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Plus de 130 personnes tuées à Gaza; Netanyahu affirme que l’armée israélienne n’en a pas fini
L’armée israélienne a déployé, jeudi, des chars et des blindés le long de la frontière avec la bande de Gaza. Vendredi, elle annonçait la présence de ses soldats dans la bande de Gaza, pour faire marche arrière, invoquant un « problème de communication en interne ». Un couac qui intervient à l’heure où le bilan des frappes dans ce territoire palestinien cette semaine a franchi le seuil des 130 morts. Ce samedi, c’est une tour de 13 étages qui abritait les bureaux de médias internationaux de la ville de Gaza qui a été pulvérisée par une frappe aérienne annoncée quelques minutes avant par l’armée israélienne.
L’immeuble visé par l’aviation israélienne et qui venait d’être évacué, abritait les équipes de la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera et l’agence de presse américaine Associated Press (AP). Peu de temps avant le raid, Fares Akram, correspondant pour AP à Gaza, avait tweeté : « Nous avons couru dans les escaliers depuis le 11e étage et regardons maintenant le bâtiment de loin, priant pour que l’armée finisse par se rétracter ».
De toute évidence, l’armée de l’Etat sioniste est plus prompt à déclencher l’enfer que les dieux à exaucer des prières. L’immeuble s’est effondré, ont constaté des journalistes de l’AFP. Tsahal s’est même fendue d’un communiqué pour confirmer la frappe sur cet immeuble qui abritait selon elle « des entités appartenant au renseignement militaire de l’organisation terroriste Hamas » et accusé l’organisation islamiste de « délibérément installer des cibles militaires dans des zones ultra peuplées », se servant selon elle des civils comme « boucliers humains ».
« C’est une chose terrible, très triste, de cibler le bureau d’Al-Jazeera et les bureaux de presse », a déclaré à l’AFP Wael Aldahdouh, chef du bureau de la chaîne qatarie sur place. L’aviation israélienne avait déjà réduit à néant jeudi une tour de plus de dix étages abritant des bureaux de la chaîne palestinienne Al-Aqsa, créée il y a quelques années par le Hamas.
Couac de la communication de Tsahal
« L’aviation israélienne et des troupes au sol mènent actuellement une attaque dans Gaza », avait d’abord écrit l’armée dans un bref message. Interrogé par l’AFP, le porte-parole de l’armée, Jonathan Conricus, a confirmé que des soldats étaient entrés « dans » la bande de Gaza contrôlée par les islamistes du Hamas, sans préciser leur nombre, ni la durée, ni l’étendue de l’opération.
Toutefois, deux heures plus tard, le porte-parole de l’armée israélienne a émis une « clarification » pour dire « qu’il n’y avait actuellement pas de troupes dans la bande de Gaza ». Interrogé à nouveau, le porte-parole de l’armée a expliqué cet imbroglio apparent par un « problème de communication en interne » et que des troupes bombardaient Gaza mais de l’extérieur du territoire.
Au moins 132 personnes, dont 32 enfants et 21 femmes, ont été tuées à Gaza depuis le début lundi de ce nouveau cycle de violences. Des responsables médicaux palestiniens ont indiqué que 950 autres étaient blessées. On compte dix morts en Israël, dont deux enfants, et plus de 560 blessés, selon les autorités israéliennes, en comptant la victime recensée ce samedi près de Tel Aviv. Le bilan, indiquent-elles, aurait été bien pire si le « Dôme de fer », le bouclier antimissile israélien, n’avait intercepté une grande partie des quelque 2 000 roquettes lancées sur le territoire israélien depuis la bande de Gaza. Dans la soirée de vendredi, trois roquettes ont même été tirées vers le territoire israélien depuis la Syrie, sans faire de dégâts. De plus, trois roquettes ont été tirées jeudi soir du Liban vers Israël mais sont tombées en Méditerranée, selon l’armée. D’après une source militaire libanaise, les projectiles ont été tirés d’un secteur proche d’un camp de réfugiés palestiniens.
Le Hamas a invité les compagnies aériennes à suspendre leurs vols vers Israël, et a annoncé avoir tiré une roquette d’une portée de 250 km en direction du deuxième aéroport d’Israël, dans le Sud, vers lequel les autorités aéroportuaires ont détourné les vols à destination de Tel-Aviv en raison des tirs. Plusieurs compagnies ont suspendu leurs vols vers l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv. Les autorités américaines ont appelé jeudi leurs ressortissants à « éviter de se rendre en Israël » en raison de la flambée de violence.
Les échanges de tirs meurtriers avec le mouvement islamiste palestinien Hamas continuent. D’intenses mouvements diplomatiques sont déployées en vue de faire cesser les hostilités qui embrasent la zone depuis une semaine. L’Egypte annonce. En coulisses, l’Onu, le Qatar et l’Egypte s’activent pour faciliter une médiation qui serait en cours à Tel-Aviv tandis que Poutine et Guterres appellent à la fin des combats. Des chars et des blindés restent déployés le long de la frontière avec la bande de Gaza.
Ce nouveau conflit est doublé d’une escalade entre Arabes et Juifs dans plusieurs villes mixtes d’Israël, un niveau de violence jamais atteint depuis des décennies selon la police israélienne.
La dernière opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, territoire de deux millions d’habitants soumis à un blocus israélien depuis plus de 10 ans, remonte à 2014. La guerre entre Israël et le Hamas avait alors duré 50 jours et fait au moins 2 251 morts côté palestinien, en majorité des civils, et 74 côté israélien, presque tous des soldats.
Le conflit a été déclenché après un barrage de roquettes du Hamas tirées vers Israël en « solidarité » avec les plus de 700 Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis 1967. Ces heurts sur l’esplanade, troisième lieu saint de l’islam, avaient suivi plusieurs jours de vives tensions et de heurts à Jérusalem-Est, dus principalement aux menaces d’expulsion de familles palestiniennes d’un quartier de la Ville sainte au profit de colons juifs.