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Erdogan devient la cible de la presse propagandiste des pays de l’OTAN
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que son pays souhaitait rejoindre l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS), cette organisation qui se présente comme une alternative à l’Occident. L’annonce a été faite au lendemain de son voyage à Samarcande, en Ouzbékistan, où il assistait au sommet de l’OCS.
Depuis 2013, la Turquie est « partenaire de dialogue » de l’OCS, instituée en 2001 par la Chine, la Russie et quatre États d’Asie centrale : le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. En 2016, l’organisation s’est élargie pour inclure l’Inde et le Pakistan.
Avec cette demande d’adhésion de la Turquie à l’OCS, le chef de l’État turc se montre très clair sur ses intentions vis-à-vis d’une organisation qui se présente comme un contrepoids à l’influence occidentale et ses institutions comme l’Otan, dont la Turquie est aussi membre.
Cette annonce est très mal vécue par les dirigeants occidentaux engagés dans le soutien inconditionnel à l’OTAN, organisation militaire atlantiste désormais menée ouvertement par les Américains. Pour la presse de ces pays que la propagande de guerre a rendu méconnaissable, cette annonce viendrait illustrer la façon dont Recep Tayyip Erdogan envisage les relations internationales.
Quand la propagande s’en mêle et… s’emmêle les pinceaux
Ainsi, Radio France Internationale (RFI) rapporte que « Pour le président turc, il n’y a pas de pays « amis » ou « ennemis », d’alliances permanentes ou concurrentes – au sens où l’appartenance à l’une empêcherait de rejoindre l’autre. Recep Tayyip Erdogan raisonne uniquement en termes d’intérêts, dans ses relations avec l’Occident ou, par exemple, avec la Russie ».
Mais, pour cette radio qui diffuse autant vers les anciennes colonies françaises que vers les pays où la France entretient ses intérêts par le biais de la Francophonie, « au-delà de sa politique étrangère, cette annonce illustre aussi la politique intérieure de Recep Tayyip Erdogan, qui n’a donc aucun problème à voir la Turquie rejoindre une organisation de pays majoritairement peu soucieux des droits de l’homme et des règles démocratiques ».
Il y a peu, le président français Emmanuel Macron justifiait sa visite en Arabie Saoudite sur les ondes de cette même radio. Concrètement, après la déconvenue du rejet de son sousmarin par les Australiens, la France était parvenu à vendre quelques appareils militaires à Mohamad ben Salman (MBS). Juteux contrats permettant de faire passer aux oubliettes le meurtre sanglant du journaliste Jamal Khashoggi.
Pour rappel, notre confrère, l’ancien directeur général de la chaîne Al-Arab News3, également rédacteur au journal saoudien Al Watan, qu’il avait transformé en plateforme progressiste, fut assassiné et son corps découpé le 2 octobre 2018 au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul (Turquie). Le correspondant londonnien de Reuters nous apprenait hier – 18 septembre 2022, en citant une source du ministère britannique des Affaires étrangères – que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, contrairement aux attentes britanniques, ne devrait plus assister aux funérailles de la reine Elizabeth lundi.
A la place de MBS, l’Arabie saoudite s’est fait représenter par le prince Turki bin Mohammed al Saud. Le prince Turki, petit-fils de feu le roi Fahd est ministre d’État et membre du cabinet depuis 2018. Il fait partie de la « nouvelle génération » portée au pouvoir par le prince MBS.