Bénin – Le Parlement vote la loi autorisant l’avortement

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Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé du Bénin: ne plus mettre la vie des femmes en danger

Le Bénin est devenu l’un des rares pays d’Afrique à autoriser les avortements, après un débat houleux au Parlement mercredi soir. Selon le nouveau texte, l’avortement « peut être autorisé » dans les trois premiers mois si la grossesse est susceptible « d’aggraver ou de provoquer une détresse matérielle, éducative, professionnelle ou morale, incompatible avec l’intérêt de la femme ou de l’enfant à naître ».

Au Bénin, « près de 200 femmes meurent chaque année des suites d’un avortement », déclarait jeudi le ministre béninois de la Santé, Benjamin Hounkpatin, dans un communiqué. Les complications des suites des avortements étaient la cause de 20% des décès maternels dans le pays. « C’est à cause de cette menace pour la santé publique que le gouvernement a pris ses responsabilités en soumettant un texte que les législateurs ont fait adopter », a déclaré le ministre de la Santé.

« Cette mesure sera un soulagement pour de nombreuses femmes confrontées à des grossesses non désirées et contraintes de mettre leur vie en danger avec des avortements bâclés », ajoutait-il.

Les avortements étaient auparavant autorisés dans le pays si la poursuite de la grossesse « menaçait la vie de la mère », était « le résultat d’un viol ou d’un inceste » ou lorsque « l’enfant à naître a une affection particulièrement grave ». Une situation juridique qui correspondait plus ou moins à celle de Maurice, à l’exception de l’affection grave de l’enfant à naître[1].

La militante féministe Faustine Adjagba, 35 ans, a déclaré que c’était une bonne décision : « Nous devons laisser les femmes choisir librement d’avoir ou non un enfant », a-t-elle déclaré. « Et nous devons protéger les femmes de tous ces charlatans et fausses prestataires d’avortement qui fleurissent dans nos villes et villages »

Mais Alphonsine Goudalo, 41 ans, dirigeante d’une organisation à but non lucratif, s’est dite indignée et « très déçue qu’un parlement entier soit parvenu à une telle conclusion ». « Nos chefs religieux devraient intervenir et forcer les législateurs à modifier leur vote », a-t-elle déclaré.

Pas étonnant que l’influente Conférence épiscopale du Bénin se soit déclarée « très préoccupée par le projet de loi visant à légaliser les avortements ». « L’avortement détruit non seulement la vie du fœtus mais aussi celle de la mère, à bien des égards », a déclaré le groupe religieux dans un communiqué, ajoutant que « des alternatives honnêtes et fiables » existent.

Malgré certains législateurs fortement opposés à la poursuite de la légalisation de l’avortement, l’amendement a finalement été adopté.

Les lois sur l’avortement varient énormément dans le monde, mais seule une minorité de pays ont des interdictions pures et simples. Les femmes d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Océanie bénéficient de la législation la plus libérale, parfois acquise récemment. Plusieurs pays d’Afrique interdisent totalement l’avortement, notamment le Congo-Brazzaville, la République démocratique du Congo, Djibouti, l’Égypte, la Guinée-Bissau et le Sénégal.

La Nouvelle-Zélande n’a dépénalisé l’avortement qu’en mars 2020. Jusqu’alors, il était passible d’une peine de 14 ans de prison. Mercredi, le Congrès d’El Salvador a voté en faveur du maintien de l’interdiction totale de l’avortement dans le pays, même en cas d’interruption dans des circonstances exceptionnelles.


[1] Fort probablement au motif d’une dérive pouvant porter sur l’eugénisme, mais cela n’a jamais été documenté


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