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Pénurie de stocks de contraceptifs dans les établissements de santé publique en Afrique du Sud. L’association des médecins ruraux d’Afrique du Sud estime que cela représente un risque énorme de grossesses non planifiées.
« Notre projet, The Stop Stockout, a reçu des rapports sur ces ruptures de stock de contraceptifs, en particulier l’injection de Depo, l’injection hormonale administrée aux femmes tous les deux ou trois mois. Les implications de cette situation sont que le pouvoir de choix a disparu. Nous avons quelques données de 2017 qui montrent que le contrat avec le fournisseur a été résilié et que cela a entraîné des perturbations. Cependant, par la suite, il n’y a eu aucune communication du ministère de la Santé pour expliquer la raison de cette situation », explique Dr Indira Govender.
Une étude indépendante réalisée il y a peu par le projet Ritshidze, une organisation de surveillance des cliniques communautaires, indique que ces ruptures représentent 40 % de toutes les ruptures de stock de médicaments signalées. Mais, le ministère sud-africain de la Santé, en réponse aux questions sur la pénurie de contraceptifs, a publié une déclaration officielle indiquant qu’il n’a pas connaissance de contraintes d’approvisionnement. Mieux encore : le communiqué affirme que, selon le plan d’approvisionnement, les fournisseurs disposent de stocks suffisants pour répondre à la demande. Négation totale des autortités sanitaires !
Le Docteur Indira Govender, membre de l’association des médecins ruraux sud-africains, a déclaré que les informations sur l’épuisement des stocks de contraceptifs provenaient de 400 établissements de soins de santé primaires en Afrique du Sud.
Les agents de santé des établissements publics ont été contraints de donner aux patientes des moyens de contraception alternatifs. Cependant, les experts en droits de la santé affirment que ce n’est pas une solution durable en raison des effets secondaires tels que les changements hormonaux.
Claire Waterhouse, coordinatrice régionale du plaidoyer de Médecins sans frontières, explique pour sa part que « De nombreux professionnels de la santé, durant cette pénurie de contraceptifs, ont recommandé une méthode alternative ; ce qui n’est évidemment pas une réponse déraisonnable de la part d’un professionnel de la santé qui veut faire au mieux pour son patient. Nous savons que les femmes qui n’ont pas accès aux contraceptifs peuvent avoir besoin de négocier l’utilisation de préservatifs et nous savons que l’Afrique du Sud a un taux élevé de violence sexiste, donc ces négociations peuvent être difficiles ».
De manière générale, les Sud-Africains, et les femmes en particulier, pensent que le fait de ne pas respecter les stocks de contraceptifs constitue une menace à la santé reproductive des femmes et pour l’équilibre des familles. Thando Cuba , basé à Johannesburg, estime que le ministère de la Santé devrait concentrer son énergie pour s’assurer que les stocks sont suffisants dans les établissements de santé publique du pays. Selon ses propos cités par Africa News : « Cette pénurie me concerne aussi parce qu’elle nous expose aux grossesses non désirées. En réalité, sans accès à la planification familiale gratuite, cela nous coûtera financièrement si nous devrons maintenant nous tourner vers la pharmacie. Nous ne pouvons pas nous le permettre ».
Amanda Magazi, sa compatriote, cité par le même journal, abonde dans le même sens : « La pénurie de stocks de contraceptifs n’est pas bonne du tout parce que les filles de nos jours tombent enceintes à un jeune âge. On constate que ces jeunes filles sont encore à l’école. La pénurie de contraceptifs entraînera également l’abandon de l’école par ces jeunes filles », explique-t-elle.