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Entre pro et anti-Trump, le parti républicain a fini par choisir. Les élus conservateurs de la Chambre des représentants ont fini par se prononcer en faveur de l’exclusion Liz Cheney de ses fonctions de direction, notamment son poste de numéro 3 du groupe républicain à la Chambre. La conservatrice élue du Wyoming, fille de l’ancien vice-président Dick Cheney, paie ainsi son opposition à Donald Trump, qui garde malgré sa défaite une main mise sur un parti républicain qu’il pourrait détruire s’il décidait de créer une nouvelle formation politique avec ses partisans, en vue des élections de mi-mandat en 2022 et de la présidentielle de 2024. Mais, en raison justement de cette perspective, Liz Cheney pourrait être la plus apte à incarner la tradition du parti républicain face à une formation d’extrémistes pro-Trump.
« Nous devons dire la vérité : notre élection n’a pas été volée, et l’Amérique n’a pas échoué », martelait la représentante de l’unique district du Wyoming devant la Chambre, « Rester silencieux et ignorer le mensonge enhardit le menteur ». Avant d’être évincée de sa position de numéro 3 du parti à la Chambre des représentants, la républicaine Liz Cheney continuait de défier ses collègues et l’ancien président Trump.
Depuis des semaines, les patrons des républicains repoussaient toute décision sur le sujet, refusant d’exclure Liz Cheney et les 16 autres élus (à la Chambre et au Sénat) qui avaient voté en faveur de la mise en accusation puis de la condamnation de Donald Trump pour « incitation à l’insurrection » après l’invasion du Capitole, le 6 janvier dernier.
A la veille du vote sur son leadership, contesté par une frange importante de son parti restée fidèle à l’ex-président républicain, la présidente de la Conférence républicaine à la Chambre persistait et signait dans une allocution de quelques minutes prononcée face à la presse. « Nous faisons face à une menace que l’Amérique n’a jamais vue auparavant : un ancien président qui a provoqué une attaque violente contre le Capitole dans le but de voler l’élection a repris ses efforts agressifs pour convaincre les Américains que l’élection lui a été volée », a-t-elle insisté.
Ce faisant, Liz Cheney décochait au passage une flèche en direction de ceux de ses collègues restés fidèles à l’ancien président Trump et ceux qui essaient de s’accommoder d’une situation devenue embarrassante pour maintenir leurs sièges à la Chambre des représentants. Le sort de la fille de Dick Cheney, vice-président dans l’administration du républicain George W. Bush, était scellé cette fois de manière inéluctable.
Au-delà des conséquences à court terme
« L’Histoire nous regarde. Nos enfants nous regardent. Nous devons être assez courageux pour défendre les principes de base qui appuient et protègent notre liberté et notre processus démocratique. Je me suis engagée à faire cela, peu importe les conséquences à court terme », écrivait-elle une semaine plus tôt dans un texte publié dans le Washington Post.
Liz Cheney avait pourtant survécu à la grogne républicaine lors d’un vote sur son leadership en février dernier. Toutefois, selon les médias américains, cette républicaine, traditionaliste et conservatrice, n’entretenait aucune illusion quant au sort qu’allait lui réserver son parti cette fois. Au point que, selon le Washington Post, devant la futilité de l’effort elle n’a même pas tenté de convaincre en coulisses les élus républicains de la maintenir en poste.
Les fonctions de direction jusqu’à présent occupées par Liz Cheney reviennent, sans surprise, à l’élue new-yorkaise Elise Stefanik, qui a obtenu le soutien de Donald Trump. L’ancien président voit en elle une « star » du parti républicain et l’a qualifiée de « communicante douée » sur une page de son site officiel sur laquelle il publie des messages à l’image des tweets dont il est privé depuis janvier. « Elle sait gagner, ce qui est ce dont nous avons besoin! », a ajouté celui qui a perdu la majorité à la Chambre et au Sénat durant son mandat.
Plusieurs des 10 républicains qui ont voté pour la mise en accusation de Donald Trump pour sa responsabilité dans l’assaut du Capitole par des centaines de ses partisans, en janvier dernier, ont été sanctionnés par les instances locales de leur État respectif pour leur vote. Il en est de même pour les sept sénateurs républicains qui l’ont ensuite jugé coupable, à l’issue d’un procès ayant mené à son acquittement.