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Le magnat turc Mehmet Ilker Ayci ne sera pas le directeur général (MD) d’Air India à partir du 1er avril 2022, comme Tata Sons le 14 février dernier. Président de Turkish Airlines de 2015 à 2022, Ayci a également été conseiller de l’actuel président du pays, Recep Tayyip Erdoğan, lorsque ce dernier était maire de la ville en 1994 et c’est ce qui a fini par faire obstacle à sa nomination. Ilker Ayci a ainsi rejeté l’offre de devenir le patron d’Air India.
L’organisation socio-politique Swadeshi Jagran Manch – affilié au mouvement nationaliste hindou Rashtriya Swayamsewak Sangh (RSS) – avait déclaré que le gouvernement ne devrait pas donner son aval à la nomination d’Ayci au poste de directeur général d’Air India « en gardant à l’esprit la sécurité nationale ». Le co-responsable de SJM, Dr Ashwani Mahajan, avait même déclaré que le gouvernement était « déjà sensible » à la question qui est prise « très au sérieux ».
Ayci était vu comme proche du président turc Racep Tayyip Erdogan, un allié du Pakistan. Et, lors de la précédente session de l’Assemblée générale des Nations Unies, à la fin de l’année dernière, Erdogan avait évoqué la question du Cachemire. L’Inde avait alors qualifié le discours d’Erdogan de « totalement inacceptable ».
Dans un communiqué, Ayci a déclaré que sa nomination avait été « ternie » par des récits déshonorants par les médias indiens, citant ceci comme sa raison de se retirer. Ayci a ainsi expliqué qu’il a eu une réunion avec Chadrasekaran, le président du groupe Tata, pour l’informer qu’il allait « malheureusement » décliner le poste. « C’est le cœur lourd que je prends cette décision, et je souhaite à Air India et au groupe Tata, une entreprise mondiale que j’admire énormément, beaucoup de succès », a-t-il ajouté.
« Ma nomination chez Air India, au sein du groupe Tata, a été annoncée plus tôt en février, avec une date de prise de fonction fixée au 1er avril. Depuis l’annonce, j’ai suivi attentivement les nouvelles dans certaines sections de la presse indienne qui essayaient de donner une coloration négative à ma nomination », poursuivait-il. « En tant que chef d’entreprise qui a toujours accordé la priorité au credo professionnel et, plus important encore, au bonheur et au bien-être de ma famille par-dessus tout, je suis arrivé à la conclusion que ce ne serait pas possible ni honorable d’accepter la fonction avec de tels récits me faisant de l’ombre », a-t-il déclaré en conclusion.
Ce revers, en ce qui concerne un élément de qualité pour gouverner Air India, ajoute aux difficultés de la compagnie aérienne visée par de nombreuses procédures de réclamation aux Etats-Unis et au Canada, entre autres. En effet, comme annoncé exclusivement par Indocile dès janvier, Air India a été cliblée par les filiales mauriciennes de Devas Multimedia qui sont toujours bien déterminés à obtenir USD 1,3 milliards en compensation d’un défaut du gouvernement indien à honorer une transaction au sujet d’un satellite de communication.
Qui est Ilker Ayci ?
Ayci a pris la présidence de Turkish Airlines en 2015. Sous sa direction, la compagnie aérienne est devenue un méga transporteur reliant 328 destinations dans 128 pays avec une flotte de 373 avions. En comparaison, en 2014, la compagnie assurait le service vers 261 destinations dans 108 pays avec une flotte de 261 avions. C’est aussi sous le mandat d’Ayci que la compagnie aérienne a procédé à son grand déménagement vers le nouvel aéroport d’Istanbul, en même temps qu’elle officialisait les commandes d’avions gros-porteurs et marquait la croissance des activités de fret.
Diplômé du Département de sciences politiques et d’administration publique, Ayci appartient à la promotion de 1994 de l’Université Bilkent. Un an plus tard, il poursuivait ses études avec un séjour de recherche en sciences politiques à l’Université de Leeds au Royaume-Uni. Il a terminé sa maîtrise en relations internationales de l’Université Marmara à Istanbul en 1997 (entamée en 1995). Ilker Ayci est marié à l’avocate et présentatrice d’émissions sportives Tugce Saatman Ayci. Il parle couramment le turc, l’anglais… et le russe !