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Non, chez Indocile, nous ne serons pas de ces girouettes qui, au gré de leurs conditionnements politiques, de classe et autres tribalismes ethnocentrés, vont applaudir et ensuite désapprouver des mesures dès que les esprits embrumés finissent par en percevoir le caractère inopérant.
L’île Maurice des bien lotis se réveille encore très lentement à cette réalité que ses « Ti-dimounn » vivant dans les bassins de misère ont compris dès le début de l’application de la mesure de confinement : notre élite politique, technocratique et celle de la fonction publique ne lui sert à rien !
Ceux-là ont compris, bien avant la bien-pensance et le politiquement-correct qui réagissent à tort et à travers sur Facebook, que se fier à cette élite incapable de priorité envers les plus vulnérables équivaut à leur mort certaine. Car, seuls ceux qui ont développé des dispositions réelles pour la survie sont aptes à réaliser que l’on n’exerce aucun choix entre le virus et la faim, mais qu’il s’agit plutôt d’une fatalité à laquelle cette élite la condamne. Dans l’inconscient collectif de ce milieu, l’on sait qu’il faut échapper à cette fatalité. De même, ils ont appris, toujours trop durement, que l’on n’y parvient pas si l’on se fie à ces « autorités concernées » qui, loin d’avoir appris à autoriser, ne savent qu’interdire et par là-même démontrent qu’ils ne sont aucunement concernées. Aussi, imperméables aux quolibets et tout ce qui participe à la stigmatisation de leur milieu, ils avancent dans les rues avec cette témérité qui leur fait passer pour des inconscients.
Les « Cocovid » ne sont pas ceux ainsi désignés trop facilement à force de préjugés. Voyons les faits : il a fallu plus de quinze jours pour que le présent titulaire aux Finances parvienne à réaliser qu’il lui faut davantage de données sur ce secteur dit informel car, les gouvernements qui se sont succédé ne se sont jamais senti en devoir de considérer ceux de ces citoyens condamnés à la survie. Entre vagissements et vociférations, le net se déterminera en proportion de ceux qui estiment pouvoir se tirer d’affaire et ceux qui sont mal barrés. Au-delà, même les mieux disposés envers ce gouvernement avouent leur abrutissement suite aux injonctions paradoxales des membres du gouvernement, à commencer par le Premier ministre lui-même : c’est bien lui qu’ils ont trouvé, grâce aux sites propagandistes du régime, faisant la causette avec des personnes placées en isolement au centre de quarantaine de Quatre-Soeurs. Alors, un Premier ministre Cocovid ? « Enn san-konpran ? ». Ça, c’est bien plus embarrassant à admettre que de se laisser aller à l’injure et l’insulte facile envers ceux qui ne correspondent pas aux critères de la réussite matérialiste.
Seuls ceux qui ont développé des dispositions réelles pour la survie sont aptes à réaliser que l’on n’exerce aucun choix entre le virus et la faim, mais qu’il s’agit plutôt d’une fatalité à laquelle cette élite la condamne.
En réalité, ceux qui osent se prétendre d’une meilleure éducation que ces « têtes brûlées » se révèlent incapables d’user des facultés dont ils se croient exclusivement dotés. L’histoire, comme l’actualité, n’a pas fini de nous démontrer que bien plus dangereuses que les personnes sous-alimentées, sont celles qui sont mues par la cupidité. Qui ne se souvient de ces images télévisées de sauvages de pays dits civilisés se ruant sur un stock gratuit d’un produit chocolaté? Ou ces attardés qui dorment nuit et jour devant un magasin pour être les premiers à se payer la dernière version d’un smartphone? Ou encore ceux qui, à Maurice même, profitaient du fait que la colère populaire s’exprime dans le saccage pour que eux s’adonnent au pillage ?
Les insouciants des conditions de classe auront bon railler ceux qu’ils considèrent inconscients, il y a des réalités objectives auxquelles on n’échappe pas. Celui qui sait qu’il n’a rien à perdre ne peut fonctionner avec la même rationalité que celui qui cherche à préserver ce qu’il a, (entendu que même celui qui dispose d’une grosse fortune la considère insuffisante!) Et, souvent, la condamnation de l’inconscience des gens de peu, n’est que la traduction du non-dit chez ceux qui, mettant un terme à leurs ripailles à la vue de quelques rapines captées en CCTV, se mettent à chier dans leur froc !
Mais trêve de propos oiseux qui ne feraient qu’exciter les perroquets du net qui veulent voir, en ce temps de confinement, que moutons de Panurge et autres macaques dans les réactions populaires. Tant que cette calamité ne se serait pas abattu sur le pays, la cécité des fonctionnaires de l’État comme ceux du privé et celle du personnel politique n’aurait toujours pas incommodé ce peuple de sentimentalo-couillons prompts à aduler ceux qui lui prétendent qu’ils constituent un « peuple admirable ». Ils sont prêts à sortir pétards ou mouchoirs pour ceux qui, usant de leur pathos pour faire peur ou faire pleurer dans les chaumières, entendent ainsi s’acheter une amnésie populaire. Au sein de notre rédaction, ce n’est pas la côte de popularité récente du Dr. Vasantrao Gujadhur qui nous fera perdre de vue que le directeur de la Santé publique est celui qui devra, en temps et lieu, rendre des comptes eu égard à ses responsabilités dans la préparation, réelle ou supposée, des services de la Santé pour faire face à l’épidémie du Covid-19.
Mais revenons à notre principal sujet qui est le constat d’une élite qui se plante au moment où le pays a le plus besoin d’elle. Retournons sur le moment de l’espoir suscité quand, flanqué de Yousouf Ismaël et de Guillaume Hugnin, président et vice-président de la Chambre de Commerce, le ministre Sawminaden annonce la formule d’achat en ligne. Au-delà du mépris pour tous ceux largués dans le cadre de la fracture numérique, cette élite n’a même pas songé que cette formule d’achat en ligne allait reposer sur des systèmes technologiques, logistiques et humaines qui n’ont pas été conçus pour gérer un tel volume de sollicitations en simultané. Pour corriger le flop, Joe Lesjongard arrivait avec sa formule d’ordre alphabétique. Ceux qui l’applaudissaient la veille, le maudissait le lendemain : c’était un appel au suicide collectif par ordre alphabétique !
Mais bien sûr que cela pue le réflexe conditionné à plein nez. Cela sent le bon élève qui bondit pour répondre « Présent ! » à l’appel de son nom. Oui, cela rappelle la petite classe ; celle que ceux se sachant destinés aux petits métiers savaient bien décrire : « Below=Lalo ! ». En constatant tout ce qui s’est aggloméré aux Lalos au fil des ans, cette glu est à gerber : elle se sert goulûment d’abord et discrimine ensuite par ses mesures qui se révèlent assassines.
Non, tout ceci n’est pas qu’un cocktail explosif ; c’est un concentré de misère qui va rentrer en éruption et qui finira par se déverser sur ceux qui se croient à l’abri pour peu qu’ils peuvent s’acheter des vivres que l’on ne peut commander qu’à partir de Rs. 2,000. ! Dans l’entre-soi bourgeois, on ose même croire que tant que la transaction électronique permet de rester à l’abri des regards, il n’y a pas de mal à se faire enculer sec!
Que valent ces élites politique, technocratique et médiatique qui demeurent insensibles au fait que toutes les compétences fondamentales de l’État disparaissent au fur et à mesure ?
Le Covid-19 est en train de révéler nos fractures sociales avec une cruauté redoutable : à l’heure du combat, ceux dont les dominants se plaisaient à croire qu’ils étaient les moins capables sont ceux-là qui aujourd’hui assistent au désolant spectacle d’une élite à la formation consanguine. Aujourd’hui, elle fait société dans l’entre-soi des diplômés attestant de l’appartenance à la même caste de cadres et de professionnels qui servent ce patronat composé essentiellement des mêmes aliénés de la croissance. C’est ce système qui produit cette élite qui s’aventure en pleine crise dans la mise en œuvre de plateformes en ligne alors que la sagesse populaire commande de toujours privilégier l’existant ; elle se fie à ses comptables alors que l’on a besoin de réaliser que, sur les rayons de supermarchés d’une même enseigne, l’on ne retrouve pas les mêmes produits selon que l’on soit à Camp Levieux ou à Cascavelle ; elle écarte les compétences dans les sciences de l’homme au profit de ceux et celles aptes à rabâcher des préceptes de marketing… On pourrait continuer ainsi. Ad libitum. Ad nauseam.
L’histoire de l’économie nous montre que les guerres et les épidémies favorisent, par le biais du marché noir, la constitution de nouvelles fortunes. A moins d’avoir fait exprès, Ismaël et Hugnin nous montrent qu’ils ne sont pas parvenus à intégrer ces leçons dans leur paradigme. La MCCI devrait songer à une pédagogie plus adaptée, non pour ses élèves, mais pour ses dirigeants.
Quand tout ceci est exposé, il convient de nous interroger un tant soit peu sur ce qui nous sert de socle à cette société mauricienne. Qu’est-ce qu’un pays pour les plus vulnérables sans un État pour les défendre ? Qu’est-ce qu’un pays sans État même pour les mieux lotis, et pour les chantres du libéralisme qui savent que le moindre-État est néanmoins cette base de services essentiels sur lequel repose leur mode d’exploitation. Et que valent ces élites politique, technocratique et médiatique qui demeurent insensibles au fait que toutes les compétences fondamentales de l’État disparaissent au fur et à mesure ? Rien. Rien. Absolument rien !
Il y a peu, Cassam Uteem et Jean-Claude de L’Estrac conviaient ceux ayant les moyens du dîner mondain à les écouter disserter sur « Ce pays qui ne voulait pas naître ». La formule fort jolie essaie d’enrober d’élégance le chagrin de deux hommes – dont l’un a apporté son cœur et l’autre sa puissance cérébrale à leur formation politique – qui peinent à contempler les actes manqués de leur cheminement politique. Mais nous, nous faisons un métier où l’on balance des vérités à couper l’appétit ; et c’est ce qui nous fait obligation de dire que lorsque dans un pays toutes les émanations de l’État s’évanouissent et ne peuvent rien traduire de concret, un tel pays est un pays mort !
Non, les tares sont trop importantes pour que Maurice puisse renaître comme un pays neuf avec cette même élite. Il faudra au moins la vider de son sang déficient, avant de l’enrichir d’un sang nouveau. Celui provenant de la diversité de nos réalités sociales.
Joël TOUSSAINT
Bonjour Monsieur Toussaint ! 🙂 Ces temps incertains, animent ma plume or, je me suis permis de la faire glisser ici… C’est un peu décousu, car j’y suis allé de perceptions., ça et là…
« Non, les tares sont trop importantes pour que «Québec» puisse renaître comme un pays neuf avec cette même élite. Il faudra au moins la vider de son sang déficient, avant de l’enrichir d’un sang nouveau. Celui provenant de la diversité de nos réalités sociales.»
Selon l’adage ; «On ne peut pas faire du neuf avec du vieux». D’ailleurs, notre héritage politique empreint de stigmates le démontre «Avoir à l’usure» un petit peuple, signifie que celui-ci se laisse faire.! Du coup… condamner à revivre le passé, encore et toujours, tel que dans l’excellent film humoristique ; «Le Jour De La Marmotte»… . ;- Enfin, revenons à nos moutons… de Panurge, à nouveaux coincés dans cet étrange purgatoire qu’est l’avenir… Enfin, je me désole à la pensée de mes aïeuls et je me console à la pensée de ma retraite dans dix ans. Cela me conforte «un temps soit peu», lorsque je pense à la suite…
3 ANS d’Austérité Imposée – Municipal, Provincial, Fédéral;
COUPURES $$$ Tous Établissements d’Enseignement Supérieur
Secondaire et Centres Petite Enfance;
Impôts $$$ Taxes $$$ Assurances $$$ Transport $$$;
Les Budgets $$$ en Culture, en Environnement, en Science;
Salaires $$$ Tous Employées-de la Fonction Publique;
Primes $$$ en plus salaire régulier, offertes à tous députés Libéraux;
Santé $$$ Je n’ pas de chiffres sauf que celui-ci est effondré;
Tous frais fixex $$$ Panier d’épicerie $$$ Location logement $$$;
Et encore $$$ et toujours $$$ +++ Enfin, dot se serrer la ceintue !
(( Cette liste n’est pas exhaustive ))
À vous lire, je constate que nous sommes plusieurs pays à vivre sensiblement les mêmes réalités politiques mais devons-nous en être surpris ?! Quand on sait ce que l’élite de l’élite et/ou membres «illuminatis»… Issues de treize familles capitalistes juives richissimes… ET qu’ils possèdent / contrôlent absolument tout sur la planète… dont l’ultime but est d’instaurer un Gouvernement Unique et Mondial = N.O.M. = «Nouvel Ordre Mondial». Pour y arriver, cette élite corrompue, vise la dépopulations. Liste armes (brève) … Virus = épidémies, / pandémies (décès, suicides, crash financier, vaccinations obligée, etc) – Immigration agressive = guerres religieuses et civiles, etc) – Islamisation occidentale 193 tous pays membres O.N.U = génocides, guerres religieuses et civiles, etc) – Industrie pharmaceutique = médocs non testés x, y, x, (infirmités, paralysies, cancers, morts, etc).- Agro-Alimentaire = (pesticides, hormones croissance, etc) – Aqueducs /Eau potable = fluor, etc)…
Les Élites corrompues visent la dépopulation… il semble que tous les moyens soient bons… même nous faire mourir à petit feu, par l’asphyxie volontaire… «port du masque». De fait, la corona sceptique que je suis, refuse de se soumettre à toutes restrictions imposées par cette crise virale. «J’en ai ras le pompon» de cette saga pseudo-pandémique mais je pressens qu’on nous tiendra encore longtemps en otage. Et pire encore, on nous fredonnera le sempiternel… «ça va bien aller» assorti aux couleurs chimériques d’un fictif arc-en-ciel.. Or, dans la réalité… «sur le plancher des vaches» ; «Non ! «Ca va pas ben pantoute!»… et
… Que dire de l’arc-en-ciel? Sinon qu’il n’est qu’un vulgaire caca de licorne!»
La troisième guerre mondiale n’aura pas lieu, nous sommes déjà en guerre… mais c’est une guerre qui ne dit pas son nom, car l’ennemi est partout, insaisissable, invisible et imprévisible. Il peut nous frapper quand et comme bon lui semble. Plus on banalise le danger, plus l’ennemi prend ses aises. C’est en s’installant dans l’habitude du désespoir et de la résignation, que nous signons notre arrêt de mort. Il n’a nul besoin de nous frapper, puisque nous en sommes chargés nous-mêmes, en faisant de la peur notre armure.
Je terminerai avec ces mots, écrits un soir de perplexité et de solitude…
*** Être témoin de l’inertie collective… Voir ses pairs s’approprier la cause… l’impuissance ressentie… Et cet étrange sentiment d’invraisemblance qui m’habite parfois. C’est sans doute le prix à payer, pour la lucidité.***
Johanne, l’indocile…
Bonne fin de journée et merci de bien vouloir me lire. 🙂