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Sugar Time au Parlement
A l’Assemblée Législative mercredi, la PNQ du Leader de l’Opposition sur une fraude alléguée au Sugar Insurance Fund Board (SIFB) jette un froid. Le ministre des Finances tente de tirer les marrons du feu, celui de l’Agriculture jongle avec les patates chaudes. Arvin Boolell, encore inspiré d’un vieux hit d’AC/DC, souffle sur les braises : c’est le Highway to Hell. La presse s’enflamme. Et n’y a vu que du feu. Et si, au lieu d’un duel, le show de Duval et de Seeruttun n’était qu’un formidable duo de marionnettes ? Au-delà de l’écran de fumée, regardez les ficelles…
Diffuser les séances parlementaires à la télé, sans fournir des clés de lecture aux téléspectateurs, c’est les priver de la moitié du spectacle qui s’y joue. La Private Notice Question du Leader de l’Opposition est un rituel qui se conçoit un peu comme le paso doble. Cette danse espagnole emprunte de la corrida et permet d’apprécier les passes entre le torero et sa muleta. Madame Speaker, elle, doit veiller à ce qu’elle prenne fin avant l’estocade !
Auréolé de son habit de lumière, Xavier-Luc Duval a donc planté quelques banderilles sur le dos de Seeruttun en l’embarrassant notamment avec le fait que ce soit l’ICAC qui enquête sur la fraude alléguée de quelque Rs. 450 millions au préjudice des planteurs de cannes. Le danseur avance du pied droit, la danseuse recule du pied gauche et ensuite il y a les six pas de côté et les enchainements sur huit pas, etc.
Eviter le sinistre
Bref, il en ressort que les chiffres du SIFB auraient été bidouillés afin que, dans cette région du pays, les récoltes restent en-dessous de la barre des 17% de pertes, évitant ainsi le décret de ce qui est désigné comme un « Event Year ». En somme, pour ce fonds d’assurance, la reconnaissance d’un sinistre qu’il aurait fallu compenser.
Mais l’estocade aura bien lieu. Hors de l’arène parlementaire. XLD annonce, en effet, qu’il va en faire part à la presse. Et à celle-ci, il livre ses questions : qu’est-ce que la commission anti-corruption a à faire avec une histoire relevant à première vue d’une manipulation des chiffres permettant d’escroquer des planteurs ? Pour lui, cette enquête aurait dû avoir été confiée à la police et passer par le DPP pour éventuellement aboutir en cour Suprême. Il entend donc déposer plainte à la police et réclame une commission d’enquête sur les manipulations dont il est question dans le rapport de l’officier du SIFB. En quelque sorte, il achève Seeruttun et emporte aussi les oreilles de Navin Beekarry, le patron de l’ICAC.
La corrida n’est pas terminée pour autant. Il s’agit aussi de parader dans la ville. Ce que XLD réalise avec une longue intervention sur Facebook. Le voilà s’érigeant en défenseur des planteurs et bien disposé à se faire lui aussi un petit nid électoral au sein de cette communauté qui ne correspond pas à la clientèle habituelle du PMSD. Pourquoi bouder son bonus après avoir révélé Rs. 450 millions de malus ?
Mais, XLD n’aurait-t-il pas plutôt dansé devant un public qui ne saurait distinguer le paso doble du tango argentin ? Pour tirer l’affaire au clair, il importe de considérer la partition. Certes, il y a quelque 1 500 planteurs concernés, mais cette partition n’est pas celle écrite par les petits. En effet, en cas de fraude avérée, tout ce monde serait compensé, mais la plus grosse part de cette compensation irait à ALTEO et OMNICANE. Il serait donc plus logique de chercher les auteurs de la partition de Duval, et de son partenaire Seeruttun, dans ce milieu.
Un scandale plutôt qu’une révision
Le ministre de l’Agriculture donne aujourd’hui l’impression de vouloir sauver les meubles au SIFB. Il s’agirait, clame-t-il maintenant, d’un « bug informatique ». Cela alors que le rapport de sept pages qui a mis le feu aux poudres montre plutôt que c’est l’information qui a subi plus d’un bug, puisque celui qui en faisait la requête ne l’obtenait pas. Mais, maintenant que l’on présente un peu les coulisses du show, ne devrait-il pas, en son for intérieur, se réjouir des demandes formulées par Duval ?
Car, XLD a-t-il effectivement rempli son contrat auprès des petits planteurs ? Ces derniers avaient organisé un rassemblement le 4 novembre dernier à l’auditorium Octave Wiéhé, avec un objectif clair placardé durant plusieurs jours sur de nombreux axes routiers : Rs. 2 500 la tonne de canne. Ainsi, au grand rassemblement des planteurs, il était surtout question de rationaliser le secteur. Et, c’est ainsi que Pradeep Jeeha, qui avait invité « mon ami Xavier, le Leader de l’Opposition », fit adopter un ensemble de DOUZE résolutions.
Voilà donc Jeeha qui va être obligé d’essuyer les plâtres auprès des regroupements de petits planteurs. Le Leader de l’Opposition s’était engagé à centrer sa PNQ sur ces enjeux-là. En lieu et place, son show de mercredi était centré sur ce qui s’apparente à un scandale. Comme la presse en est friande et que le public n’a pas fini d’en entendre des vertes et des pas mûres, il engrange aussi les dividendes médiatiques. Pour les réformes en profondeur nécessaires à la filière cannière, il faudra repasser. C’est le scandale qui fait mousser. A qui profite la crème ?
J.T.