Madagascar, premier pays africain à passer à la 5G

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Madagascar est devenu le premier pays africain, à commercialiser les services du 5G (génération 5 de connectivité mobile). Dans un communiqué paru le 1er juillet sur le site de l’entreprise TELMA Madagascar, l’opérateur télécoms Malagasy du Groupe AXIAN, de concert avec Ericsson, affirme avoir procédé au lancement officiel de son réseau commercial 5G. La 5G demeure une technologie très controversée, avec à une extrémité les adeptes fanatiques de la technologie omnipotente et à l’autre bout ceux qui y sont opposés pour des raisons aussi éthiques que farfelues. Entre les deux, il y a ceux qui considèrent les champs d’applications ainsi que les coûts sociaux et environnementaux que ce choix technologique entraîne.

L’Administrateur Directeur Général de TELMA Madagascar, Patrick Pisal-Hamida, déclarait à cette occasion que : « Nous avons décidé d’accélérer le lancement de la 5G pour permettre une véritable transformation digitale à Madagascar et répondre dès aujourd’hui aux défis révélés par la crise du Covid19. Le rôle clé des télécoms durant cette crise montre bien la nature stratégique de nos activités et la pertinence de nos choix en matière d’inclusion numérique ». Et, bien entendu, il ajoute : « Nous sommes très fiers d’être parmi les premiers pays au monde à déployer cette technologie. C’est un nouveau pas en avant pour Madagascar en tant qu’un des principaux pays des TIC dans l’océan Indien et en Afrique. ».

Pour Telma, la transformation digitale de Madagascar passe par la 5G. Le groupe indique que les deux usages clés de la 5G pour le marché Malagasy sont le haut débit mobile amélioré (eMBB) et l’accès sans fil fixe (FWA). Avec une plus grande capacité, souligne-t-il, des vitesses de données plus élevées et une latence réduite, la 5G offrira de nouvelles expériences aux clients Telma, des services de jeux et de divertissements aux IoT et aux applications professionnelles. La « Grande Ile » affiche une forte progression de son taux de pénétration mobile qui atteint désormais 40% de la population, avec notamment plus de 2,4 millions d’utilisateurs Facebook.

Patrick Pisal-Hamida
Directeur Général de TELMA
5G risques sanitaires et environnementaux nécessitant une gestion normée.

L’Administrateur Directeur Général de TELMA Madagascar, Patrick Pisal-Hamida, affirme que : « La 5G transformera la façon dont nous utilisons et adoptons la technologie et aura un impact énorme sur l’économie et le pays. Cette technologie apportera une vitesse élevée, une latence ultra-faible et une connectivité hautement sécurisée à un grand nombre d’appareils ; c’est une technologie qui ouvrira un large éventail de nouveaux usages via le réseau next-generation de TELMA, en particulier dans l’éducation et la santé».

La 5G offre des possibilités d’exploitation multiples dont, effectivement, des améliorations considérables au plan de la télémédecine ou même au niveau des opérations minières. De manière assez inattendue, cette nouvelle technologie offre des possibilités de manipulation à distance qui contribue à un renforcement significatif de la sécurité et de la productivité tout en réduisant les émissions de CO2. En Suède, la mine souterraine Boliden Kankberg fait office de pionner en la matière, notamment dans le cadre du projet SIMS (Sustainable Intelligent Mining Systems) financé par l’Union Européenne. Un réseau 5G y a donc été installé. Une des actions concrètes permises par le réseau 5G en souterrain est l’utilisation de drones afin d’explorer des tunnels sans risque pour l’homme. Les inspections des galeries après dynamitage et éboulements pourront être déléguées aux machines télécommandées à distance, quelques soit les perturbations du réseau en extérieur. Un gain de sécurité, de temps et donc de productivité qui permet de comprendre pourquoi le secteur minier espère beaucoup de la révolution 5G. Une telle application de la technologie pourrait éventuellement intéresser des investisseurs qui songeraient à exploiter les ressources souterraines de Madagascar.

Ce ne sont pas les soucis de santé publique qui semblent prépondérants chez les décideurs de ce pays où le gros de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. L’exposition accrue aux ondes électromagnétiques1 inquiète les scientifiques du monde entier. En septembre 2017, 171 scientifiques, issus de 37 pays ont réclamé un moratoire sur le déploiement de la 5G, en attendant que les risques potentiels sur la santé humaine et l’environnement aient faits l’objet d’études scientifiques indépendantes. Les personnes électro-hypersensibles (EHS) sont des personnes intolérantes à l’exposition aux ondes électromagnétiques. Bien que leurs symptômes (brûlures, acouphènes, migraines, etc.) soient reconnus du corps médical et très invalidants au quotidien, beaucoup de scientifiques refusent néanmoins d’attribuer ces manifestations biologiques aux ondes. Pourtant les témoignages de malades laissent perplexes quant au possible lien entre l’EHS et l’exposition aux ondes.

Le 11 mars 2020, la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants2 a estimé que les radiations émises par la 5G étaient inoffensives pour la santé : « Nous avons pris en compte tous les types d’effets, par exemple si les ondes radio engendraient le développement d’un cancer sur le corps humain », a déclaré le Docteur Eric van Rongen, président de l’ICNIRP, à la BBC. « Il n’y a pas suffisamment de preuve scientifique pour conclure qu’il y a un tel effet », a-t-il conclu.

Toutefois, la Commission a durci ses lignes directrices sur les rayonnements non ionisants, établies en 1998 et utilisées par de nombreux pays pour établir leurs restrictions en matière de champs électromagnétiques. Ces nouvelles lignes concernant la 5G mais aussi les ondes radio, le Wifi, le Bluetooth et les réseaux 3G et 4G. Ainsi, il est ajouté une limite d’exposition pour l’ensemble du corps et pour une exposition brèves (moins de 6 minutes), ainsi qu’une réduction de l’exposition maximale pour une petite région du corps. « La chose la plus importante à retenir pour les personnes est que les technologies 5G ne seront pas en mesure de nuire lorsque ces nouvelles directives seront respectées », rassure Eric van Rongen dans un communiqué de l’ICNIRP.

1Les principales inquiétudes sur la généralisation de la 5G viennent de la multiplication des antennes relais émettant des ondes électromagnétiques. L’augmentation du nombre des antennes s’explique par le fait que les ondes millimétriques traversent mal les constructions en dur. Elles sont facilement absorbées par, les constructions, la pluie et les végétaux, interférant ainsi avec le signal. De plus, ces ondes hautes fréquences ont des longueurs d’onde beaucoup plus courtes, ce qui limite leur propagation. Pour pallier ce problème, des stations de cellules plus petites doivent être installées un peu partout dans notre environnement (lampadaires, poteaux de services publics, maisons …).

Face à cette prolifération d’antennes émettrices, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les effets à moyen-long terme du haut-débit sur la santé. On distingue deux familles de radiations : les radiations ionisantes vs les radiations non-ionisantes. Les premières modifient l’ADN en raison de leur longueur d’ondes (λ) comme les UV, les Rayons X ou Gamma (γ), provoquant des mutations à l’origine de cancer. Les radiations non-ionisantes comme les ondes électromagnétiques, n’entraînent pas de modifications de l’ADN mais possèdent un effet thermique certain dont on sous-estime probablement les effets à long terme. Elles peuvent endommager les tissus biologiques par chauffage.

2La Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP), est un organisme reconnu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). C’est notamment elle qui a fixé la limite à 2 W/kg pour les ondes émises par les smartphones (DAS).


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