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Au lendemain du limogeage du ministre de la Défense, les commandants de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air ont démissionné hier, (mardi, le 30 mars). Le conflit avec Jair Bolsonaro, le président brésilien, sur fond de la gestion de la crise sanitaire liée à la Covid-19, est désormais à son apogée; la crise entre l’exécutif brésilien et l’armée serait la pire depuis 1977.
Le ministre brésilien de la Défense, Fernando Azevedo, un général de réserve, était limogé lundi par Jair Bolsonaro. Walter Braga Netto, lui aussi un général à la retraite, était aussitôt nommé à ces fonctions. Mais il ne suffisait pas de remplacer un général par un autre pour résoudre le conflit avec l’armée. Bolsonaro le réalisait quand, le lendemain, le général Edson Leal Pujol (commandant de l’armée de terre), l’amiral Ilques Barbosa (commandant de la marine) et le lieutenant-brigadier Antônio Carlos Bermudez (commandant de l’armée de l’air) ont remis leur démission.
En suggérant de déclarer un « état de défense » afin d’empêcher la mise en place de confinements dans tout le pays – prévu pour rétablir l’ordre public –, Bolsonaro aurait, selon les quotidiens du pays, « franchi une ligne rouge ». En effet, le malaise suscité par le limogeage inattendu d’Azevedo a désormais tourné en conflit entre le président et l’armée.
Le président opposé au confinement
Pourtant Bolsonaro considérait que le ministre de la Défense et l’armée lui était acquis. « Mon armée » ne permettra pas de telles mesures, avait-il déclaré publiquement pour exprimer son opposition aux confinements décidés par les gouverneurs des États brésiliens afin de freiner la propagation du coronavirus. Déjà qu’il avait dû accepter le principe de la vaccination contre son gré, l’opposition au confinement était devenu une « obsession » pour le président brésilien.
En somme, comme l’explique la presse brésilienne, Bolsonaro redoute que les mesures de restriction – moins populaires que la campagne de vaccination – rendent sa réélection en 2022 encore plus difficile.
Selon la Folha de S. Paulo[1], tous les généraux ont « réaffirmé » que l’armée brésilienne ne participera à aucune « aventure » autoritaire, et le mot d’ordre est de « calmer les esprits ». On redoute, bien entendu, d’éventuels troubles dans les casernes. D’autant plus que ce 31 mars marque le 57e anniversaire du coup d’État militaire de 1964…
La crise entre l’exécutif et l’armée brésilienne serait la plus importante depuis 1977, notamment lorsque le ministre de la Défense Sylvio Frota avait été renvoyé en pleine dictature militaire. Mais la presse brésilienne présente quasi unanimement comme « une première dans l’histoire du Brésil » le fait que trois commandants des forces armées brésiliennes aient donné leur démission conjointement en raison d’un désaccord avec le président de la République.
Les départs des chefs militaires ont suivi le remplacement
inattendu lundi de cinq autres membres du cabinet.
[1] L’un des plus vieux quotidien de São Paulo, datant de 1921.