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Un tribunal ghanéen a acquitté et libéré jeudi 21 militants LGBT qui avaient été arrêtés fin mai dans le sud-est du pays pour « rassemblement illégal » après avoir assisté à une conférence sur leurs activités. Le parlement ghanéen a procédé à l’examen en première lecture d’un nouveau projet de loi visant à augmenter les peines et à criminaliser la promotion du mouvement LGBT cette semaine, malgré les critiques internationales du texte.
Seize femmes et cinq hommes avaient été arrêtés le 20 mai à Ho, une ville de la région de la Volta, alors qu’ils « participaient à une conférence pour promouvoir leurs activités ». Le procureur général a estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour poursuivre l’affaire, selon le surintendant en chef de la police Yakubu Ayamga,. « Le tribunal a classé l’affaire aujourd’hui sur la base de l’avis (du procureur général) et les 21 personnes ont été acquittées », a-t-il déclaré.
L’avocate des personnes arrêtées, Julia Ayertey, a confirmé la décision. « Nous nous félicitons de la décision, qui a toujours été notre ligne depuis le début de cette affaire », a-t-elle déclaré.
Sur Twitter, le mouvement Rightify Ghana a expliqué que le programme visait à former « des avocats à mieux identifier et signaler les violations des droits humains subies par les Ghanéens LGBTQ ».
Les relations sexuelles entre hommes sont interdites au Ghana et, bien que les poursuites judiciaires soient rares, les minorités sexuelles sont marginalisées, et sont surtout victimes de harcèlement et d’agressions.
Ces derniers mois, le pays d’Afrique de l’Ouest anglophone très conservateur et religieux a fait face à une vague d’homophobie. En février, un centre de soutien pour homosexuels à Accra a été fermé par les autorités.
S’exprimant lors de la présentation du deuxième archevêque de l’Eglise anglicane du Ghana à Asante Mampong dans la région d’Ashanti, le 27 février dernier, Nana Addo-Kuffuor a clairement énoncé sa position au sujet des droits des personnes LGBT : « Je l’ai déjà dit auparavant, permettez-moi en conclusion de souligner à nouveau que le mariage homosexuel n’aura jamais lieu sous mon mandat, le mariage homosexuel ne sera pas légalisé au Ghana pendant mon mandat. Je le répète, cela n’arrivera jamais sous mon mandat. ».
Un des rares groupes de défense des droits des LGBT du Ghana avait ouvert un bureau et un espace communautaire sécurisé qui est devenu la cible de critiques des conservateurs. Le bureau, qui recevait le soutien de hauts-cadres de l’Union européenne, est devenu un champ de bataille entre un groupe de défense des droits des homosexuels en plein essor et un petit mais puissant groupe de conservateurs religieux. Les agents de la sécurité nationale ont fini par prendre le bâtiment d’assaut et ont fermé les locaux par la force.
Ce type d’intervention musclée témoigne de la profonde colère ressentie à l’égard des homosexuels dans le pays. Les défenseurs des droits des personnes LGBT au Ghana craignent désormais pour leur sécurité.