Air Mauritius: Ultimes pressions sur l’AMCCA

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Désinformation et ultimatum au menu

Quel EXIT pour le personnel navigant cabine d’Air Mauritius?
Les premiers exposés aux risques sanitaires, quantité négligeable dans un plan d’administration

A quelques jours de l’assemblée générale de la Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA), les administrateurs de la compagnie nationale d’aviation, ainsi qu’un front de déstabilisation opérant en interne dans la compagnie, tentent une énième tour de force pour vaincre la résistance exceptionnelle de l’exécutif du syndicat du personnel navigant cabine (PNC). Ainsi, certains membres d’équipage d’Air Mauritius (MK) font face à un ultimatum, posé pour le 29 juillet, soit à deux jours de la tenue de l’assemblée générale de l’AMCCA, pour signer un nouveau contrat de travail. Dans la foulée, on assiste à une campagne de désinformation identique à celle menée en juin dernier à quelques jours de la première confrontation entre l’AMCCA et les administrateurs devant l’Employment Relations Tribunal (ERT).

L’article de Week-End hier (26 juillet), intitulé « Les retraités de MK privés de leur droit à la pension » avait de quoi jeter le trouble parmi les PNC d’Air Mauritius. Toutefois, le lecteur plus averti de la situation de la compagnie d’aviation aura très vite réalisé qu’un tel article procède de la désinformation. En effet, dans son deuxième sous-titre, Week-End affirme : « Entre 800 et 1 500 membres du Cabin Crew pourraient être déclarés Redundant au terme du MK Rescue Plan et élimination des Flight Pursers dans le redéploiement ». Or, le contingent des PNC s’élève à environ 500 seulement !

Où est-ce que le rédacteur de cet article a pu trouver ces 300 PNC supplémentaires qu’il impute au bas mot au personnel de MK ? Comment ce rédacteur du dimanche est-il parvenu à gonfler le nombre de PNC par trois à l’extrémité de sa fourchette d’approximation ? Bien sûr que cela sent l’enfumage à plein nez ! Et ça fait tâche quand le rédacteur de cet article cite à profusion le seul point de vue des administrateurs ! Parce que pour que cela se produise, cela pourrait dire que les administrateurs ne sont toujours pas au courant du nombre de PNC qui sont en service chez MK. Ou alors, ce serait le rédacteur de Week-End qui serait aussi ignorant qu’inapte à exercer le métier de journaliste. Car, ce métier consiste justement à vérifier les informations qui lui sont transmises puisque, à défaut, et notamment en se fiant à une seule source, on se réduit à n’être qu’un vulgaire colporteur de ragots sous les arbres à palabres du village mauricien.

L’article de Week-End prétendant que les PNC feraient jusqu’à 50% du personnel d’Air Mauritius.

Cet article de Week-End vient cristalliser une situation qui dure depuis un certain temps déjà ; à savoir qu’il était nécessaire de procéder à l’ajustement du fonds de pension afin que son gestionnaire soit en mesure de payer les employés partant à la retraite. Or, le gestionnaire, en l’occurrence Swan à travers ses Trustees dont des représentants des bénéficiaires, n’est pas dans l’incapacité de payer. L’assureur serait, à défaut du financement d’ajustement lui-même, en attente d’un engagement des administrateurs avec un plan un tant soit peu cohérent, qui offrirait suffisamment de visibilité sur ses options et les capacités futures dont ils pourraient doter la compagnie, pour pouvoir procéder au décaissement en faveur des nouveaux pensionnés.

C’est bien ce dont les administrateurs n’ont pas été capables de réaliser jusqu’ici. Et qui vient attester de ce que nous avancions déjà depuis le 22 mars dernier, notamment : « Satar Hajee Abdoula brasse du vent… mais ne décolle pas ! ». Car, c’est vraiment brasser du vent que d’ergoter des termes juridiques en latin à un reporter inculte tout fier de pouvoir écrire « pari passu » dans son article sans rien comprendre des implicites de l’argumentaire. En effet, si ce terme se réfère au fait que tous les créanciers demeurent sur un pied d’égalité dans un exercice d’administration, il n’écarte pas pour autant la réalité des options proposées par les administrateurs à ceux des PNC qui ont complété leur temps de service de 33,33 années. Or, ceux-ci ont bien convenu des propositions qui leur avaient été faites par les administrateurs pour le Early Retirement Scheme et l’élément de la pension ne figurait pas au contrat comme sujet à condition. Or, par voie de presse, les administrateurs évoquent aujourd’hui des difficultés de trésorerie pour éventuellement se désengager sur lesdites options qu’ils avaient initialement proposées. A partir de là, ce serait raison garder de considérer que le contrat puisse éventuellement être attaqué pour duperie.

Cette opération médiatique est du même type que celle entreprise par le gouvernement et les entités engagées dans les opérations du tram auprès des propriétaires terriens de l’avenue Sivananda à Curepipe. Eux aussi avaient eu recours à un journaliste du groupe Le Mauricien pour prétendre à un contrat de gré à gré. Indocile dénonçait alors le caractère mensonger d’une telle affirmation puisque les propositions faites relevaient plutôt d’un contrat d’adhésion à une expropriation. Là encore, la désinformation se greffait à un échéancier et, là cette fois, dans le cas des PNC d’Air Mauritius, de nombreux éléments d’incertitudes mobilisent les esprits et les passions à l’approche de l’assemblée générale de l’AMCCA.

Réputé pour la manière dont il est parvenu à assujettir les responsables syndicaux au sein de Mauritius Telecom, Shery Singh ne lâcherait pas l’affaire. Sa présence est régulière au siège de MK,1, où on le désigne comme responsable d’un « Facilitation Committee », dont on ne sait, si ledit comité existe formellement, à quel moment il aurait été constitué et par qui ! Comment jongle-t-il entre son parachutage au conseil de surveillance de MK et des fonctions exécutives au sein de cette même entité ? Personne n’ose la question, dispensant ainsi les administrateurs d’avoir à y répondre.

Faire tomber la présidente

Cette assemblée procure une occasion aux zélateurs du gouvernement en place de tenter de déchoir Yogita Babboo-Rama et son équipe de l’administration du syndicat. Car, c’est le seul syndicat au sein de la compagnie nationale d’Air Mauritius à avoir fait montre de détermination pour fonctionner dans les règles. On se souviendra que les administrateurs s’étaient initialement montrés opposés à toute négociation avec le personnel. Des responsables syndicaux et certains intrigants avec des accointances politiques ont, par contre, rencontré Shery Singh, le patron de Mauritius Telecom parachuté au conseil de surveillance (board) de MK. Ce sont ces employés qui ont alors multiplié les initiatives et exercé leur influence pour que l’AMCCA enlève son recours à la justice. De l’autre côté la presse de propagande du gouvernement menait la charge médiatique jusqu’à la veille de cette comparution devant l’ERT.

Malgré cet important feu de barrage, l’AMCCA est, d’une part, parvenu à se constituer créancier (permettant par cette démarche à l’ensemble du personnel de MK de s’y retrouver) et, d’autre part, a pris les devants pour solliciter l’ERT et recourir à la Cour Suprême, parvenant ainsi à contraindre les administrateurs à la négociation. Car, malgré les pantalonnades de Satar Abdoula qui, face aux journalistes, affirmait qu’il n’avait pas de problème à ce que des employés aient recours à la justice, il s’est néanmoins déculotté à l’heure de l’épreuve devant l’ERT pour proposer des négociations à l’AMCCA, en contrepartie du retrait de leur requête devant cette instance et devantla Cour Suprême.

Dans un récent courrier à certains membres d’équipage, les administrateurs expliquent qu’ils seraient parvenus à des accords avec ceux des employés qui devraient rester en service. Toutefois, reconnaissent-ils, « In the case of Air Mauritius Cabin Crew Association (‘AMCCA’) a final agreement is yet to be approved by the general assembly of the association ». Or, sachant que ladite assemblée générale est prévue pour le vendredi 31, le courrier adressé à ces membres d’équipage leur enjoint de signer les nouvelles conditions de travail avant l’échéance du 29 juillet.

Le procédé paraît déloyal et il l’est fort probablement, au point de se demander s’il n’est pas de nature à compromettre l’accord auquel l’exécutif de l’AMCCA était parvenu avec les administrateurs. Mais si le but est d’embarrasser cette équipe face à ses membres désormais aux abois, les zélateurs du gouvernement seraient alors assez proches de leur objectif. Il leur reste alors à trouver des éléments de remplacement pour l’exécutif ; plus facile à dire qu’à faire.

Ravi Hardowar semblait un élément bien disposé à s’improviser flûtiste de Hamelin pour mener ses collègues dans les eaux troubles de cette bien singulière administration. Il se prévalait même auprès de quelques collègues de liens de parenté avec Shery Singh et s’était opposé à la démarche de retenir les services juridiques de Dentons. Toutefois, il fait aujourd’hui partie de ceux qui s’agitent faute d’avoir reçu le courrier des administrateurs pour de nouvelles conditions de travail.

Yogita Babboo, la petite femme frêle, modeste veuve qui a encore besoin de s’occuper de son enfant en bas âge, n’avait pas prévu de livrer une bataille aussi ardue. Ni même n’avait-elle prévu d’assumer la présidence de son syndicat. Elle se plaisait bien dans le rôle de soutien aux membres de l’exécutif, jusqu’à ce moment où lui confier la présidence de l’AMCCA relevait d’une évidence.

Un syndicat, on l’aura compris, ne constitue pas son exécutif avec quelques agitateurs manipulés par des zélateurs du gouvernement. Encore plus en ces temps d’incertitudes, les membres ont besoin d’éléments fédérateurs pour contrer des coupes drastiques et des réductions de personnel en l’absence de tout plan et de stratégies d’exploitation commerciale. Et c’est justement à ce niveau que, contre toute attente, Yogita Babboo-Rama et son équipe ont sollicité un grand cabinet d’affaires pour représenter ses membres. obtenant ainsi des droits que les administrateurs entendaient leur nier. Et c’est surtout pour cela que certains aimeraient bien la voir tomber.

1Au Paille-en-Queue court, à la rue John Kennedy à Port-Louis.


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