Allégations de racket : Anil Deshmukh, le ministre de l’Intérieur du Maharashtra démissionne

Vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager. Merci d'en faire profiter à d'autres.

Temps de lecture : 3 minutes
Anil Deshmukh, accusé d’être à la tête d’un racket gigantesque au Maharashtra

Anil Deshmukh, le ministre de l’Intérieur du Maharashtra annonçait, à la mi-mars, que le commissaire de police de Mumbai, Param Bir Singh, était transféré au service de la Garde nationale et Hemant Nagrale devenait le nouveau commissaire de police de Mumbai. Revirement de la situation deux semaines plus tard : la Cour suprême vient d’ordonner au Central Bureau of Investigation (CBI) d’enquêter sur les allégations de Bir Singh à l’effet que Deshmukh serait à la tête d’un immense racket sur les commerces de Mumbai. Une décision qui a forcé le ministre à la démission aujourd’hui.

Avec ses revirements multiples, ce feuilleton politico-mafieux tient en haleine une population indienne pourtant habituée aux scripts de Bollywood aux rebondissements parfois invraisemblables. Mais là, il ne s’agit plus d’acteurs ; seulement des ministres et des responsables de la police engagés dans un rapport de force avec, pour toile de fond, les activités de la pègre de Mumbai.

L’implication présumée de Sachin Vaze, un policier de Mumbai aujourd’hui suspendu, dans ce complot d’attentat à la voiture piégée devant la résidence de Mukesh Ambani et la mort du propriétaire du véhicule, Mansukh Hiren, ont laissé la police et le gouvernement dans un embarras sans pareil.

Le ministre de l’Intérieur de l’État, Anil Deshmukh, ainsi que le commissaire de police de Mumbai Param Bir Singh se sont ainsi trouvés sous le feu des critiques. Dans la perception populaire, ce n’était qu’une question de temps avant que la guillotine ne tombe sur Param Bir Singh. Ce qui est effectivement arrivé.

Pourtant la semaine dernière, Jayant Patil, le chef du National Congress Party (NCP) déclarait : « Il n’est pas question que le ministre de l’Intérieur Anil Deshmukh soit remplacé. Il n’y a pas de remaniement ministériel en cours ». Suite aux graves allégations formulées par le commissaire écarté, il assurait que des mesures seraient prises contre les personnes trouvées coupables dans le cas de la récupération du SUV ainsi que la mort mystérieuse de Mansukh Hiran. Cet homme d’affaires de Thane avait affirmé que le véhicule lui avait été dérobé…

Le commissaire déchu Param Bir Singh a une grande connaissance de la pègre de Mumbai. Si ces renseignements sont à jour, il n’y a pas qu’Anil Deshmukh qui va tomber.

Le transfert de Param Bir Singh intervenait après l’arrestation de Sachin Waze, par la National Investigation Agency (NIA). La NIA avait procédé à cette arrestation dans le cadre de l’enquête sur la récupération d’un SUV chargé d’explosifs près de ‘Antilia’, la résidence de l’industriel Mukesh Ambani.

Connu pour être un officier de police de nature volontariste, Param Bir Singh a eu une carrière remarquable. Il s’est d’abord fait connaître durant son mandat d’adjoint au commissaire de police de la célèbre Crime Branch, la Direction générale de la criminalité à Mumbai. En effet, à la fin des années 1990, il a joué un rôle-clé dans la lutte contre les crimes liés à la pègre du Maharashtra.

Et c’est justement dans ce registre que s’inscrivent les allégations du commissaire déchu à l’encontre de celui qui jusqu’à ce matin était ministre de l’Intérieur.

Quelques jours après avoir été écarté, Singh a écrit une lettre au ministre en chef du Maharashtra, Uddhav Thackeray, alléguant qu’Anil Deshmukh, le ministre de l’Intérieur de l’État, avait demandé à Sachin Waze, actuellement mis en détention par la NIA, et à d’autres policiers de recueillir 100 Rs crore[1] par mois, y compris Rs 50 crore à Rs 60 crore dans les bars et restaurants de Mumbai.

La patate était trop chaude toutefois pour un règlement politique. C’est vers la cour suprême que l’ex-Commissaire de police s’est finalement tourné. Avec l’issue favorable à sa requête, c’est le ministre de l’Intérieur qui se retrouve concerné au premier chef par cette histoire de racket susceptible de faire tomber d’autres parrains de la mafia politico-financière en Inde.


[1] Un crore équivaut à 10 millions.


Vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager. Merci d'en faire profiter à d'autres.

Un commentaire sur « Allégations de racket : Anil Deshmukh, le ministre de l’Intérieur du Maharashtra démissionne »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *