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Avec la Suède, la Finlande met fin à sa neutralité militaire en demandant l’adhésion à l’Otan
Le ministère finlandais de la Défense a déclaré que le deuxième budget du gouvernement pour 2022 allouera environ 669,4 millions d’euros (706,7 millions de dollars) de financement supplémentaire à l’armée finlandaise, dans un communiqué publié vendredi. Le communiqué ajoute que les aides d’État pour gérer, superviser et développer la formation militaire volontaire seront augmentées d’un peu moins de 3,2 millions d’euros cette année. Depuis que la Russie a initié ses opérations militaires en Ukraine le 24 février, la Finlande et la Suède ont déclaré leur intention de mettre fin à des décennies de neutralité militaire pour rejoindre l’OTAN. Le président russe Vladimir Poutine a évoqué à plusieurs reprises ses inquiétudes concernant l’expansion vers l’est de l’alliance transatlantique, déclarant que c’est l’une des raisons majeures pour lesquelles son pays est intervenu chez son voisin.
Les temps sont ainsi devenus très favorables pour l’industrie de l’armement : la Finlande a augmenté son budget militaire, exprimant des craintes que la Russie ne riposte militairement contre son voisin nordique suite à sa demande d’adhérer à l’OTAN.
La Finlande partage une frontière de plus de 800 milles avec la Russie. Moscou a averti à plusieurs reprises qu’il y aurait des « mesures de représailles » si la Finlande et la Suède rejoignaient l’OTAN, y compris le déploiement possible d’armes nucléaires. Helsinki se dit de plus en plus préoccupée par sa sécurité, évoquant ce qu’elle qualifie d’« agression » de la Russie en Ukraine. Pour Moscou, le plan d’expansion de l’Otan vers les frontières russes est désormais une évidence qui ne peut être niée.
Il faut faire ressortir que la Turquie a exprimé son hostilité à l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN. Le président finlandais Sauli Niinistö a déclaré qu’un « dialogue étroit se poursuivait » avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan au sujet des menaces d’Ankara de faire dérailler la candidature d’Helsinki à l’OTAN. Niinistö a déclaré samedi qu’il avait parlé avec Erdogan lors d’un « appel téléphonique ouvert et direct ».
Au sein de l’OTAN, on craint que la Russie ne tente de répondre durant la « période grise » avant que les deux pays candidats à l’adhésion à l’OTAN ne deviennent officiellement membres de l’alliance militaire occidentale. Bien que la paire puisse être membre dès cet été, le processus prendra probablement plus de temps que cela, car les parlements des 30 pays de l’OTAN doivent approuver toute demande d’adhésion.
Le 5 avril, l’État nordique a annoncé qu’il augmenterait ses dépenses de défense de 2,2 milliards d’euros au cours des quatre prochaines années, dont 788 millions d’euros en 2023, puis de 408 millions d’euros par an jusqu’en 2026. Il s’agit d’une augmentation d’environ 70 % par rapport au précédent budget de la défense.
« La guerre en Europe a fondamentalement changé notre environnement de sécurité », avait alors déclaré le ministre finlandais de la Défense, Antti Kaikkonen, dans un communiqué. « Pour cette raison, nous avons décidé d’allouer une augmentation budgétaire significative aux forces de défense », avait-il ajouté.
Dans la nouvelle dotation budgétaire au ministère de la Défense, le gouvernement finlandais prévoit d’allouer 176 millions d’euros aux dépenses de fonctionnement et 490 millions pour accélérer l’achat d’équipements de défense.
Le gouvernement a également annoncé son intention de dépenser environ 1,7 milliard d’euros pour « l’approvisionnement à plus long terme » de matériel militaire entre 2022 et 2027. Il financera l’acquisition d’armes antichars et antiaériennes, d’équipements de chasse, de munitions d’artillerie, de matériel d’entretien de terrain et de missiles pour la défense navale et aérienne, a indiqué le ministère.