Outrages à la morale religieuse : qui est apte à juger ?

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La question religieuse fait perdre la tête à plus d’un. Et parfois même des têtes que l’on aurait cru bien remplies avec des cortex dotés des meilleures facultés. Il en faut ; c’est ce qui permet à nos sociétés d’évoluer et de produire des citoyens toujours plus éclairés et, c’est ce qui permet aussi de réaliser quand celles-ci régressent et sombrent dans l’obscurantisme. Les comportements liés aux religions sont tels que même les esprits de certains juges, ceux que l’on considère disposant de la rationalité la plus apte à trancher les différends, peuvent sombrer dans des délires ubuesques…

Le juge Chitambaresh de la Haute Cour du Kerala (Photo: Live Law)

Non, aucune exagération de notre part ; pour preuve, ce fait qui s’est produit il y a deux jours à Kochi en Inde quand le juge Chitambaresh s’est lancé dans une glorification controversée des qualités qu’il attribue aux brahmines. En effet, procédant au lancement de la rencontre globale des Brahmins tamouls, ce juge qui siège à la Haute cour du Kerala, s’est fendu d’une liste de vertus qu’il croit regroupées chez tout Brahmine pour en faire un être qui, selon lui, « naît par deux fois ». 

Le discours sur la supériorité supposée d’un groupe est identique à ceux qui promeuvent des abus suprématistes envers d’autres groupes, voire même à mettre en œuvre leur élimination. C’est bien compréhensible que l’allocution exaltée fasse rire beaucoup et en enrage d’autres, à l’instar des dalits qui exigent son limogeage.

Mais qu’en sera-t-il quand les experts ès-bigoterie du ministère du Commerce seront habilités à sévir ? De quelle caste supérieure leur ministre les fera-t-il pour qu’ils puissent agir en censeurs de la morale religieuse ? La croyance religieuse, on l’aura bien compris, peut donner lieu à une vénération dont les formes d’exaltation peuvent faire disjoncter les dévots semblables au juge Chitambaresh.

Qui expliquera au ministre du Commerce la portée des élucubrations tendancieuses de ce juge pour le moins farfelu ? Serait-il tout simplement capable de pousser la logique de bien respectueusement demander à Sa Seigneurie de nous renseigner au sujet de cette seconde naissance ? Car, on gagnerait sûrement à être informé sur l’orifice dont l’énergumène pense provenir! 

Cet incident devrait faire réfléchir éditorialistes et juristes sur la présence des membres du judiciaire à des célébrations commémoratives avec leurs coreligionnaires ou même à l’acoquinement que l’on voudrait anodin avec ses anciens camarades de collège… Feu Sir Henry Garrioch, ancien chef-juge et la main mauricienne de notre Constitution estimait que sa fonction équivalait à rentrer dans les ordres et qu’il s’était retiré, sinon du monde, mais des mondanités! 


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