​Poisson d’avril : L’Express publie un article sur Nigel Soobiah… sans réaliser de qui il s’agit!

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Avoir la possibilité d’interviewer un membre de la mafia sicilienne de New York, c’est une chance qu’un journaliste ne voudrait pas rater. Et quand cette personne s’adresse à une journaliste sans que celle-ci ne réalise à qui elle a affaire, l’histoire, surtout lorsqu’elle est publiée un 1er avril, paraît tellement invraisemblable que l’on peine à y croire. Et c’est pourtant ce qui s’est passé avec Nigel Soobiah, le Mauricien arrêté par deux fois dans des opérations du FBI contre la mafia de New York et la famille Gambino en particulier.

Nigel Soobiah assis à la gauche de Giuseppe Gambino (debout) lors d’une de leurs arrestations en Italie

A part les arrestations fortement médiatisées dont il a fait l’objet à New York, Nigel Soobiah fait très peu parler de lui. D’ailleurs, c’était Indocile qui évoquait son histoire exceptionnelle dans le cadre des opérations de la Pizza Connection et BUSICO. Et la première fois que l’on entendait parler de lui à Maurice, c’était dans le cadre de l’arrestation, en décembre 1985, des Amsterdam Boys, les quatre parlementaires mauriciens arrêtés à l’aéroport de Schipol parce que l’un d’entre eux, le député Satyanand Pelladoah, avait 20 kilos d’héroïne dans sa valise. Nigel Soobiah résidait alors aux Pays Bas où il se faisait passer pour un négociant en art plastique.

Dans son édition du 1er avril, L’Express faisait état du témoignage d’un passager du vol MK042 en partance pour Londres et qui a dû retourner à Plaisance en raison de problèmes techniques au train d’atterrissage semble-t-il. Terrifié, dit-il, par les bruits qu’il entendait, il a d’abord sollicité les PNC (personnel navigant cabine) en appuyant sur le bouton d’assistance, puis s’est levé pour les interpeller et s’est fait rappeler à l’ordre. Ce qu’il n’aurait pas apprécié, explique-t-il au journaliste, à qui il ajoute qu’il entend porter plainte contre la compagnie d’aviation.

L’article nous apprend que c’est le témoin lui-même qui, de l’hôtel où il a été hébergé suite à l’incident, a téléphoné à L’Express. Notre consœur Karen Walter qui signe l’article présente son témoin, Sivan Subiah. A ce niveau, c’est à dire la manière dont le nom s’écrit, le doute peut encore subsister. Car, il y a très peu de personnes qui savent que le nom de l’ancien haut-commissaire de Maurice à Londres s’écrivait de cette manière. Seuls quelques personnes originaires comme lui du village de Réduit se souviennent des « Subiah ».

Mais le prénom Sivan, dans l’article, retient bien notre attention. Dans les documents produits en cour à New York, Nigel Soobiah a aussi pour prénom : Sevan. L’âge aussi correspond. On aurait cru le septuagénaire plus discret sur son identité, mais pas du tout. Il allait pousser le bouchon aussi loin jusqu’à expliquer à la journaliste qu’il est « le fils de celui qui a été haut-commissaire de Maurice à Londres en 1988 ». A ce niveau, il ne peut y avoir aucun doute : c’est bien Nigel Sevan Soobiah, le narco-trafiquant de la famille Gambino, qui faisait la conversation à Karen Walter !

Nigel Soobiah – ou Subiah – aura donc séjourné à Maurice durant trois semaines. Un séjour qui survient peu après l’assassinat de Franck Cali (Francesco Cali, dit « Franky Boy »), le parrain de la famille Gambino, abattu devant sa demeure à Staten Island à New York. La famille Gambino est l’une des cinq grandes familles de la mafia sicilienne à New York et cela faisait 25 ans qu’aucun parrain n’y avait été abattu. 

Pour rappel, l’ancien haut-commissaire, Soo Soobiah avait sollicité la Cour Suprême récemment pour pouvoir reconvertir ses comptes à la SICOM à son nom après avoir constaté qu’il détenait désormais ces comptes conjointement avec son petit-fils, Munir Iqbal Soobiah. Ce dernier est le fils de Nigel, de qui le grand-père cherche à se protéger ainsi que ses avoirs. Il avait fait plusieurs dépôts à la SICOM : le 19 août 2013, il avait déposé Rs 3,5 millions, le 10 mars 2014 Rs 900 000 et le 24 juillet 2014 Rs 1,3 million. L’ex-diplomate possède aussi un compte bancaire personnel à la SBM.

Cela n’aurait pas échappé à Suresh Moorla, le chroniqueur judiciaire de L’Express qui a l’avantage de l’âge par rapport à Karen Walter. Mais c’est ainsi que le 1er avril, L’Express nous apprenait que le poisson… s’est envolé ! 


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