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Trois jours après son interpellation à l’aéroport international de Libreville alors qu’il s’apprêtait à se rendre au Sénégal pour des soins médicaux, le syndicaliste Jean Rémy Yama, président de Dynamique Unitaire, la plus grande coalition syndicale du Gabon, a été placé sous mandat de dépôt mercredi 2 mars. Il est accusé d’abus de confiance dans une affaire de construction de logements pour les enseignants.
Interpellé depuis le 27 octobre, le syndicaliste Jean Rémy Yama a été placé sous mandat de dépôt le 2 mars et détenu depuis à la prison centrale de Libreville. Une nuit de plus, font valoir ses soutiens. Car, en 2016, il y avait séjourné pendant 89 jours. Divers dirigeants du monde associatif et des membres de Dynamique Unitaire (DU) – dont Jean Rémy Yama est le président – dénoncent une tentative de réduire au silence la société civile gabonaise. Affirmant que Jean Rémy Yama est poursuivi pour une « affaire vide », ils ont organisé un grand rassemblement, le 3 mars, à leur siège d’Awendje.
La journée de mercredi a été très longue et éprouvante pour Jean Rémy Yama et ses avocats. Dès 8h30, le syndicaliste était devant le procureur de la République qui lui a présenté les quatre plaintes déposées contre lui. Déjà, lors de sa garde à vue, Me Fady Imbong, l’avocat de Jean Remy Yama affirmait qu’elles ne se justifiaient pas. Yama est poursuivi pour une affaire civile classée sans suite par le procureur qui avait déjà reçu les plaignants, explique l’avocat.
« Malheureusement ils sont revenus, ils ont changé l’unité d’enquête. Ils se sont adressés au B2 qui est parti arrêter mon client comme un malpropre à l’aéroport », explique encore l’avocat de Jean Rémy Yama. L’homme de loi considère que son client ne peut pas répondre des charges portées contre lui puisque, outre le fait d’avoir été classées sans suite, les plaintes «ne sont pas de nature à engager sa responsabilité pénale ».
Jean Rémy Yama est poursuivi dans le cadre de l’affaire « SCI Serpentin », une société civile immobilière créée par le Syndicat national des enseignants chercheurs (SNEC), dans le cadre d’un projet d’aide à la propriété destiné aux enseignants. L’État gabonais avait mis à disposition, un site de 37 hectares à Akanda, puis débloqué une enveloppe de 4 milliards de francs CFA pour les travaux de viabilisation du site. En qualité de président du SNEC, Jean Rémy Yama devint l’un des gestionnaires du projet grâce auquel certains enseignants ont pu acquérir des maisons tandis que d’autres ont perdu de l’argent. Se sentant lésés, ces derniers ont porté une première plainte classée sans suite et reviennent aujourd’hui à la charge.
« Jean Rémy Yama n’est pas le seul administrateur. Ils sont deux gérants. Pourquoi choisir M. Yama comme responsable des détournements ? Ce n’est pas justifié », fait encore ressortir l’avocat de Yama. Selon lui, Thierry Blanchard Ekogho, l’un des plaignants ayant porté plainte pour escroquerie et abus de confiance puisqu’ayant déboursé 40 millions de francs CFA, le procureur avait indiqué qu’il n’en était rien. Car une expertise avait révélé que sur les 40 millions qu’il avait déboursés, 35 avaient servi à sortir de terre une maison fusse-t-elle, inachevée. Restait donc 5 millions de francs CFA que la SCI devait rembourser. « Et puis, M. Yama ne peut pas, à titre personnel, répondre des dettes de la SCI Serpentin », a dit l’avocat.
Plus de 6 ans après la plainte déposée par l’enseignant Thierry Blanchard Ekogho, l’affaire ressort des tiroirs des autorités judiciaires. Autorités compétentes ?