance de La Réunion sur la question de l’esclavage

Après 21 ans, Younous Omarjee renouvelle avec succès l’initiative des députés communistes de La Réunion à l’Assemblée nationale en France

Le 2 décembre désigné Journée européenne de commémoration de l’abolition de la traite des esclaves

Avec 493 voix pour, 104 contre et 67 abstentions, l’Union Européenne est devenue, le vendredi 19 juin, la première institution internationale à proclamer l’esclavage, la traite négrière et les crimes contres des amérindiens comme crime contre l’humanité. La résolution, portée par l’euro-député réunionnais Younous Omarjee, reconnaît la traite de l’esclavage comme «un crime contre l’Humanité».

Dans une vidéo postée sur Facebook à l’issue de ce vote symbolique, Younous Omarjee rappelle que «l’esclavage est une question européenne». « Cela ne concerne pas seulement la France, il y aussi l’Angleterre, le Portugal. Tous ont participé d’une manière ou d’une autre à ce commerce barbare(…)Je crois que c’est un vote important qui fait acte de civilisation», a souligné l’eurodéputé.

Le texte approuvé par le Parlement européen s’intitule « Résolution du Parlement européen sur les manifestations contre le racisme après la mort de George Floyd ». Il contient 28 points qui demandent essentiellement à l’Union européenne d’agir contre le racisme à l’intérieur de ses frontières et aussi ailleurs dans le monde. Le point numéro 121 est le résultat d’une initiative du député réunionnais Younous Omarjee.

Cette résolution est une réponse directe aux manifestations qui se multiplient depuis le décès de George Floyd, mort asphyxié lors de son interpellation par la police à Minneapolis, aux Etats-Unis mais aussi en Europe et partout dans le monde. Dans son texte, le Parlement « condamne vivement la mort effroyable de George Floyd aux États-Unis, ainsi que les meurtres similaires ailleurs dans le monde ».

Il affiche son soutien aux récentes manifestations contre le racisme et la discrimination et condamne le « suprémacisme blanc sous toutes ses formes ». Les eurodéputés réprouvent les interventions de la police contre « des manifestants et des journalistes américains pacifiques », ainsi que la « rhétorique incendiaire » du Président américain Donald Trump. « Le recours excessif à la force contre la foule est contraire au principe de proportionnalité », écrivent-t-ils. La résolution souligne par ailleurs que les discours racistes et xénophobes ne relèvent pas de la liberté d’expression.

Huguette Bello, Claude Hoarau et Elie Hoarau, les trois élus du PCR initiateurs de la première démarche de reconnaissance auprès du parlement français en 1998

Cette prise de position du Parlement européen survient 21 ans après l’initiative pionnière des trois députés du PCR à l’Assemblée nationale en France. En effet, le 22 décembre 1998, trois députés communistes réunionnais, en l’occurence Elie Hoarau, Huguette Bello et Claude Hoarau, avaient déposé une proposition de loi « tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité ».

Grâce à cette initiative des parlementaires représentant un pays qui avait subi l’esclavage, la France devenait la première puissance coloniale à reconnaître que ses dirigeants avaient dans le passé légalisé un crime contre l’humanité. L’initiative communiste de La Réunion, partagée par la majorité de l’époque, donna lieu à la création d’un Comité pour la mémoire de l’esclavage2. Cette institution proposa le 10 mai comme date de commémoration nationale des mémoires de l’esclavage, de la traite et de leurs abolitions.

Le Conseil des droits de l ‘Homme de l’ONU a lui aussi adopté vendredi, à l ‘unanimité, une résolution condamnant le racisme systémique et les violences policières, mais après le retrait d’une mention ciblant spécifiquement les États-Unis.

1« Invite les institutions et les États membres de l’Union européenne à reconnaître officiellement les injustices du passé et les crimes contre l’humanité commis contre les personnes noires et les personnes de couleur ; déclare que la traite des esclaves est un crime contre l’humanité et demande que le 2 décembre soit désigné Journée européenne de commémoration de l’abolition de la traite des esclaves ; encourage les États membres à inscrire l’histoire des personnes noires et des personnes de couleur dans leurs programmes scolaires »

2“Quelques semaines plus tard, le groupe PS et apparenté, groupe majoritaire alors à l’Assemblée, a présenté un texte porté par Christiane Taubira qui limitait la portée de la reconnaissance à la traite transatlantique. En commission, le texte socialiste a été choisi. Or, la discussion en commission avait montré des divergences. Dans le texte socialiste, on avait oublié l’esclavage et la traite dans l’océan Indien, en limitant la question à la traite transatlantique. Louis Mermaz, président de la commission, avait fait alors remarquer que les élus PCR avaient raison et que l’on ne pouvait pas oublier l’océan Indien. Les députés du PCR ont alors fait prospérer l’idée de fusionner les deux propositions dans un seul texte. Cela déboucha sur la proposition de loi dont Christiane Taubira fut rapporteuse, et qui prenait en compte les amendements du PCR. Ce texte fut alors adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale. La loi Taubira a pris en compte les amendements du PCR. (Témoignages : https://www.temoignages.re/culture/culture-et-identite/esclavage-crime-contre-l-humanite-21-ans-apres-la-proposition-de-loi-du-pcr-l-europe-sur-la-voie-de-la-reconnaissance,98455 )


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