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Il y aurait, selon la direction de Metro Express, des « safety & security risks » aujourd’hui, le 1er mai, Fête du Travail. C’est ce qui motive la compagnie de transport public à démarrer ses opérations demain à partir de 14:00 seulement. Faudrait-il craindre des attaques terroristes, des assauts entre bandes rivales de partisans politiques, des actes de vandalisme et de dégradation des équipements publics et des trams de Metro Express ? Les risques à la sécurité qu’évoquent la compagnie qui gère le tram mauricien ne sont jusqu’ici pas spécifiés. Les agences du gouvernement ne font état d’aucun risque à ce stade, mais l’irresponsabilité de ceux à la tête des institutions de l’Etat est telle que, dans le doute, il conviendrait de s’abstenir de tout ce qui pourrait mettre la vie des citoyens en danger.
Les citoyens Mauriciens et les touristes ont de quoi s’inquiéter du communiqué émis par la compagnie Metro Express (ME). La compagnie qui gère le tram mauricien n’est pas, en principe, une vulgaire entité qui ferait planer un doute de nature sécuritaire sans qu’il n’y ait quelque fondement à cet alarmisme. On ne peut que s’attendre à ce que ME ait obtenu des renseignements suffisamment précises des agences du gouvernement pour s’autoriser une décision qui consiste à interrompre le service durant toute la matinée et jusqu’à 14:00, c.à.d. au-delà de l’heure des rassemblements politiques du jour.
Le plus surprenant c’est que le ministère des Transports publics et du métro léger n’ait toujours pas réagi à ce communiqué de ME. Le ministère de l’Emploi et des Relations industrielles non plus. Les interventions des ministres Allan Ganoo et Soodesh Callichurn demeurent – à l’heure où nous écrivons – doublement attendus car, ce sont les éléments du gouvernement dont les responsabilités sont directement engagés. En effet, Allan Ganoo aurait dû être en mesure d’expliquer pourquoi les risques dont fait mention ME impacteraient seulement ce prestataire et non pas le reste du transport public.
Il est connu que les partisans des deux principaux blocs politiques vont se déplacer avec des bus spécialement affrétés pour eux. Or, chaque année, ces bus ont pour mission de ramener dans leurs localités ces partisans, emmêchés pour la plupart et grisés par les discours batailleurs de dirigeants politiques. Ce sont donc les employés de ce secteur qui encourent chaque année les risques réels et, il est difficile d’imaginer que les risques seraient les mêmes avec ceux qui viennent assister aux meetings en indépendants, en voyageant notamment par leurs propres moyens dans les transports publics dont le métro dorénavant. Or, nous n’aurons vu aucune réaction non plus de la part des syndicats des employés des bus.
En l’absence de toute clarification des agents de l’Etat, les employés de bus sont habilités à user de leur discrétion pour juger de ce danger, réel ou supposé, qu’évoque la direction de ME pour se mettre à leur tour à l’abri de ces risques que le commissaire de police et le Premier ministre s’abstiennent d’évoquer.
Il faut savoir que le gouvernement mauricien peut se montrer particulièrement évasif voire méprisant en n’hésitant pas à ignorer certaines catégories d’employés ou de citoyens dans ses décisions. On l’aura constaté lors des inondations qui se sont produites dans le cadre du cyclone Belal quand le comité de crise du gouvernement a recommandé l’évacuation des employés du secteur public, laissant celle des employés du secteur privé à l’appréciation d’Enterprise Mauritius. Ce niveau de lâcheté institutionnelle était jusqu’ici inconnu à Maurice. Le ministre des Administrations régionales, le Dr Husnoo, responsable de ce comité de crise, n’a jusqu’ici pas eu à rendre compte de cette catastrophe même si le ministère des Finances a consenti à compenser la perte des voitures piégées et abîmées par l’accumulation des eaux.
On se souviendra également de la perte de vies humaines dans le cadre du pélerinage au Ganga Talao où, en 2023, en raison de la non-observance stricte des dispositions de la Road Traffic Act, trois personnes périrent. Nous avions dénoncé cela en 2023 et, l’impunité menant à la récidive, nous en sommes à sept morts en 2024. La responsabilité du commissaire au trafic routier ainsi que celui du commissaire de police qui a la charge d’appréhender tous ceux qui commettraient une infraction au Code de la route, sont désormais engagés. De même la responsabilité du Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Pravind Kumar Jugnauth, est aussi engagée pour ce que nous avons désigné comme un « régime d’exception » pour peu que le commissaire se désengage de ses responsabilités sous la Road Traffic Act. Nous en sommes même arrivés au point où quelques avocaillons ont poussé le propos séditieux jusqu’à affirmer que nul ne devrait se mettre en travers de leurs conceptions des pratiques hindouistes et qui ont encouragé l’élaboration de kanwars dans la folie des gigantismes. Aujourd’hui, on peut même se demander pourquoi une enquête judiciaire n’a toujours pas été commanditée. Serait-ce parce que le bureau du directeur des poursuites publiques serait déjà engagé dans une joute juridique avec un commissaire de police qui estime pouvoir disposer du pouvoir absolu de l’interpellation, des enquêtes et de la poursuite alors qu’il est déjà bien incapable d’assurer l’ordre public, sa mission première.
Le réel danger est là quand le personnel politique s’enferme dans le silence irresponsable et lâche.
Tout cela fait qu’en matière de sécurité aujourd’hui, nul ne sait à qui se fier. Pourquoi les employés du ME devraient être davanatge protégés que ceux des bus ? Quel respect des droits des travailleurs quand l’on sait que certains seraient discriminés par rapport à d’autres ? De quelle manière le gouvernement et les partis d’Opposition se conforment-ils à l’Occupational Safety and Health Act (OSHA) quand ils ne montrent aucune considération pour les employés de bus alors qu’un service comme ME revendique la cessation de son service pour des motifs de sécurité ? Est-il normal que durant toutes ces heures, ni le commissaire de police, ni le ministre de l’Intérieur n’aient cru nécessaire de réagir au communiqué de ME ? Or, OSHA prévoit que tout employé s’estimant menacé par un danger imminent peut se désengager de ses obligations professionnelles pour se mettre à l’abri sans qu’il n’ait à subir de répercussions de la part de ses employeurs.
Ainsi, en l’absence de toute clarification des agents de l’Etat, les employés de bus sont habilités à user de leur discrétion pour juger de ce danger, réel ou supposé, qu’évoque la direction de ME pour se mettre à leur tour à l’abri de ces risques que le commissaire de police et le Premier ministre s’abstiennent d’évoquer. Le silence des syndicats des employés de bus est troublant dans ces circonstances. Il appartient à la population désormais, surtout à ceux qui se prétendent soucieux des droits des travailleurs, de se démarquer des partisans politiques qui éprouveraient le besoin d’écouter coûte que coûte ce personnel politique qui ne sait se soucier de cette discrimination qui s’opère sous nos yeux. Toute cette racaille doit répondre demain autant de la sécurité de l’ensemble des Mauriciens que de la discrimination envers les employés de bus.
Et si la direction de ME se serait rendue coupable d’une affabulation quelconque et cela dans le cadre d’une machination politique, celle-ci doit en payer les conséquences et ses directeurs doivent être révoqués et faire face aux conséquences juridiques d’une telle machination. Mais, quoi qu’il puisse en être, au plan sécuritaire, il appartient à chaque citoyen de ne pas mettre sa vie en danger. Car, quand ni Jugnauth ou Ramgoolam ne sont en mesure de préciser les risques auxquels le personnel et les usagers du transport public s’exposent, ils ne méritent aucunement que les citoyens aillent les écouter en s’exposant à quelque menace indéfinie. Le réel danger est là quand le personnel politique s’enferme dans le silence irresponsable et lâche. Et il est du devoir du citoyen de se mettre à l’abri du péril.