Le HC d’Allahabad rejette l’appel à ouvrir des “salles fermées” au Taj Mahal

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« Allez faire une maîtrise en histoire », lance le tribunal de grande instance au pétitionnaire

Le Taj Mahal, construit par Shah Jahan au temps de l’occupation moghol, fait partie de ces bâtisses contestées et convoitées par les groupes de l’extrême droite hindou

Le Bench de Lucknow de la Haute Cour d’Allahabad a rejeté jeudi une pétition visant à prouver que le Taj Mahal a été construit après la démolition d’un temple hindou, demandant au pétitionnaire de ne pas « se moquer » du système de litige d’intérêt public. La décision de jeudi intervient à un moment où des requêtes en instance devant divers tribunaux cherchent à prouver que des structures islamiques ont été construites en détruisant des temples.

« Allez faire une maîtrise en histoire, puis sélectionnez ce sujet pour votre recherche après avoir réussi (le test d’entrée pour) JRF (Junior Research Fellowship). Revenez vers nous si une institution vous refuse la permission de faire des recherches sur ce sujet », a ironisé le Bench des juges Devendra Kumar Upadhyaya et Subhash Vidyarthi à Rajneesh.

Le pétitionnaire Rajneesh Singh, un dentiste qui affirme être le responsable des médias de l’unité Ayodhya du BJP, avait fait la requête pour un ordre visant à ouvrir ce qu’il prétendait être 22 salles souterraines verrouillées dans le Taj Mahal. Ces salles contiendraient prétendument des idoles de dieux et de déesses hindous.

« Permettez-moi de voir ce qu’il y a dans ces pièces du Taj Mahal », avait déclaré l’avocat de Rajneesh aux juges de la Haute-Cour, sollicitant une directive pour que l’Archaeological Survey of India (ASI) fasse ouvrir les “salles souterraines”.

Le banc a riposté : « Demain, vous pourrez dire que vous voulez entrer dans la chambre des honorables juges… Ne vous moquez pas du système PIL ». Le tribunal a déclaré que la requête avait été déposée simplement pour attirer l’attention des médias et qu’elle ne trouvait aucun fondement à cette « question non judiciaire ».

Rajneesh avait affirmé que le gouvernement central l’avait informé, à la suite d’une requête de RTI, que le Taj avait 22 chambres fermées à clé. Il avait aussi cité l’auteur défunt PN Oak pour affirmer que l’empereur moghol Shah Jahan avait construit le Taj Mahal du XVIIe siècle après avoir démoli un temple de Shiva, le Tejo Mahalya, construit par un roi hindou en 1212.

En l’an 2000, la Cour suprême avait rejeté une requête d’Oak demandant une déclaration selon laquelle le Taj Mahal était à l’origine un temple hindou. L’ASI, le gardien institutionnel du Taj, avait déclaré à un tribunal d’Agra en 2017 qu’il n’y avait aucune preuve qu’un temple ait jamais existé sur le site du mausolée moghol.

La décision de jeudi intervient à un moment où des requêtes en instance devant divers tribunaux cherchent à prouver que telle ou telle structure islamique – comme la mosquée Gyanvapi à Varanasi et l’Idgah à Mathura – a été construite en démolissant des temples. Un plaidoyer concernant le Taj, similaire à celui de Rajneesh, est en instance devant un tribunal d’Agra. Comme nous l’écrivions plus tôt, ce sont ces actions qui ont incité Mehbooba Mufti, l’ancienne ministre en chef de l’Etat Jammu-et-Cachemire, d’inviter les musulmans à ne pas s’accrocher à leurs mosquées afion d’éviter toute effusion de sang. La dirigeante du Parti Démocratique du Peuple mettait en garde ses compatriotes indiens contre ces provocations qui, craint-elle, sont en mesure de plonger l’Inde dans un conflit aussi chaotique que celui du Sri Lanka.


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