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Shell ne pourra pas chercher du pétrole et du gaz dans les eaux d’Afrique du Sud. Un tribunal sud-africain a prononcé mardi, le 28 décembre 2021, l’interdiction pour le géant des hydrocarbures de mener une exploration sismique au large de la touristique “Wild Coast” (sur la côte est). La “Wild Coast”, connu pour ses paysages sauvages spectaculaires, s’étend sur quelque 300 km et compte plusieurs réserves naturelles et zones marines protégées.
Au début du mois, un tribunal avait rejeté la demande des écologistes Sud-Africains pour une interdiction urgente de ce projet de recherche de gisements de pétrole et de gaz, par campagne sismique, prévu sur quatre à cinq mois dans la région, sur une surface de plus de 6.000 km2. Mais, au bout du compte, c’est une zone ouverte sur l’océan Indien qu’ils sont parvenus à arracher de la convoitise d’un des plus puissants exploitants des hydrocarbures, les juges ayant retenu leurs arguments quant aux répercussions sur la faune marine.
Interrogé par l’AFP, un porte-parole de Shell a affirmé : « Nous respectons la décision du tribunal et avons suspendu l’étude pendant que nous examinons le jugement ». « Des études de cette nature sont menées depuis plus de 50 ans, avec plus de 15 ans de recherches scientifiques approfondies », a-t-il argumenté. « L’Afrique du Sud est fortement dépendante des importations pour une grande partie de ses besoins énergétiques. Si des ressources viables étaient découvertes en mer, cela pourrait contribuer de manière significative à la sécurité énergétique du pays », a-t-il ajouté.
Bafouer les droits constitutionnels des communautés indigènes
La justice sud-africaine a interdit à Shell « de poursuivre l’exploration sismique sur la Wild Coast le géant pétrolier ayant bafoué les droits constitutionnels des communautés indigènes concernées », rapporte le Mail & Guardian. Le projet de prospection sismique de pétrole et de gaz de la compagnie anglo-néerlandaise aurait causé « des dégâts importants et durables à la vie marine », selon les défenseurs de l’environnement. Il aurait eu « un impact sur les moyens de subsistance et les droits coutumiers et institutionnels » des communautés de pêcheurs locales, souligne le quotidien sud-africain.
Le ministre sud-africain de l’Energie qui avait défendu le projet de Shell, a accusé ses détracteurs de faire barrage aux investissements économiques dont le pays a besoin. Les frais de justice des plaignants, des habitants de cette côte largement préservée donnant sur l’océan Indien, seront payés par le ministère de l’Énergie sud-africain et par Shell.
Le projet de recherches de Shell, qui devait s’étendre sur cinq mois sans interruption, impliquait l’envoi d’une puissante onde de choc toutes les dix secondes, 24/24h. Shell avait assuré prendre toutes les précautions pour « éviter ou minimiser l’impact sur les poissons, mammifères marins et autres espèces sauvages », dans la zone de recherche située à plus de 20 km de la côte dans des eaux profondes de 700 à 3 000 mètres.
Selon les écologistes, ces détonations risquent de perturber le comportement de la faune, son alimentation, sa reproduction ainsi que les migrations, notamment celle des baleines, la plupart des animaux marins s’appuyant sur l’audition.
« C’est une immense victoire », s’est félicitée Katherine Robinson, de l’ONG Natural Justice qui était partie civile dans le premier recours en justice contre le projet. Cette décision de justice survient, en effet, après de nombreuses manifestations d’écologistes et opposants dans le pays dans la première moitié de décembre.
« Si nous voulons lutter contre le changement climatique, nous devons résister à l’exploitation du pétrole et du gaz en Afrique du Sud et sur tout le continent, même si les lobbies sont incroyablement forts », a-t-elle insisté.