La Maison Blanche et le Kremlin en crise : Moscou rappelle son ambassadeur

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Moscou a rappelé Anatoly Antonov “pour consultations”

Les relations américano-russes, déjà mal en point, se sont encore envenimées : Moscou n’a pas digéré les déclarations de Joe Biden promettant de « faire payer » Vladimir Poutine pour l’ingérence alléguée de la Russie dans l’élection présidentielle américaine de 2020. En outre, les propos du président américain qualifiant le maître du Kremlin d’assassin « sans âme », ont provoqué le rappel de l’ambassadeur russe aux États-Unis « pour consultations ».

Dans un entretien à la chaîne ABC, diffusé le mercredi 18 mars, Joe Biden a promis de « faire payer » Poutine pour ses agissements. Les propos du nouvel occupant de la Maison Blanche surviennent au lendemain de la publication d’un rapport américain sur l’implication directe de Vladimir Poutine dans des opérations russes « visant à dénigrer » la candidature de Joe Biden à la présidentielle.

Le président américain n’a pas dévoilé le détail des représailles à venir. Le gouvernement américain « devrait annoncer les sanctions liées aux ingérences dans l’élection dès la semaine prochaine », selon CNN. Des sanctions qui ne viseront pas seulement la Russie, mais aussi « la Chine et l’Iran », selon la chaîne d’information.

Ces divers propos ont déclenché une réponse immédiate de Moscou, qui a rappelé son ambassadeur, Anatoli Antonov, pour consultations. Selon le Moscow Times, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe a insisté sur le fait que Moscou voulait éviter « une dégradation irréversible » des relations entre les deux pays. Le ministère a assuré que la Russie avait rappelé M. Antonov pour « analyser ce qu’il convenait de faire et dans quelle direction aller, en ce qui concerne les relations avec les Etats-Unis ».

Le Kremlin a, de son côté, vigoureusement démenti toute ingérence dans l’élection présidentielle américaine, affirmant que la Russie ne s’est impliquée « dans aucune campagne contre les candidats », rapporte l’agence Tass.

Comme au temps de la guerre froide…

Le Wall Street Journal a révélé que la porte-parole de la Maison-Blanche a assuré mercredi que les États-Unis seraient désormais « francs et directs » dans leur dialogue avec la Russie.La posture de Joe Biden vis-à-vis de Vladimir Poutine est aux antipodes de celle de Donald Trump, qui avait toujours ménagé son homologue russe – et l’avait même défendu sur le plateau de Fox News, quand un journaliste l’avait traité d’assassin.

Une photo de Business Insider publiée en 2014 montre la rencontre entre les deux hommesQui n’a pas d’âme? Ou pas de mémoire?

Or, ne se contentant pas de menacer la Russie, Joe Biden a aussi tenu d’autres propos controversés, notamment en critiquant personnellement Vladimir Poutine. Au journaliste d’ABC qui lui demandait si le président russe était « un assassin », le président a répondu « oui », avant de raconter qu’il aurait glissé à Poutine, en 2011 : « Je ne pense pas que vous ayez une âme » – ce dont l’intéressé n’aurait pas objecté.

De nombreux experts approchés par les chaînes de télé américaines estiment qu’il n’y a « aucune chance que cette scène se soit vraiment déroulée ». Le comble, c’est que même Fox News a du mal à croire à l’anecdote. La chaîne conservatrice souligne qu’en 2012 Joe Biden, alors vice-président, « avait vivement critiqué le candidat républicain Mitt Romney pour avoir qualifié la Russie de principal ennemi géopolitique des Etats-Unis ». Il avait alors fustigé « un état d’esprit digne de la guerre froide ».

Du côté d’Indocile, nous préférons rappeler à nos lecteurs que cette anecdote n’est pas nouvelle. L’affaire avait, en effet, été abordée en juillet 2014, comme en atteste cet article de Business Insider portant la signature de Colin Campbell. Mais, vrai ou pas, « on ne peut pas accuser Joe Biden de dissimuler ce qu’il pense vraiment de Vladimir Poutine », observe le Daily Beast, qui qualifie d’« extraordinairement francs » les commentaires du président américain sur son homologue russe.

Du côté des analystes européens, « les relations entre Washington et Moscou sont aussi mauvaises que pendant la guerre froide ». Non seulement en raison des allégations d’ingérences de Moscou dans les élections, mais aussi, comme le note Radio Free Europe-Radio Liberty, à cause des « conflits en Syrie et en Ukraine ou de l’empoisonnement et de l’emprisonnement de l’opposant Alexeï Navalny ».

Le président de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, cité par Newsweek, considère que les propos de Biden sont « inacceptables » et « défient le sens commun ». « Le responsable d’un pays qui prétend défendre les principes de démocratie et de moralité ne peut pas se comporter ainsi », estime Viatcheslav Volodine.


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