Temps de lecture : 4 minutes
Poutine : « Le summum de l’absurde ! »
L’UE entend faire pression sur les Etats tiers : le GPL un des produits visés par les interdictions
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’avait annoncé lors de son discours dans la Verkhovna Rada de l’Ukraine : l’Union européenne devrait voter le 12e train de sanctions contre la Russie. Les sanctions « posent certes certains problèmes, mais nous avons appris à les surmonter », déclarait pour sa part aux journalistes, la semaine dernière, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov. Ce nouveau train de sanctions indique très clairement la volonté de la Commission européenne de faire pression sur les entreprises des pays tiers qui contournent les sanctions.
La Commission européenne propose de sanctionner une nouvelle fois la Russie. Après plusieurs semaines de consultations en coulisses pour tâter le terrain avec les pays membres, le projet a été transmis mardi soir. Il comprend de nouvelles interdictions d’importation et d’exportation, des actions pour renforcer le plafond des prix du pétrole mais surtout « des mesures à l’encontre des entreprises de pays tiers qui contournent les sanctions », a précisé un porte-parole de la Commission européenne à Euronews.
Euronews cite aussi un diplomate qui, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a indiqué que le gaz de pétrole liquéfié (GPL), sera l’un des produits visés par les interdictions. Le GPL, communément appelé « gaz ménager », est le type de carburant généralement utilisé pour le chauffage dans les pays occidentaux, et pourla cuisine et le transport dans les pays économiquement plus faibles.
Ce nouveau train de mesure se conforme donc à ce que Von der Leyen avait déjà précisé, notamment que ce train comprendrait « des mesures sévères à l’égard des entreprises de pays tiers qui contournent les sanctions ». Elle avait, en outre, mentionné l’inscription d’environ 1001 nouveaux noms sur la liste de personnes faisant l’objet de sanctions, de nouvelles restrictions à l’importation et à l’exportation, des mesures visant à renforcer le plafonnement des prix du pétrole.
La présidente de la Commission européenne avait affirmé que l’Union européenne tiendrait aux côtés de l’Ukraine, aussi longtemps qu’il le faudrait. « Pendant trop longtemps, en Europe, nombreux sont ceux qui ont cru qu’ils pouvaient traiter avec la Russie et l’intégrer dans l’ordre de sécurité européen. Mais ça n’a pas marché. Et ça ne marchera pas tant que les actes de la Russie obéiront à des velléités impérialistes délirantes. Voilà une leçon essentielle que nous avons apprise de vous, le peuple d’Ukraine, tout au long de cette guerre. Nous ne reproduirons donc pas les erreurs de 2014. Et nous continuerons de faire pression au maximum sur la Russie et jusqu’à ce que cette agression cesse, jusqu’à ce que l’Ukraine ait rétabli une paix juste et durable », a-t-elle déclaré.
La Russie s’est adaptée aux sanctions
Le président Vladimir Poutine a déclaré, mercredi2, que la Russie devait se préparer à de nouvelles sanctions occidentales. « Nous devons nous préparer à ce que la pression des sanctions occidentales s’intensifie », a-t-il déclaré lors d’une réunion gouvernementale sur les questions économiques.
Le Kremlin assurait vendredi dernier que la Russie allait « surmonter » les nouvelles sanctions américaines annoncées la veille par Washington, les entreprises russes ayant appris à « s’adapter ». Selon le porte-parole du Kremlin, toutes les grandes entreprises russes ont « élaboré un plan d’action au cas où elles seraient frappées par des sanctions ».
Moscou est visé depuis 2014 et surtout depuis 2022 par une multitude de restrictions. « Nous nous sommes adaptés aux sanctions, nous avons appris à nous prémunir contre les risques liés aux sanctions », a assuré Dmitri Peskov.
Les Etats-Unis en renfort
Les Etats-Unis ont, de leur côté, annoncé jeudi3 une nouvelle série de mesures punitives contre des entreprises participant à la fourniture d’armement à la Russie. Il s’agit de 130 personnes et entités, impliquées dans des échanges commerciaux avec la Russie pour permettre au pays de se fournir en « technologies et équipements nécessaires » à son offensive en Ukraine. Une dizaine d’entreprises en Turquie, une vingtaine aux Emirats arabes unis et trois en Chine sont aussi concernées.
Washington a visé également les entités et personnes russes impliquées dans le commerce de matériel et technologie provenant de l’étranger ainsi que dans la recherche et développement.
Enfin, les Etats-Unis ont renforcé les sanctions existantes à l’encontre du secteur financier russe en ajoutant à leur liste sept établissements et les responsables de plusieurs banques.
Effet boomerang
Poutine a affirmé que l’Occident avait adopté d’innombrables trains de sanctions ces dernières années, mais qu’ils s’étaient « pratiquement empêtrés » dans ces sanctions. « Ils ont essayé de nous punir, mais en fin de compte, comme nous le voyons, ils ont fait du tort à leur propre économie », a-t-il déclaré.
Le président russe a également estimé que les hommes politiques occidentaux avaient atteint « le summum de l’absurde dans leurs élucubrations », en envisageant d’interdire l’exportation vers la Russie de petits articles tels que des tournevis et des aiguilles.
Le chef du Kremlin a décoché la flèche de Parthe envers le président français Emmanuel Macron : « Finalement, moins il y a de camelote, mieux c’est. Il y a moins de risques que des punaises de lit soient exportées des grandes villes européennes vers la Russie », a-t-il ironisé. Il faisait ainsi allusion aux divers récits de punaises de lit qui avaient envahi des hôpitaux et des résidences en France durant l’été. Emmanuel Macron aura vainement tenté de jouer les intermédiaires dans le conflit armé en Ukraine. Son assujetissement aux intérêts européens en général, et aux intérêts américains en particulier, l’a rendu tellement grotesque que sa mission s’est soldé par un échec.
Vladimir Poutine a également affirmé que, dans le cas où les sanctions seraient « épuisées », il y des actes de sabotage visant des infrastructures essentielles qui pourraient éventuellement être perpétrés contre la Russie. Le sabotage des deux gazoducs sousmarins NordStream 1 & 2, en septembre 2022, placent le point de vue du chef du Kremlin à l’ordre des probabilités plutôt que de l’idée saugrenue.
1 130 personnes et entités sont visées
2 Mercredi 8 novembre 2023
3 Jeudi 9 novembre 2023