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Victor Ramahatra, ancien Premier ministre sous Didier Ratsiraka, également inculpé
Deux Français arrêtés à Madagascar, Philippe François et Paul Rafanoharana, ont été présentés à un juge mercredi, qui a décidé de leur détention et les a inculpés dans l’affaire présumée de projet de coup d’État. Ils sont incarcérés dans une prison de haute sécurité de Tsiafahy.
Les deux ressortissants Français ont été déférés devant un juge à l’issue de 15 jours de garde à vue. Aucune source officielle judiciaire n’a révélé les noms des inculpés ni les charges retenues contre elles. Mais Taratra, un site d’informations sous tutelle du ministère de la Communication, a publié les noms sous forme abrégée ou d’initiales. Ce serait en raison de l’appel dimanche de la procureure générale Berthine Razafiarivony à respecter le secret de l’instruction et la présomption d’innocence.
Indocile tient toutefois l’identité des Français de source sûre. Les deux Français sont Philippe Marc François – un militaire qui aurait grade de colonel – et Paul Rafanoharana, un Franco-Malgache qui est consultant de Madagascar Oil. Ont aussi été auditionnés : Aina Razafindrakoto, l’associé des deux Français dans le fonds d’investissement Tsarafirst, et Victor Ramahatra, ancien Premier ministre sous Didier Ratsiraka, également consultant de l’entreprise Madagascar Oil.
Les deux Français sont incarcérés à la prison de Tsiafahy, la prison de haute sécurité du pays, située dans la capitale. Victor Ramahatra est détenu à celle d’Imerintsiatosika. Selon une autre de nos sources, les épouses des deux Français ont été envoyées en résidence surveillée à Manjakamadiana.
Conseillers financiers aux parcours militaires
Victor Ramahatra est passé devant le premier substitut du procureur. Il été inculpé pour atteinte à la sureté de l’État, complot pour élimination physique du chef de l’État et association de malfaiteurs.
Selon les informations qui nous parviennent, Paul Rafanoharana est originaire de Madagascar. Après de brillantes études en France, ce diplômé de Saint-Cyr a été l’adjoint du commandant d’un escadron de gendarmerie à Rouen de 1988 à 1991, avant de devenir le responsable du budget de fonctionnement de la gendarmerie nationale française de 1991 à 1994. Revenu sur la Grande île à partir de 2012, le consultant de Madagascar est également conseiller du Groupe Benchmark Advantage et de l’archevêque de Tana.
A l’issue de l’audience, Me Etienne de Villepin, avocat Français de Philippe Francois, déclarait aux journalistes : « On ne connaît pas la motivation de cette décision ». Pour Me Willy Razafinjatovo, l’avocat du franco-malgache Paul Rafanoharana et de son épouse, la juge « qui instruit l’affaire est une personne intègre et indépendante ». Aux journalistes présents devant le palais de justice, il affirme que ses clients avaient pu « répondre aux questions en toute liberté ».
Me Willy Razafinjatovo a précisé que le couple était inculpé pour atteinte à la sûreté de l’État, complot pour élimination physique du président de la République et association de malfaiteurs. « Nous souhaitons que l’instruction se poursuive ainsi, sans pressions extérieures au tribunal », a-t-il encore ajouté aux journalistes, leur révélant son souhait que le procès soit télévisé.
En tout 21 personnes ont été présentées à la juge d’instruction mercredi au palais de justice d’Antananarivo. A l’issue de cette longue audition, onze personnes ont été incarcérées dans la foulée, selon le site Taratra.