Johnson & Johnson : Après le talc, les autorités indiennes incriminent le shampooing

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Le Drugs Controller General of India (DCGI), l’agence indienne chargée du contrôle des drogues a révélé que des échantillons de shampooing pour bébé de Johnson & Johnson (J&J) prélevés sur deux lots avaient échoué au test de qualité car ils contenaient des «ingrédients nocifs». Les constatations du régulateur indien interviennent quelques mois après que les autorités indiennes aient lancé une enquête sur la poudre pour bébé de l’entreprise  américaine pour vérifier si elle contient de l’amiante cancérigène. Comme annoncé dès le 22 décembre par Indocile, les échantillons de shampooing et de produits de savon pour bébé de J&J avaient également été recueillis conformément à la routine dans ce genre d’enquête.

Talc et Shampooing Johnson & Johnson (Photo: Creative Commons)

La société pharmaceutique américaine a rejeté les conclusions des autorités indiennes. J&J a déclaré que les résultats obtenus par le régulateur indiquaient que le formaldéhyde avait été découvert dans les échantillons. « Nous n’acceptons pas les résultats provisoires qui nous ont été donnés, qui mentionnaient des échantillons «contenant des ingrédients nocifs – l’identification positive pour le formaldéhyde », a déclaré une porte-parole de J&J à Reuters.

Le formaldéhyde est connu comme cancérogène (une substance capable de causer le cancer) et est utilisé pour fabriquer des matériaux de construction. Des études ont établi un lien entre le formaldéhyde et un risque plus élevé de leucémie.

« Nous maintenons sans équivoque que nos produits sont sûrs et notre processus d’assurance est parmi les plus rigoureux dans le monde », a-t-elle ajouté. J&J a contesté les résultats provisoires de l’analyse gouvernementale qui étaient fondés sur des «méthodes inconnues et non précisées», selon la porte-parole.

Les deux lots du shampooing pour bébé testé ont été fabriqués à l’usine de J&J dans le nord de l’état de Himachal Pradesh et doivent expirer en septembre 2021. Le Rajasthan aurait ordonné le retrait des lots contaminés et demandé aux régulateurs dans d’autres États de suivre la procédure.

Les inspections des installations indiennes de J&J faisaient suite à une enquête de Reuters[1] selon lequel l’entreprise américaine savait, depuis des décennies, que son produit pouvait contenir de l’amiante cancérigène. A partir de l’examen de mémos de l’entreprise, des documents de recherches au plan international, ainsi que des documents déposés et des témoignages dans le cadre de procès, l’agence de presse a ainsi montré que la multinationale basée à New Jersey savait, dès 1971, que de petites quantités d’amiante étaient présentes dans le talc.

Selon Reuters, les scientifiques ont longtemps lié l’amiante au mésothéliome, qui est associé à l’ovaire et d’autres cancers. La société américaine a décrit cette enquête comme étant «unilatéral, faux et inflammatoire». 
Aux Etats-Unis, J&J a commencé à subir des revers judiciaires retentissants : En juillet dernier, un tribunal du Missouri avait ordonné à cette société de payer $4,7 milliards USD d’indemnisation et des dommages-intérêts à 22 femmes aux États-Unis qui avaient revendiqué que l’amiante dans son talc leur avait causé un cancer de l’ovaire. En Californie, un jury a conclu que Johnson & Johnson n’avait pas averti les consommateurs des risques à la santé pour ses produits défectueux et a accordé $29,4 millions en dommages-intérêts à Terry Leavitt et à son mari. Leavitt avait été diagnostiquée avec le mésothéliome en 2017 après avoir utilisé Johnson & Johnson’s Baby Powder et Shower to Shower dans les années 1960 et 1970.

Le cas de Leavitt est le premier procès depuis la publication de l’enquête de Reuters publiée en décembre. Plus de 12 000 plaignants ont déjà entamé des poursuites contre Johnson & Johnson, affirmant que son talc est à l’origine de leur cancer. Parmi eux, 6 000 femmes atteintes de cancer de l’ovaire.

J&J essaie de se battre contre cette avalanche de procès et est parvenu à tirer les marrons du feu sur trois procès avec des jurys en ballotage. Le producteur est aussi parvenu à obtenir un verdict favorable dans le procès que lui intentait Ricardo Rimondi. Le jury de la Cour supérieure du comté de Middlesex a conclu, la semaine dernière (mercredi 27 mars) que le demandeur n’avait pas pu prouver qu’il avait été exposé à l’amiante par l’intermédiaire de la poudre pour bébé de la compagnie.

Toutefois, les jugements défavorables, assortis à de très lourdes amendes en vue de compenser les victimes, ont refroidi les investisseurs entrainant par là-même une baisse de la valeur boursière de la firme de New Jersey.

[1] Indocile a fait part de cette investigation de Reuters dans cet article en date du 15 décembre. Cliquez sur ce lien pour accéder à l’intégralité de l’enquête


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